Amy Bishops

Je ne suis pas née dans la mauvaise famille, ce genre de phrase débile c’est pour ceux et celles qui n’assument pas. J’assume. J’ai eu le père qu’il me fallait, soit un homme absent, plus préoccupé par les apparences et l’atteinte de ces ambitions que de voir au bonheur de sa famille. Il est Templier, ça explique. Ma mère, femme au foyer qui s’est ennuyé à mourir depuis le jour de leur mariage, c’est défoulé tous les jours en faisant péter la carte de crédit de mon père en vêtements, soins de la peau et j’en passe.

J’étais un accident et ils ont agi envers moi comme l’accident que je suis. Aujourd’hui on se parle à Noël, parfois et encore. Ça va, je ne suis pas frustrée, ils font ce qu’ils veulent et je fais ce que je veux. D’ailleurs, je dois avouer que je fais ce que je veux depuis très très très très longtemps. Je voulais prendre la voiture pour aller voir les copains ? Je prenais la voiture pour aller voir les copains, même à l’âge de 14 ans. Un petit verre de Whisky a la mi-journée ? Pourquoi pas ? Avoir 11 ans à ce moment-là, ce n’est qu’un détail insignifiant. Je me suis assagie, bien sûr. Quand on fait nos conneries d’adolescente dès l’âge de 10 ans, on a vite fait le tour. Mes parents vous diraient que je me suis rebellée afin d’attirer leur attention et moi je dis merde, ne les écoutez pas ils sont cons.

Pour ce qui est de mon enfance, en règle générale je dirais que c’était bien. Les nounous se sont enchainées. Certaines ne pouvaient tout simplement pas me supporter alors que les autres, une fois après avoir été baisée par mon père assez longtemps pour qu’il les trouve fades, elles disparaissaient. Je me souviens de trois d’entre elles. Jacynda, une grande maman pleine de bonté et de patience. Elle est celle qui m’a montré à cuisiner. Il y a eu Daniella aussi, une femme pas trop jolie, mais sans elle je ne serai pas ou je suis aujourd’hui. Étant petite, voyant que je m’emmerdais à n’en crever, elle m’a offert mon premier jeu de bloc lego. Non, ne riez pas, les lego ont sauvé ma vie. Grâce à eux j’ai développé mon amour des prototypes, de la construction et ainsi de suite. Après ce sixième anniversaire, ma chambre a pris l’apparence de la grotte d’Alibaba du lego. La dernière et non la moindre… Katerine. Je ne vous raconterai pas ce qu’elle m’a donné comme compétence, mais je ne suis pas dans l’industrie du sexe pour rien. Non non, il n’y a pas eu de relations entre nous de quelques manières que ce soit, non, mais disons que j’ai regardé la dame se faire baiser par ces petits copains de nombreuses fois sur le canapé du salon. Ça et la danse. Le lien ? Aucun sauf le fait que cette Katerine aimait danser et qu’elle a gentiment propagé le virus. Entre les lego et les cours de danse, j’ai eu une enfance bien remplie. J’ai même essayé de danser pour gagner ma vie, mais le faire nue pour des hommes bavant leur vie à mes pieds, j’ai vite démissionner.

L’école maintenant ? Que dire de cet endroit où les règles idiotes s’accumulent ? Des cours de langues… vous voulez que j’en fasse quoi ? Des cours de littérature… Hein ? De la chimie ? De la biologie ? Donner moi des maths du dessin et laisser moi choisir ce que me plait à moi comme chaque élève devrait pouvoir choisir ce qui le motive non ? Comme ça on resterait assis sur les bancs d’école plus longtemps. Bref, mon opinion, ils s’en moquent même si je ne me suis pas gênée pour le leur dire à de nombreuses reprises. J’ai tout de même eu des notes potables afin de sauver les apparences.

L’amitié ? L’amour ? Je connais la définition théorique de ces deux mots-là, mais en pratique ce n’est pas aussi évident. J’ai aimé par le passé, quelques fois, et j’ai eu le cœur brisé comme n’importe quelle conne trop aveugle pour voir que le mec ce n’était pas un mec bien. J’ai des amis aussi, il y a autant d’hommes que de femmes. Des relations où il n’y a eu aucune relation corporelle, soit des relations où l’on n’a jamais baisé. Toutefois, en ce qui me concerne, je préfère jouer entre les deux. Je baise des amis, j’envoie des vidéos de chats amusants à mes amoureux, vous voyez le genre ? Je n’aime pas faire entrer une relation dans une case bien précise comme je n’aime pas non plus me faire dire qu’on ne peut pas jouir d’une amitié avec un homme sans avoir de pensées cochonnes parce que dans mon cas, j’ai des arrière-pensées avec les femmes également.

Le pire dans toute cette histoire, mon histoire, c’est que je n’ai eu aucun remords à quitter New York pour Los Angeles à l’âge de 19 ans. Mon paternel, pour les apparences, m’a offert un superbe condo situé a distance de marche de l’université. Sa gentillesse me surprendra toujours… On ne laisse pas tomber les membres de sa famille chez les Templier y parait. Oui, OK, mais moi la famille que je vais choisir de ne pas laisser tomber ne serai pas celle dans laquelle je suis née.

Une fois à L.A. j’ai fait un bac en ingénierie de design industriel et une maitrise en génie des matériaux. On est loin des blocs lego, je sais, mais ce n’est pas de ma faute si mes gouts se sont bonifiés avec les années, mes gouts et mes valeurs. En ce moment j’hésite entre travaillez ou travaillez et aller faire un doctorat. J’aimerais changer le monde et rien de moins. J’aimerais aller en recherche et mettre au point de nouveaux matériaux. Je les veux plus solides, plus durables et plus écologiques parce que ça aussi ça me tient à cœur. La planète se meurt et les gens ils font quoi ? À part polluer plus ? Consommez plus ? Faire chier plus ? Aucune idée, mais ce que je sais, c’est qu’ils n’essaient pas de sauver ce qui peut être sauvé. Vous voulez savoir si je suis une écolo extrémiste qui vendrait son âme pour sauver une simple plante verte? Non, je ne suis pas débile non plus, mais je manifeste quand c’est le temps et il m’est même arrivé d’aller sauver des dindons d’une usine d’abattages il y a quelques années. Je suis une végétarienne qui peut faire chier solide si vous manger un énorme steak devant elle, mais bon, au pire, ne m’invitez pas.

Il y a 6 ans, alors que l’on devait construire un projet de notre choix de A à Z pour un travail de session à l’université, moi j’ai choisi un projet de jouet pour femme pour ne pas dire un dildo. Je venais de me faire plaquer par un dieu grec pas avec un cerveau plus petit qu’un petit pois et par frustration, je me suis dit que ce serait une bonne idée. J’ai non seulement eu un A+, mais on m’a offert un job dans l’une des quelques boites spécialisées en jouet pour adulte. Salaire merdique, mais c’était plutôt enrichissant de les tester. Bah quoi ? J’aurais aimé les tester sur moi, mais puisque je ne travaillais que sur des jouets pour homme, je me suis rabattu sur des cobayes.

Il y a un peu plus de 2 ans, sois lors de ma dernière année de maitrise, une femme répondant au nom de Rosie a pris contact avec moi afin que je travaille pour elle sur des prototypes sexuels, mais cette fois pour les femmes. Pourquoi moi je lui ai demandé ? Un truc comme quoi j’étais la seule femme en génie de design à avoir en poche, ou presque, une maitrise en génie des matériaux et bla bla bla. De plus, elle a ajouté que Satine était orienté vers le plaisir des femmes et que j’étais la femme pour l’emploi. Ce n’était pas dit dans ces termes-là bien sûr, mais elle m’a offert un salaire alléchant que je n’ai pas pu refuser. J’ai bossé pour elle à partir de L.A. afin de pouvoir terminer ma maitrise et parce que j’avais la trouille de déménager.

J’ai finalement décidé, il y a 4 mois, de déménager à San Diego. Mon condo a été mis à vendre et avec cette somme j’ai pu acheter un duplex commercial. J’utilise le bas et je vis en haut, le meilleur des deux mondes. Rosie m’a offert un emploi à temps plein et encore là, je ne pouvais pas dire non. J’ai même postuler à l’université de San Diego en recherche afin de donner un coup de main, j’attends une réponse, ça devrait entrer bientôt.

Il y a plein de choses qui arriveront bientôt que je ne sais pas encore d’ailleurs. Revoir Jay fait partie de cette liste. Jay… Outre le fait que l’on sera des collègues, non, ça s’est déjà fait, mais je n’en savais rien. On s’est rencontrés à L.A. il y a 4 ans ? Presque 5 ? J’étais en dernière année et c’était lors d’une fête… ouais, il y a 5 ans. Non seulement ce mec baise comme un dieu, non seulement il est beau et a tout ce qu’il faut a la bonne place, mais en plus il a un cerveau. Non, mais, sans déconner, il me traitait bien en dehors du lit malgré ces airs de démon réincarner avec ces tous les tatouages qui s’accumulaient sur sa peau. Un sex friend que je recroiserais n’importe quand, n’importe où, n’importe comment.