Juliette Winters

Le 10 avril 1980 est le jour où la famille Hendricks s’est agrandie pour la troisième fois. Une fille… UNE FILLE… Mon père a vu en moi une bouche inutile à nourrir et ma mère une rivale. Je n’ai jamais compris pourquoi elle a fait naitre ce sentiment de rivalité, mais bon, je ne suis pas elle. Tout ce que je sais c’est que sa peur de perdre l’amour de l’amour de sa vie n’a été qu’une simple peur. Mon père n’a jamais voulu de fille et encore aujourd’hui il me le fait ressentir. En revanche, j’ai trouvé en mes frères ainés des amis, des confidents, des pères…

Mon enfance s’est déroulée dans la normalité. Tant et aussi longtemps que mes notes étaient plus que satisfaisantes, le reste ne comptait pas. Je me suis donc forcée pour obtenir des A partout en espérant qu’au contraire, cela ferait en sorte qu’il me remarque, mais non, il ne m’a juste pas remonté les bretelles parce que je ne faisais pas honneur à la famille. Avec les années j’en suis venu à détester ce nom qui était mien et a détesté les Templiers pour le poids que cela imposait à la famille. Encore aujourd’hui, je les déteste. Comment faire autrement quand je sais qu’ils m’ont pris tous mes rêves ?

Je voulais devenir vétérinaire quand j’étais petite. J’adore les animaux, tous les animaux sans exception. Pourtant j’ai opté pour un diplôme en ressources humaines. Un choix accepté par mon paternel. Le con, il a cru que j’allais me joindre à lui dans son entreprise… Le pire c’est que je le croyais aussi, mais en me forçant d’épouser Edouard Winters senior, il s’est lui-même tiré une balle dans le pied. Mon époux, qui a 10 ans de plus que moi, a choisi de contrôler ma vie à sa façon, coupant lui-même le cordon me retenant à mon père. M Winters, un avocat respecté et respectable, est devenu le gardien de ma prison le jour de notre mariage, j’avais à peine 18 ans.

Adieu mes amies d’enfance… Adieu les cours de dessin donné aux enfants, activité bénévole qui me donnait une raison de vivre… Adieu les cours de chant puisqu’il s’agit d’une perte de temps et d’argent. Il m’a laissé finir mes études, il m’a même permis d’aller chercher un doctorat en ressources humaines. Tout cela en travaillant et en élevant notre fils. Aucun temps libre. Prise dans un étau de plus en plus serré, il ne sait pas c’est que sa volonté de faire de moi sa marionnette m’a permis de trouver un nouveau passe-temps. Je baise… C’est bien non ? Quand je le peux, à l’hôpital, je baise. Que ce soit avec des collègues ou avec un amant retrouver après de longues années, je baise. Oui, je dessine aussi, mais ce fait n’a pas d’importance si je compare.

Je me rebelle comme je peux, qui fait vivre l’enfer dans l’ombre. Mon amant est lui aussi un templier et les deux hommes se croisent régulièrement. Sans le savoir, mon époux serre la main de son rival en souriant. Une douce vengeance pour cette vie de merde qui est la mienne. Le jour où il se rendra compte que de contrôle tous les aspects de ma vie sont néfastes tant pour lui que pour moi peut-être qu’il lâchera prise ? Peut-être ? Que fait-il de si terrible ? Mon salaire est déposé dans son compte bancaire. Ma carte de crédit est à son nom. Je dois demander à chaque fois pour l’utiliser et si c’est non… c’est non… Ma voiture est à son nom. La maison est à son nom. Je ne peux rien faire sans son approbation. Il n’est pas violent physiquement, mais pour le reste… L’hôpital est le seul endroit où il n’a pas d’emprise. Enfin j’espère… Si j’exclus le fait qu’il est de mon devoir de surveiller les employés et de m’assurer que ceux et celles qui en voient trop soient éliminés. À part cela… S’il peut crever, que je puisse enfin passer a autre chose.