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 Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas

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Eric Arroyo
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MessageSujet: Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas   Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas EmptyDim 5 Mar - 12:55

8 Février 2023 - Windansea Beach

J'avais l'impression d'être un condamné, enfermé dans une cellule étriquée, n'ayant vu la lumière du jour autrement qu'au travers des barreaux d'une prison qui m'était de chaire, percevant les nuages et quelques indicibles rayons qui parfois s'invitaient au travers des interstices qui m'étaient accordés. Comme un putain d'humain en cage qui observait là, au loin, les contours de sa liberté qu'une simple main tendue pourrait cueillir sans pour autant parvenir au moindre mouvement. Elle était là, ma punition, depuis des jours, des semaines, des mois, j'en avais perdu la notion du temps qui s'étirait comme le fil d'un chewing-gum des heures durant mâchouillé sans jamais se briser. C'était le matin. Un de ces jours ordinaires pour le tout commun de San Diego, le même cycle qui recommençait dans son immuable perpétualité. Et moi en misérable moucheron écrasé sur un pare-brise, balayé par des patins dans la plus grande des indifférences tandis qu'il rêvait avoir jadis été le plus incroyable des aigles. Un prix à payer d'une inouïe injustice que je n'avais pas réussi à souhaiter à aucun de mes adversaires même dans mes plus arrogantes périodes. Dieu, le monde, ou le plus cruel des hommes, quelqu'un avait condamné ma vie accomplie.

Ma tempe se balançait au rythme des vibrations du moteur sur la surface glacée de la vitre, mon regard s'élevant vers les cieux au travers de mes lunettes de soleil. J'ignorais encore si cette décision prise eut vraiment été une bonne idée, quelques angoisses vrillant mes tripes bien vicieusement, pourtant je savais ne vouloir pour rien au monde revenir sur celle-ci par les sensations que ce voyage me procura. La route aurait été d'ordinaire moins longue du domaine jusque notre destination, mais je lui avais demandé de faire un détour sur le freeway qui tranchait San Diego de part en part. Assis sur le siège passager, j'en vins à fermer les yeux, inhalant l’allure de mon corps soutenu par la puissance de la Jeep Compas, jusqu'à ce que ses limites m'invitent à quelques frustrations. Alors je portai ma senestre vers l'espace conducteur, passant entre l'accoudoir central et le levier de vitesse pour venir me poser sur sa cuisse, d'un effleurement seulement au début, tandis que ma main large s'imposait assez facilement sur la taille de sa jambe avant d'y appliquer une pression progressive. J'avais reporté d'un même temps l'éclat vert de mes yeux éclairés par le soleil dans sa direction, abaissant mon visage pour l'observer par le dessus de la monture, mes lèvres dessinant un subtil rictus qui invitait à la complicité, pendant que je profitais du touché de son épiderme nu sous la sensation de mes phalanges pour y accomplir quelques caresses.

« Vas-y, appuis encore. » Avais-je soufflé d'un rauque léger en escortant mes mots d'un mouvement vers son genou pour guider la démarche que je souhaitais qu'elle entreprenne.

On roulait déjà à la limite imposée, mais j'avais ce sentiment de trop peu et vouloir plus encore, d'un manque qui se manifesta dans les électrisations de mon échine. Ça n'aurait sans doute rien à voir avec les sensations que j'avais jadis éprouvé sur les circuits, rien à voir avec l'adrénaline que mon corps s'injectait copieusement quand ma carlingue frôlait celle d'un autre à plus de trois cents kilomètres à l'heure, mais je pensais que mon âme tout entière avait bien trop enduré ces presque deux années d'immobilité totale pour se contenter d'une simple règlementation. L'aiguille du compteur monta, lentement, mais déjà, la perception d'accélération me procura quelques extases. Je reportai par la suite mon regard au devant, par delà le pare-brise où défilaient les véhicules que nous doublions généreusement, jusqu'à ce qu'un trouble indicible ne me gagne, mon esprit venant s'échouer au point culminant de ce mois de mars 2021, là où ma vie s'était jouée. Ma mémoire se raviva de quelques flashs vertigineux, les uns s'enchainant derrière les autres sans la moindre foutue cohérence, vacillant entre les odeurs, les éclats et la souffrance. Par effet de cause, ma main se crispa presque brusquement, sans doute un peu trop vivement pour ne pas avoir infligé une sensible douleur, avant que je ne l'en retire de sa position perchée sur sa cuisse, comme brûlé par son contact.

« Ça ira. » Avais-je fini par prononcer, répondant à sa probable inquiétude qui aurait très bien pu être autant verbale que silencieuse, le coude de mon bras droit s'échouant sur la hauteur de la portière et mon visage se plongeant dans ma dextre en espérant me débarrasser de ces sensations qui me donnaient la nausée.

Mes doigts pressèrent mes globes oculaires et l'arrête de mon nez qu'ils pincèrent pour en éprouver les tensions de mes sinus, marquant ma respiration d'un souffle accentué et plus intense qu'ordinaire. Je détestai ça. Ce sentiment qui me faisait sournoisement comprendre que plus rien, plus jamais rien ne serait alors comme avant. J'étais un battant oui, un champion, et j'avais gouverné mon monde de la même manière qu’un Roi indéfectible, mais désormais chu de mon trône dans les profondeurs abyssales d'un gouffre sans fond. La volonté humaine avait beau être incroyable, elle n'outrepassait jamais les lois de la physique. Je n'étais pas sûr d'avoir envie de continuer à affronter ces méandres nébuleux, ces réminiscences douloureuses. Je voulais m'échapper et je ne connaissais qu'une seule chose qui était capable de me faire sortir de mon corps, et une seule personne qui pourrait me la fournir. Mes vieux démons me rappelaient quand bien même ma chair n'en éprouvait aucun manque, ce fut davantage mon esprit qui criait à sa libération.

Je lui indiquai rapidement de rejoindre notre destination. Mes appréhensions se calmèrent au relâchement de la pédale, et bientôt, un long silence s'installa uniquement escorté par le ronronnement paisible du moteur. Désormais directif, le capot s'aligna en direction de Windansea Beach. La météo n'était pas à la baignade, aussi doux que notre hiver était sur la côté Californienne. J'en avais tant apprécié la chaleur qu'il m'était presque impossible de me plonger dans une eau froide dorénavant, mais qu'importait. Ce n'était pas pour cela que j'avais choisi cette destination, mais bien pour l'évasion qu'un tel spectacle arriverait à me procurer. Un voyage de substitution en attendant le véritable départ. Une attèle. Bientôt, le parfum de l'océan salin gagna mes narines et j'en récupérais un apaisement serein. Autrefois, elle et moi adorions nous y retrouver, à l'écart coincé entre deux rochers, quand le temps n'était pas au tourisme, mais seulement au divertissement de quelques surfeurs venu affronter le déchirement des eaux. Atteindre le sable ne serait pas une partie de plaisir, mais je refusais, maintenant que j'y étais, que mes incapacités ne me gâcher cette sortie. C'était notre nouveau départ, notre dernière chance, une envie furieuse issue d'un passé gâché, tout droit venu du cœur.

Romy Diaz
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MessageSujet: Re: Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas   Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas EmptyJeu 9 Mar - 21:20


Je ne sais pas ce qui l'a poussé à accepter de me suivre finalement ? Ces derniers jours sont aussi lumineux que flous dans mon esprit. Je crois qu'on a réussi à faire une sorte de revival un peu fou de notre histoire sur un temps plus que condensé. Entre la joie des retrouvailles, la violence de l'engueulade qui m'a poussée à claquer la porte, la façon qu'il a trouvé pour me faire revenir... Il y'a de quoi être un peu paumée. Même si il ne m'a pas vraiment habituée à moins fou, je dois l'avouer. Gagner ma voiture a nécessité un peu d'aide mais a créé moins de résistance que ce que je pensais. J'ai évidemment écopé d'un regard étonné de David. Pas surpris de me trouver là, je crois que rien ne lui échappe dans cette maison et ma rencontre avec l'infirmière a été quelque peu mouvementée, elle n'a pas du s'en cacher. Non je crois que ce qui lui fait lever un sourcil c'est ma tenue. Une chemise d'Eric pour tout vêtement, j'ai essayé d'en faire quelque chose en resserrant la taille avec une ceinture, mais en association avec mes converses ça reste un mélange étonnant.  

Je m'installe au volant et il écope d'un petit sourire. J'attends une vanne qui bizarrement ne vient pas et je fronce un peu le nez, une moue dubitative venant étirer mes lippes. Je me sens perdue, parce que tous mes repères sont un peu bouleversés, parce qu'il est par moments si sombre qu'il semble être un gouffre insondable. Je le connais, plutôt bien, même je pense, pourtant je suis assez incapable de faire le point sur ce qu'il peut ressentir. Le monde a continué de tourner, alors qu'il était cloué dans un lit et même s'il est réveillé maintenant, il n'a pas encore complètement récupéré. Pour un homme de son caractère, je me rends bien compte que c'est douloureux, sans mesurer à quel point sans doute... Parce que je suis simplement heureuse de le retrouver, heureuse qu'il ait réussi à traverser ça et à nous revenir !

Nous... quelques SMS récemment envoyés me reviennent en mémoire et j'entrouvre les lèvres pour lui en parler. Je n'ai pas le temps d'aller au bout de mon intention que sa main se pose sur ma peau et me fait oublier. Un délicat frisson et je coule un regard vers lui. Je ne peux que sourire, quand il me regarde ainsi, m'enjoignant du geste autant que des mots à accélérer. Même le souffle rauque de sa voix est irrésistible. Je roule déjà à la limite maximale, pourtant je me laisse aller à la pression de ses doigts et enfonce très lentement l'accélérateur. Le moteur chante et on ne tarde pas à prendre de la vitesse. Sans doute peu à ses yeux, c'est un peu différent aux miens et je suis concentrée sur l'asphalte, tout en restant globalement détendue, veillant même à éviter de me crisper. Je double, on avale les bornes et je dois avouer que c'est foutrement grisant. Manquerait plus que je me fasse arrêter, à demi nue dans ma jeep, alors que j'ai clairement annoncé à mon boss que je faisais l'école buissonnière aujourd'hui...

Cette pensée me tire un frémissement des lèvres, pas un rire, mais un ersatz, tout proche. Sa main se resserre sur ma cuisse, plutôt brutalement et je lâche un cri de douleur tout en récupérant une embardée qui me fait courir un putain de frisson le long de la colonne. Je viens de me faire peur et puis je réalise... que je viens probablement de le replonger sans le vouloir dans les souvenirs de ce jour là. Je l'attendais comme une conne au restaurant, pendant qu'il était transporté en urgence à l'hôpital. Je ne sais plus moi même si je loue ou si je maudis Rebecca Crum. Aurait elle eu le culot de le sortir de la voiture pour masquer les traces de son sabotage? Pas le moment d'y penser Romy, putain. Sauf que ça m'obsède, sans que je n'y puisse rien. Ne pas avoir le fin mot de l'histoire n'est pas une option. Le voir ainsi, cet air torturé, sa main qui appuie sur ses yeux comme pour ne plus jamais voir... ça me fait mal.

Sa main quitte ma peau, y laissant la marque cuisante de ses doigts, j'aurais surement un hématome, je m'en fous. Un soupir et je tourne la tête le temps de lui lancer un nouveau regard. Je suis inquiète, malgré ce qu'il peut me dire. Parce que je sais ce qu'on traverse dans le cadre d'un stress post-traumatique. Dans ces débuts en tout cas. Je l'ai observé, chez certains collègues, expérimenté moi même à minima. L'horreur qui remonte, les images, les émotions, même les odeurs... C'est ça le pire, à mes yeux. Les réminiscences olfactives qui vous prennent à la gorge et menacent de vous étouffer. J'aimerais trouver les bons mots, alléger un peu le poids qui semble l'écraser mais... je sais qu'il n'acceptera pas cette aide, parce qu'il a besoin d'avoir un peu de contrôle? Pas sure que ce soit de cet ordre là... Mais il est fier, il l'a toujours été, alors accepter de l'aide c'est pas dans sa nature, la mienne sans doute moins encore? Difficile à dire. Ce que je peux faire de mieux c'est de ne pas en faire trop, de le laisser vivre les choses à son rythme, quand bien même j'ai déjà envie de le voir courir, alors qu'il ne peut pas encore marcher sans milles précautions et aides. Le laisser vivre les choses à son rythme tout en étant là ! Je soupire, serrant un instant mes cuisses entre elles alors que j'ai déjà très nettement relâchée la pression infligée à l'accélérateur. Je prends la direction de Windansea Beach, sans que le silence dans l'habitacle, ne parvienne à apaiser mes nerfs érodés par l'angoisse. Je pénètre dans le quartier résidentiel et ultra luxueux pour ressortir tout près de l'eau, par une toute petite rue. Juste sur les hauteurs de la plage, mais surtout à proximité d'un petit parking un peu en retrait, qu'on connaît bien tous les deux. Il faut dire qu'il a été le témoin de quelques retrouvailles ardentes.

Un sourire en y pensant et on quitte l'habitacle feutré pour aller s'installer sur le sable. L'odeur saline sature l'air et je crois que ça m'apaise, ça et le claquement du vent dans mes cheveux. Je récupère un sac dans le coffre, en bonne californienne j'ai toujours le nécessaire pour me poser sur la plage. Pas besoin de milles choses au fond, juste de quoi s'allonger et se sécher en cas de baignade intempestive. Alors qu'on progresse j'ai un regard attendri pour certains rencognements de rochers. Etendre le nécessaire ne me prend pas longtemps et je m'installe rapidement, assise. Je retire mes baskets et je joins mes pieds devant moi en un cercle quasi parfait. Je me moque bien de la façon dont ça découvre mes jambes, au contraire j'aime quand l'éclat de jade de ses yeux les accroche. La façon qu'il a de me regarder me plaît, ça n'a rien de nouveau. Même quand on s'engueule, quand on s'envoie des vacheries ou qu'on s'affronte plus violemment, il y'a dans son regard quelque chose d'envoutant. Je me perds dans sa contemplation le temps qu'il se trouve lui aussi installé et je viens naturellement me lover. Tout près, la tête reposant sur son torse, levant le visage pour embrasser son cou avant de me refondre doucement. -"J'ai reçu des messages de Franky. Il a essayé de te rendre visite et ils l'ont refoulé à l'entrée, il est tout affolé, tout en étant convaincu que tu es réveillé." Je ne suis pas certaine qu'évoquer Frank soit idéal dans le moment, surtout pas après... enfin bref, j'ai promis que j'en parlerais, je le fais. -"Il a été très présent... autour de toi. Je ne sais pas si tes parents te l'ont dit." Je ne sais pas non plus si Isaac a enfin trouvé le chemin de cette foutue chambre et si il lui a parlé de son pétage de plombs post accident? Frank a pris cher... il le méritait, j'en reste convaincue, mais il a vraiment pris le tarif. Tant d'inconnues... Je soupire et me redresse sur un coude, finalement désireuse de croiser son regard, même dissimulé sous ses lunettes noires.
 
@Eric Arroyo  @"Ilyas Ricci"
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MessageSujet: Re: Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas   Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas EmptyDim 23 Avr - 23:07

Il est beaucoup trop tôt pour sortir de chez soi, en tout cas selon moi. Le hic, c’est que le sommeil a tendance à me fuir. Loin d’être un modèle de stabilité ou de tranquillité, je m’en tirais plutôt pas mal jusque-là. Jusqu’à ce que Yaël reparte sur les circuits de la Nascar. L’appartement devenu brusquement trop petit pour contenir ma morosité, j’ai cédé au regard suppliant du chien. Les mains enfoncées dans les poches d’un jogging, je suis le rythme d’Oeil-De-Nuit, bien trop ravi de pouvoir aboyer contre les vagues avant de se jeter dedans. Lui, il s'éclate. Moi, j'accuse les effets dévastateur du manque. C’est clairement le problème avec la drogue, de quelque nature qu’elle soit. Dès lors que l’organisme s’en trouve privé, il entre en souffrance. Les couleurs s'affadissent, l’air ambiant devient pesant. Je me ramasse dans la gueule tout ce que j’ai sciemment mis de côté.

À défaut de me jeter, à corps perdu, dans mes vieux travers, j’opte pour l’abrutissement par le boulot. Mieux vaut ça qu’autre chose. Au moins, j’évite plus ou moins les emmerdes. Quand elles ne viennent pas à moi. À une dizaine de mètres de moi, je capte un petit couple en pleine séance de mièvrerie. Je pourrais en avoir un haut le cœur si la tronche du mec ne venait pas titiller ma mémoire. Je l’ai déjà vu quelque part, c’est certain…. Oh bordel ? J’en lâche le bout de bois, au grand plaisir du chien qui gambade joyeusement en se tirant aussi loin que possible, l’air de me narguer. Ce mec, c’est Eric Arroyo aka l’ancien chef de file de l’écurie de connards friqués. J’en mettrais ma main à couper ! Aux dernières nouvelles, il n'était pas franchement en état de se déplacer, rapport à son abonnement au club des comateux longue durée. Qu'est-ce qu'il fout sur la plage, en compagnie d’une petite brune particulièrement agréable à regarder ? Je vois qu'il ne se refuse rien. Ceci dit, elle a peut-être d’incroyables compétences en jardinage, cette miss. Ou peut-être un talent fou pour jouer les plantes vertes, qu'est-ce que j'en sais ?

À quelques mètres d’eux, je feins de filmer le chien quand, en réalité, j’enchaîne les clichés de mauvaise qualité. Les photos sont aussitôt envoyées sur ma boîte mail professionnelle, par mesure de précaution. Elles ne sont peut-être pas suffisamment claires, n’empêche qu’elles pourraient quand même me rapporter une somme rondelette. En tout cas, si j’étais un putain de charognard de paparazzi. Ce n'est pas ce genre de scandale qui m'anime.

Je joue de ma maladresse. J’envoie, par mégarde, un bâton allègrement mâchouillé, au bord de leur petit nid d’amour. La bestiole mouchetée se jette sur sa cible, la récupère dans sa gueule, s’ébroue sous leur nez en grognant. Le temps de quelques secondes, il a presque l’air féroce. Puis, il s’assoit en quémandant silencieusement des caresses. - Pardon ! Pardon ! Désolé ! Mon cul, ouai ! J’affiche un sourire en m’approchant, mon téléphone toujours dans la main. - J’espère qu’il vous a pas dérangé. Il est pas encore au point sur les règles de savoir-vivre. Savoir mentir, ça ne s’oublie pas. Je penche la tête sur le côté, feignant de tiquer sur le visage du mec. - On se connaît, non ? J’ignore dans quelle mesure il s’est mis à jour sur la presse, ces derniers temps. Ceci dit, cela fait déjà quelques mots que la rubrique potin a fait chou gras du coming out de Yaël. Je mise sur le fait que l’information leur soit passée au-dessus. Je coule une œillade en direction de la Barbie brune. - Il est connu, ton mec, non ? C’est quoi, son sale petit secret ? En dehors du fait qu’il donne l’impression d’avoir été passé sous un rouleau compresseur et de galérer à se déplacer. Depuis quand a-t-il quitté le level légume pour devenir un vrai petit garçon ? Pourquoi personne n’en a encore parlé ? C’est quoi le bail ? Cette histoire pue la cachotterie à plein nez. Mon sourire s'élargit. Il passera sans doute pour de l'excitation à l'idée de croiser une personnalité. Sauf que ce n'est pas exactement cela. Je me sens revigoré, exalté par la perspective d'aller creuser autour des non-dits. Il y a, là-dedans, quelque chose qui m'échappe. Alors, je guette, sur leurs visages, la plus petite trace d'émotion.
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MessageSujet: Re: Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas   Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas EmptyDim 4 Juin - 19:44

8 Février 2023 - Windansea Beach

Si l'approche avait suffi à faire taire mes appréhensions, je voyais désormais naitre en moi un sentiment de calme serein, comme si le ressac des vagues qui s'écrasaient sur la plage agrippait toutes mes aigreurs pour les distiller dans le sel de l'océan. Nous étions encore bien loin des températures estivales, le soleil qui régnait pourtant au beau fixe se faisait encore parfois timide derrière quelques nuages, ressemblant davantage à quelques voiles vaporeux qu'à une réelle densité annonciatrice de morosité. Non, en vérité, le jour était aussi idéal que la compagnie qui se faisait mienne à mes côtés, et je me laissai finalement aller avec un peu plus d'ataraxie. Je m'éveillais à nouveau en même temps que mes sens, du toucher du sable sous mes pieds à ce parfum chargé d'ozone et d'iode qui me replongea dans quelques souvenirs prégnants et pas parmi les plus malheureux, bien loin de là. Les jambes étendues couvertes par ce jogging bien en dehors des frusques dont j'avais l'usage de porter auparavant, j'accueillis la présence de Romy comme cet unique trésor que la chance eût fini par me céder au travers de mes épreuves, à demi allongées, les coudes plantés dans le sol derrière moi qui me maintenaient le buste incliné. Je retrouva alors sa chaleur, la douceur de sa peau sous le passage de mes doigts flatteurs qui ne parvenaient à s'en tenir trop éloignés et la saveur de ses lèvres que je piégea encore entre les miennes voraces. Des années s'étaient écoulés d'une perspective ordinaire, mais si peu de mes relents mémoriels, que cela m'en laissa une impression des plus étranges. Je me revoyais faire le pied de grue devant le commissariat, espérant intercepter celle qui avait décidé de tourner la page, définitivement, escomptant lui faire comprendre que l'ultime chapitre qu'elle refusait pourtant de voir serait le plus bienheureux. Et sans même que je n'ai à jouer de force, alors que j'y avais préparé les armes, elle me l'accorda.

Je me laissai aller à quelques élans de tendresse, mes doigts courant sur la courbure de sa hanche, mon regard flottant sur le dessin de ses jambes dont la longueur me laissait toujours aussi transit, foutant au placard les ruminations qui m'avaient fait hésiter à entreprendre telle folie, et désormais dédié entièrement à elle. Ses mots finirent par figer mes ardeurs, me forçant à reculer le visage sans briser pour autant notre proximité, ma dextre sautant vers mes lunettes pour venir les abaisser jusqu'à l'extrémité de mon nez, et découvrant ainsi mes iris à l'intensité galvanisés par le soleil, et sans doute aussi par mon air volontairement sidéré. Dénudé de mes verres sombres qui par l'éclat du jour les révélaient comme deux miroirs, offrant l'angle du paysage en spectacle, je vins fixer par-dessus mes lunettes d'un air tout à fait sérieux les yeux de la demi-Mexicaine.

« T'as vraiment envie de me parler de Franky. Là ? Maintenant ? Tout de suite ? » Mon ton n'était pas vraiment agressif, pas vraiment dépité non plus. Je jouais davantage la comédie que n'en était véritablement offusqué, quand bien même mes mots portaient une nuance de vérité : je n'avais aucune envie de parler de lui. Pas avec elle, pas ici, pas après tout ça.

Je gardais peut-être un peu encore en travers cette vengeance opérée. J'avais vraiment morflé, complètement partagé entre ce sentiment de vive culpabilité et celle de l'incompréhension. C'était encore un sujet bien sensible qui aurait la puissance de m'inciter à gâcher cette sortie. Un petit bruit étouffé détourna mon regard, forçant mon buste après un certain effort, à se redresser tandis que j'en venais au constat de ce qui avait attiré mon attention, par l'incarnation d'un morceau de bois mâchouillé dont le propriétaire arrivait aussitôt à pleine charge s'en emparer, projetant dans sa glissade une vague de sable dorée sur nos jambes à moitié affalées. Une envolée de poussière qui n'en resta pas qu'à cette simple salve, le pelage de l'animal s'échinant à nous mitrailler lorsqu'il s'ébroua prestement, m'arrachant, cette fois-ci, plus qu'un grondement, mais une injure pestée à peine voilée. D'instinct, j'avais brandi mon bras sur mon flanc, protégeant le visage de la brune, détournant le mien d'un même temps avant d'en revenir à la bestiole, langue pendante et joueuse. Je n'avais pas patienté plus longtemps pour m'emparer de l'objet de son désir granuleux et collant de salive, avant de l'expédier aussi fort que mes maigres muscles me le permettaient ; un interminable travail de rééducation m'attendait encore.

« Dégage. » Avais-je pesté à l'adresse du chien en frottant mes deux mains l'une contre l'autre pour m'en libérer des agglomérats de silicates.

Mais avant même que je n'eusse le temps de partir à la recherche du propriétaire d'une observation périphérique, ce dernier se présenta à nous, brandissant ses excuses comme lance d'assaut, et m'arrachant un « Fais chier. » au passage.

J'avais prestement remonté mes lunettes, obstrué mon regard et tiré un peu plus sur la casquette qui clouait mon crâne, pourtant incapable de miser sur les probabilités. Si d'ordinaire je faisais mine de donner bien d'importance aux gens qui me reconnaissaient dans la rue, faisant leur chou gras pendant qu'ils s'occupaient de ma promotion sur les réseaux, je déchantai immédiatement cette fois-ci en grimaçant quelque peu. Je ne croyais guère aux coïncidences et n'avais d’habitude pas tendance à prêter ma vie sur le domaine du hasard et la chance, aussi j'abaissais le visage pour sortir du champ du téléphone que j'avais remarqué.

« Vous nous dérangez oui, toi et ton clebs. » Lançais-je alors que je me sentais bien incapable de m'échapper de cette situation. Hors de question que je donne spectacle de ma médiocrité.

Romy Diaz
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MessageSujet: Re: Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas   Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas EmptyDim 11 Juin - 19:03


Lovée contre lui, je me sens bien, étrangement à ma place. Nos retrouvailles ont été tout aussi mouvementées que l'ensemble de nos échanges. De la tendresse, de la rage, encore de la douceur... c'est un maelstrom dans lequel je plonge à chaque fois que je me trouve à proximité d'Eric. Coutumier mais je ne m'y habitue pas pour autant, sans doute parce que c'est bien trop fou pour qu'on puisse réellement s'y faire. Je n'ai pas envie d'évoquer Franky, mais j'ai promis, donc je me lance, assez convaincue pourtant que ce n'est pas une bonne idée. Sa crispation me le confirme rapidement, tout comme l'arrêt des reptations de ses doigts sur la peau de ma jambe. Sa main remonte, accroche ses lunettes et m'offre une plongée dans son regard alors qu'il s'offusque clairement de ce que je lui raconte. -"Non... je n'ai pas du tout envie de parler de lui." Parce que je sais où mène ce sujet.

On en a jamais vraiment parlé, mais ça a été surement la signature la plus absolue de nos discordes. Il ne me pardonnera sans doute jamais d'avoir agité ma relation avec son ami sous son nez. Comme je n'arriverais sans doute jamais à repenser sereinement à cette soirée... où je l'ai découvert en si douce compagnie. Oeil pour oeil... ça me semble presque futile désormais. Mais à ce moment là, j'avais besoin de me venger, besoin de lui faire aussi mal que ce qu'il venait de m'infliger. Petit ? Oui probablement, mais je ne me targue pas d'être un modèle de sagesse. J'ai d'autres qualités, je crois, mais à ce niveau clairement je suis capable du pire. -"Mais je lui ai promis de... de dire qu'il a envie de te voir et qu'il a besoin qu'on le laisse entrer. Il m'a demandé de lui donner des nouvelles." J'affiche une mine peu à l'aise, prenant une large inspiration avant de lui voler un baiser. Je sous entend que je ne dirais rien sans son accord, mais j'aimerais surtout qu'il en donne lui même. Je n'ai pas envie de garder contact avec Frank. -"Et ça sert à rien de me faire une tête pareille."

Ma mission est accomplie, j'aurais bien envie de dire "n'en parlons plus", mais ce serait sans doute le meilleur moyen de lui donner envie d'en débattre, par pur esprit de contradiction. Alors je me contente d'exprimer ma tendresse par des gestes plutôt que par les mots. Mon corps se fond contre le sien et je souris en le regardant. Il sait qu'on peut s'affronter des heures et des heures sans que j'accepte de céder un pouce de terrain, mais je ne suis pas sure qu'il ait envie de se lancer là dedans, pas aujourd'hui en tout cas. Alors que nous nous enlaçons sur la plage, notre moment de tendresse est brusquement interrompu par une mini tempête de sable. Eric en protège mon visage de son bras et je l'entends pester un "dégage", avant de me redresser pour contempler ce chien qui s'ébroue comme un fou. Eric réagit immédiatement, son visage se crispant et sa voix trahissant son agacement, quand le maître approche.

Je sens son malaise et sa frustration grandir et je me crispe à mon tour, fronçant les sourcils. L'approche est lourde, le sujet fâcheux ça ne me plait pas du tout. Mon cœur se serre, car je ne veux pas que notre précieux moment de retrouvailles soit mis à mal et pourtant, c'est en train de se faire sous mes yeux. Eric voudrait se lever, pour tourner les talons et se casser. Comment je le sais? Je le connais et son corps entier l'exprime en se tendant à l'extrême alors que sa voix fustige l'indélicat. Il se crispe davantage, impuissant face à l'intrusion de l'inconnu, qui s'adresse à moi, récoltant un regard noir, avant que je ne parle en me redressant.

-"Connu ? Non, clairement pas non. Je crois que tu es en train de te monter un délire tout seul là. Si tu veux voir des stars va faire un tour à L.A au lieu de venir emmerder les gens sur la plage." Eric est agité et je soupire en me levant, alors qu'il tente de se dissimuler sous sa casquette. Je n'ai pas envie de regarder ce type d'en dessous. Il fait chier lui... Je veux évidemment soutenir Eric du mieux que je peux, mais je veux aussi égoïstement éviter que ma superbe idée de sortie ne devienne un carnage. Pourquoi faut il toujours que ça merde ? On peut pas juste avoir un moment sympa? On l'a un peu mérité non ? Je sens mes veines charrier toute la rage du monde et je fais un pas en avant vers ce mec.

-"Nous sommes en train de profiter d'un moment tranquille ici. Donc maintenant ce serait bien de nous laisser okay ?" Je lui fais un signe de la main, signifiant clairement barre toi. Me tenant toujours debout entre lui et Eric. -"Ce serait dommage qu'on se trouve forcés de perdre patience." Probabilités qu'il me prenne au mot ? Sans doute faible vu comme son regard brille. Pourquoi fallait il qu'on tombe sur un mec qui le reconnaisse? Bordel ! Je vais vriller c'est pas possible. Franky ça partait déjà mal, mais là, mes chances de simplement profiter de l'après-midi viennent de se réduire drastiquement. Je ressens une intense envie de protéger Eric, de veiller sur lui sans vraiment savoir comment m'y prendre, dans le cas présent. Tout ce que je souhaite, c'est profiter de ce précieux temps que nous passons tous les deux, il a suffisamment morflé, là c'est bon, la coupe est pleine. Je sens un besoin physique de sa présence, de me blottir contre lui et de puiser en lui la quiétude dont j'ai besoin. Je ressens le besoin profond de le prendre dans mes bras, de l'envelopper de... de moi ! Que chaque fibre de son être puisse ressentir ma présence apaisante et qu'on oublie ce connard avec son clébard moche. Je veux être le refuge où il trouve la paix, où les soucis s'effacent, ne serait-ce que pour un instant, c'était ça le putain de programme de cette après-midi ! Plissant les yeux je fais un autre pas, ma voix un peu plus grondante. -"Tu es quand même pas en train de filmer là, rassure moi ?" Je crois que la moutarde me monte sévèrement au nez.

 
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MessageSujet: Re: Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas   Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas EmptyJeu 13 Juil - 17:00

« Fais chier. » Charmant cet accueil, non ? Malheureusement, il ne s’avère pas assez incisif pour me détourner de mon objectif et, en plus, je m’en branle ! Arroyo est un sale con, à l’instar des membres de son équipe. Dans ma conception primaires des choses, il en va ainsi. Sa tronche ne me revenait déjà pas avant Yaël, mais alors, depuis que j'ai croisé son équipe de peine-à-jouir, encore moins. Je me retiens de répliquer que je ne compte pas seulement le déranger, mais l’emmerder bien profond. Avec un peu de chance, ça me calmera les nerfs. Avec encore plus de chance, ça irritera les siens. Je plaisante, je ne crois pas à la chance. Je compte sur mon talent de fouille-merde, c’est beaucoup plus efficace et moins idéaliste-plan-plan-cucul. Vu son attitude de fuyard, j’ai bien fait de miser sur sa conquête de la matinée.

Barbie est beaucoup plus désireuse de discuter. Elle attaque directement, avec une certaine férocité laissant présager d’une incapacité à se laisser gentiment chier dans les bottes. La dissonance entre son discours lui-même et le sous-texte ne fait qu’apporter de l’eau à mon moulin. Pendant deux secondes, je feins d’être réellement navré pour mon interruption, absolument involontaire. Je pousse le vice jusqu’à acquiescer tout en ramenant mon téléphone vers ma poitrine pour la cibler elle.

Je vous fais un résumé ? On n’agresse pas les gens avec une telle hargne pour un pauvre bâton mâchouillé. La brunette l’a dit elle-même, se dévoilant sympathiquement au passage, elle me prend pour un putain de paparazzi en manque de scoop ! À travers moi, c’est à eux qu’elle montre les griffes. Alors, elle est bien mignonne avec ses grands airs, mais entre la tentative minable de son mec pour se cacher et son petit laïus à elle, le doux parfum du mystère me chatouille les narines.

"Tu es quand même pas en train de filmer là, rassure moi ?" Je relève le menton pour le plaisir de ne rien manquer de sa tronche en lui souriant de toutes mes dents. - T’as vraiment l’habitude de menacer les gens qui viennent juste dire bonjour ? C’est un peu excessif comme réaction, tu trouves pas ? Me foutre de sa gueule n’est sans doute pas la meilleure option, sauf que je ne peux simplement pas m’en empêcher. Les reproches, les menaces et les insultes voilées agissent comme un combustible. Toute cette énergie négative me galvanise. Je retrouve mes marques au milieu des embrouilles. Ça, c’est un domaine que je maîtrise, un univers dans lequel je me reconnais.

Je recule d’un pas, les doigts fermement accrochés autour de mon téléphone en la fixant, elle, dans les yeux. Après tout, puisqu’elle demande à entrer sur le ring, pourquoi l’en priver ? Qu’elle joue les chiens de garde si ça lui chante. L'adrénaline afflue dans mon organisme. Il n'est pas question que je perde ce foutu téléphone, quitte à me prendre un coup. Non, le mieux ce serait quand même de l’éviter. Faut pas déconner. Un sourire carnassier se mue sur ma bouche. Je tombe le masque. - Sérieusement, votre petit numéro est à chier. Vous avez encore du chemin à faire pour passer incognito. De la mauvaise foi enrubannée par un brin d’arrogance. - Vous êtes en direct sur les réseaux sociaux, tous les deux. J’adresse un mouvement du menton à l’ancien légume. - Un truc à dire à tes fans, Arroyo ? Faux. Enfin, à moitié. Je suis bel et bien en train de le filmer. Les images sont effectivement retransmises en direct, mais sur un compte privé auquel personne n’a accès. Parano oblige. Je tente de river l'objectif dans sa direction, en espérant que le cadrage ne soit pas trop à chier. L'opération est ardue étant donné que je garde à l'œil la barbie ascendant chienne de garde. Perso, je prends salement mon pied dans l'immédiat. Eux, c'est moins sûr, en revanche.
Eric Arroyo
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MessageSujet: Re: Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas   Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas EmptyJeu 21 Sep - 14:53

8 Février 2023 - Windansea Beach

Le visage grimaçant d’un dégoût assumé, je me cloitrai derrière la visière de ma casquette, espérant que l’évènement se dénoue d’un claquement de doigts, mon regard se perdant dans les minuscules dunes de sable causées par les pas piétinant du type et de son clébard partit s’ébrouer plus loin. Malgré la chaleur dardant du soleil, je sentais un froid glacial commencer à doucement ramper sur la peau de mes bras, quelques frissons oppresser ma colonne vertébrale et fourmiller le long de mon échine dorsale. Je sus au fond de moi que tout cet optimisme était vain et sans doute ridicule, et que le passage désagréable cachait un plus vilain morceau pourri, comme les miasmes de la putréfaction qui m’atteindrait avant d’en voir la couleur. Cette notoriété, tant cherchée, tant espérée, avait eu son innombrable lot de déconvenue, bien plus d’ailleurs que les charmes tant convoités du quidam. L’image du parfait. La pression médiatique. Et celle de mon père par-dessus tout. J’avais une mauvaise intuition et je savais qu’elle n’allait pas tarder à être confirmée.

Romy se redressa, prenant les devants de ma défense, m’arrachant un énième spasme d’aigreur sur mes flancs de bouche, alors qu'elle évoquait la possibilité d’un enregistrement vidéo en cours que je n’avais pas anticipé. Tout mon corps me démangeait de partir au front pour faire physiquement face à l’impudent, d’y aller avec un peu plus de poigne pour le dissuader de pousser plus loin son ingérence, mais mes jambes encore bien trop faméliques me clouaient au sol, incapable d’affronter ou de fuir. J’étais figé avec mes propres invalidités, me renvoyant là toute l’image que j’avais voulu réprimer, déchirer ou démolir. Et puis, le couperet tomba. Celui de la vérité inondée de vilénie. J’aurais sans doute pu aisément pardonner à l’importun réellement parvenu au hasard des circonstances et un peu trop curieux, mais pas à ça. La nature humaine se complaisait à se servir de l’infortune des autres pour se sentir meilleure, quitte à l’enfoncer dans la boue. Même dans les périodes de mes plus infâmes arrogances, jamais je n’avais cédé à telle bassesse, c’était dire le niveau de fils-de-puterie du type.

D’un geste vif, j’en avais retiré mes lunettes, un index pressant sur la barrette centrale pour les faire glisser hors de l’appui nasal, m’en emparant d’une main pour les lancer d’un acte dédaigneux sur la place désertée à côté. Connaissant le tempérament de la brune, il était fort à parier qu’elle fasse sous peu la démonstration de sa férocité, hargneuse et sauvage, aussi essayais-je de prendre les devants. Ma voix, aux ordinaires tonalités lourdes et graves, s’épaissit davantage d’une évidente colère stricte et contrôlée – par manque de choix sans doute – et se fit porter vers le duo placé en face à face.

« Ce n’est pas ce que j’ai à dire qui devrait t’intéresser, mon pote. Mais plutôt ce que toi, tu auras à dire aux juges une fois que mes avocats t’auront trainé devant la justice. » Arguais-je, vindicatif, faisant planer l’onéreux poids des sanctions qui suivrait et ma conviction d’avoir largement les moyens financiers de parvenir à mes fins. « Tu te crois intouchable sous prétexte de te tenir derrière un smartphone ? T’as pas idée à quel point t’es en train de ruiner ta carrière et ta vie en plus de celle de ton entourage. Alors, un conseil, tu remets ça à la gentille flic qui se tient devant toi et tu t’évites un passage par la Cour suprême pour atteinte à la vie privée et violation du droit à l’image. Peu importe ce que tu as capté, quitte à se lancer dans une bataille médiatique, j’suis persuadé que l’opinion publique tournera plus en faveur de l’estropié convalescent que du putain de type qui est en train de se foutre de sa gueule ouvertement et publiquement. »

Je voulais désamorcer ça avant que la situation ne se désagrège davantage, évitant pour le moment de penser aux conséquences prochaines, quand j’aurais à faire face à la déception paternelle et à la fin actée et signée de ma tranquillité. Déjà que l’évocation de Franky avait éveillé quelques rancœurs d’inconfort, remettant aux tapis l’une des périodes les plus sombres de ma vie, je me sentais maintenant pris dans un étau qui me broyait la poitrine. Je n’aspirais aucunement à retrouver ma notoriété, les quelques semaines, et surtout jours précédant m’ayant convaincu qu’il n’y avait plus de place pour moi au premier plan, mais j’étais parvenu à envisager de m’en foutre royalement, prêt à offrir à qui le souhaitait ma vie d’avant si c’était pour gagner celle que je voulais. À croire que j’en avais pas assez payé le prix.


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MessageSujet: Re: Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas   Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas EmptyLun 25 Sep - 9:45


En choisissant la plage, je misais sur le bruit des vagues, ce calme lancinant qui se diffuse quand on entend le ressac... Je voulais qu'on puisse parler, sans se sauter à la gorge, ce qui n'est clairement pas gagné en ce qui nous concerne. On se retrouve, on s'aime comme des fous, on se déchire et on en redemande. Je trouve ça fou, qu'après tant d'années, j'en sois encore là. Pourtant... je me tiens sur cette plage, seulement vêtue d'une de ses chemises. J'étais bien contre lui, même si on abordait un sujet qui fâche et c'est surement pour ça que je me suis relevée avec autant de hargne en voyant l'importun débarquer. -"T'insulter ? En te disant que tu es lourd et que tu nous déranges?"

Ok il est un peu lent de la comprenette en plus d'être collant? En tout cas, sa présence est en train de tendre Eric et moi par ricochet. Je soupire et m'avance pour froncer les sourcils en avisant sa main, fermement serrée sur son téléphone... Je déteste l'idée qui me vient mais je ne peux pas m'empêcher de la laisser filtrer à travers mes lèvres. Pour entendre quoi ? Que cet abruti nous diffuse en direct sur les réseaux sociaux ? Sérieusement? Premier réflexe qui me vient ? Un pas en avant et un genou dans les couilles... Efficace, en plus d'être fichtrement agréable ! Mais si c'est réellement un direct, ce n'est pas du tout une bonne idée. Si j'ajoute des faits de violences policières à son sketch de bas étage, je lui donne l'occasion de rendre cette vidéo virale. Donc je me tempère, malgré la rage grondante qui se déverse à grande vitesse dans mes veines.

Marrant parce que je me cogne globalement de l'effet que ça pourrait avoir sur ma carrière, de lui défoncer la tête. Ce qui me dérange, c'est qu'il se croit autorisé à nous voler ce moment. A m'en priver en fait... Qu'il en ait rien à foutre de venir nous rappeler que le monde c'est de la merde ! Je ne regarde pas Eric, j'essaie simplement de me placer entre lui et la caméra. Ce qui ne sert à rien puisque ce gars l'interpelle en l'appelant Arroyo. Reconnu et affiché... parce qu'il a eu la bonne idée d'accepter de m'accompagner... J'ai envie de lever les mains au ciel, en mode "mais qu'est ce que j'ai fait pour mériter ça". Au lieu de ça, j'écoute la morgue d'Eric qui s'exprime par les mots et la menace grondante de sa voix, autant que par les promesses qu'il lui fait.

Je penche la tête sur le côté, plisse les yeux et tend la main, pour récupérer le téléphone. Gentille flic? J'ai rarement ce qualificatif. Sans doute parce que je ne suis pas gentille, encore moins dans mon taff. Pour la plupart des flics, je suis l'ennemie, depuis que je suis entrée aux affaires internes, mais qu'importe. Je fais un nouveau pas en avant et me retrouve tout proche de ce type, au moment où Eric se décrit comme un estropié.

Je déteste ce mot, je déteste encore plus qu'il se l'attribue et je crois que c'est clairement ce qui met le feu aux poudres de ma colère. -"On peut tout simplement se décider à demander moins gentiment, si c'est trop dur à comprendre." Ma voix est plutôt posée, alors que ma main se pose sur son poignet. Je suis un tout petit peu plus petite que lui, un truc comme quoi ? 5 cm ? Peu importe, je plante les yeux dans les siens et ma voix se fait plus grondante. -"Vas y donne moi l'occasion, pour voir." Menace perceptible, assurance totale. Je suis une femme, c'est un fait que j'ai bien intégré, qui m'a bien fait chier aussi à l'époque de mes classes. La suprématie physique de ces messieurs ayant un truc insupportable à mes yeux... Alors je me suis entrainée et si je n'ai pas atteint en tout le niveau de mes comparses masculins, je suis malgré tout devenue très efficace. Alors je me dis que lui exploser le nez, le coller au sol et récupérer son téléphone, c'est dans mes cordes.

Pas le plan du siècle cependant, puisque ça va faire passer le fouille merde pour une victime. Ce qui est quand même un comble ! Ce mec vient nous emmerder et ce serait à nous de sourire et de répondre à ses questions ? -"Je suis sure que tu as mieux à faire, alors donne moi ton téléphone, on supprime cette vidéo et tu dégages." Je serre les dents et ma mâchoire se carre quand je finis par souffler. -"Sinon clairement ça va très mal se terminer." Ma voix gronde d'un orage tout juste contenu. Peut être que c'est là qu'on peut voir que j'ai atteint une certaine maturité? Quelques années plutôt ça serait parti en sucette bien avant... Ceci dit pas forcément de mon fait. Je peux sentir l'ébullition d'Eric et je sais à quel point il manque lui aussi de mesure... Si il parle de ruiner sa vie à grands coups de dollars dans les tribunaux, j'espère que monsieur l'opportun au chien moche, se rend compte à quel point il est sérieux !

 
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MessageSujet: Re: Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas   Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas EmptyDim 12 Mai - 18:37

8 Février 2023 - Windansea Beach

Un peu plus tard...

Le cul vautré sur le siège passager, j’observais, sans véritablement le voir, l’horizon et son camaïeu de bleu, le ressac de la marée aussi inlassable que l’amertume qui m’étreignait le cœur me renvoyant en pleine gueule les aigreurs que j’avais cru échappées, et l’ardeur du soleil qui peinait à donner quelconque sentiment de chaleur. J’avais jeté mes lunettes sur la hauteur du tableau de bord avec une rage galérant à être réprimé, mais seule manifestation possible de tous les ressentiments qui m’animaient en l’instant, galvanisés par cette impuissance à ne pouvoir en faire plus. Je me contrefoutais royalement de leur état, au résultat du choc provoqué, dans cette expression hargneuse. Le coude coincé sur le perchoir de la portière, la fenêtre maintenue ouverte, je plongeai sans ménagement mon visage dépité entre mes doigts harceleurs, qui frottaient, pressaient et comprimaient tous les muscles de mon faciès figé dans une grimace que l’exaspération eût endolori, soulevant ma casquette, rabattant la maigre taille de mes cheveux, grattant la racine de ces derniers à ma nuque sous le poids de l’anxiété.

Pas même une minute d’accalmie, une échappée, une seule, pour me remettre sur les rails et me restituer le goût de cette putain de chienne de vie, le karma avait sans doute décidé qu’il était temps que je paie la farandole de dettes que j’avais jusqu’ici accumulées, avec en cadeau bonus tous les intérêts qui allaient avec d’un montant plus exorbitant que n’importe quel prêteur sur gages aurait eut honte de proposer et il s’y donnait à cœur joie, comme un gamin sans considération ni jugement moral. Je ne savais pas encore ce qui était le pire, ou ce que je craignais le plus, entre me voir à nouveau affiché sur la toile sans le moindre répit et pas de la plus élégante des manières, ou la perspective des représailles d’un paternel qui se foutrait certainement de mes états d’âme, bien trop focalisé sur l’avenir de son nouveau fils prodige et des retombés que ma petite virée interdite aurait sur les investisseurs de l’écurie Arroyo pour la prochaine course, et surtout la saison à venir.

Le direct avait été du bluff, j’en étais persuadé, mais la nouvelle ne tarderait pas à se répandre et à prendre feu le long d'une trainée de poudre vers un baril d'explosif. Fallait que j’appelle mon père, que je le prévienne avant que les médias ne le fassent à ma place. Non. Au diable toute cette connerie, j’en avais plus rien à battre. Je maudissais mon père, les journalistes, les sponsors, et même le monde entier. Je les emmerdais tous, jusqu’au dernier tandis que l’amertume de la survie continuait à s’échapper et se propager dans mes veines, me faisant regretter qu’on m’ait extrait de cet habitacle. J’aurais cent fois préféré crever dans les flammes, crever sur le bitume que de me rendre spectateur impuissant et âpre de ma déchéance là où tout le reste et tout le monde se bâtissaient autour de moi. C’était quoi la prochaine étape ? Qu’elle me laisse tomber pour de bon ? Je dérivais brièvement mon regard sur sa silhouette à l’extérieur du véhicule où j’avais pu m’installer bien avant elle, avec fureur, amertume et infirmité, rabrouant la moindre aide pour ne pas ternir mon putain d’égo déjà bien en berne, luttant contre l’environnement et bien davantage contre moi-même jusqu’à parvenir à m’y hisser. Est-ce que le reste de ma vie ne serait que ça ? A tenter de fuir mon passé pour ne pas à y voir le reflet de mon médiocre présent ?

D’un geste tout aussi emporté par l’énervement, j’ouvris la boite à gant où j’y avais logé mon téléphone avant de descendre, parce que j’avais espéré cette accalmie loin de tout et pour nous, avec une appréhension misérable tandis que je le déverrouillais. Rien. Pas un message, pas un appel, mais ça ne voulait rien dire. Je déployais les applications, lançais les réseaux sociaux, fouillais dans les contenus, les hashtags, les fils, bondissant de page en page, l’effervescence ancrée dans chacun de mes mouvements, ne faisant que tomber sur d’anciennes photos d’un passé trop glorieux et désormais enterré. La dernière de mon compte désuet avait d’ailleurs battu tous les records, à l’annonce de mon accident, les commentaires s’étant succédés, déchainés, une avalanche de soutien, de haine pour certain que je n’avais même pas pris la peine de décortiquer, mais qui, dorénavant que je m’y intéressais, s'abattait sur moi dessus comme la septième plaie égyptienne, débris de glace pleuvant d’un ciel punitif.

Je me figeais sur ces reliques, la grêle muant bien vite en accrétions de cendres, la colère en tourment. Mon pouce faisait défiler les icônes, trophées, podiums, départs de course, et l’espoir derrière le blason rouge et jaune de l’écurie. Eric Arroyo avait cessé d’exister, il n’était plus qu’un pâle fantôme qui ne ferait que servir d’opportunité, une simple image, un nom qu’on ne retiendrait que par la chute et non l’ascension, tandis que la famille brandissait son nouvel étendard.


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MessageSujet: Re: Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas   Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas EmptyVen 17 Mai - 20:44


Le vent souffle avec violence, soulevant des grains de sable doré et salé, virevoltant autour de moi comme autant de souvenirs perdus. A moins que ce soit simplement une impression ? Une sensation que je dois à l'angoisse qui est venue se cheviller à mon ventre quand ce sale connard s'est pointé. Mon cœur bat la chamade alors que la rage bouillonne en moi. Je serre les poings, mes ongles s’enfoncent dans la paume de mes mains, laissant des marques rouges. Ce journaliste, ce misérable parasite, a osé gâcher mes retrouvailles avec Eric. Il n’avait rien à faire là, et maintenant, tout est fichu. Je m'en veux... et c'est encore pire. Parce que c'était mon idée, de le sortir de cette foutue baraque, de leur saloperie de "domaine". Ce lieu me rappelle trop de souvenirs amers pour que je puisse m'y sentir à l'aise. Et puis sur le papier c'était une belle idée, retrouvailles, dans un contexte qui nous a toujours rapprochés...

Je regarde le téléphone dans ma main, encore tiède de l’étreinte impudique de ce journaliste, et je le fracasse avec toute ma force sur le sol caillouteux à côté de la voiture. Le craquement résonne dans l’air, un son satisfaisant mais insuffisant pour apaiser ma colère. Tout comme voir ce fils de pute reculer, son nez saignant abondamment, n'a pas suffit. Mon souffle est court, mes pensées embrouillées par la fureur. J'aurais pas du, lui péter le nez, ça c'est une évidence, mais putain c'est sans doute le seul truc un peu satisfaisant qui émerge de ce marasme. Je me pince les arrêtes du nez, ferme les yeux et me décide à les rouvrir pour charger ce foutu fauteuil.

Je me tourne vers l'océan, quelques secondes, essayant de me gorger d'un peu de sérénité, à moins que je ne cherche à retarder l'inéluctable ? Je crois que j'appréhende de le rejoindre dans l'habitacle, d'affronter sa colère ou sa déception. Je ne suis cependant pas du style à fuir et je sais pertinemment que retarder ce moment ne le rendra pas plus facile. Alors j'essuie la larme solitaire qui est venue flirter avec le coin de mes lèvres et je soupire avant de rejoindre la portière conducteur de la voiture. Je rejoins Eric, et la vue de son visage tendu, encore marqué par les traces du coma, m’achève. Nous avions un moment à nous, arraché à la cruauté du sort et il a encore fallu que tout parte en couilles. Ce moment de répit nous a été volé et ça me file la nausée.

Un silence de mort nous enveloppe, lourd et oppressant. Eric est agité, scrollant de manière complètement frénétique sur son téléphone. Les souvenirs me submergent. Eric et moi, nous avons traversé tant de tempêtes, affronté tant de démons. Et maintenant, juste quand je pensais que nous pouvions enfin goûter à un peu de paix, le karma ou l'univers, ou je ne sais quoi, semble s’acharner encore et encore. Je le regarde, sa tristesse et son désarroi me frappent comme un coup de poing à l’estomac. Je veux hurler, laisser éclater ma douleur et ma colère, mais je me retiens. Parce que je ne suis pas sure d'être capable de m'arrêter si je me laisse aller, parce que j'ai peur de sa réaction, parce que je m'en veux putain. Assise sur le siège du conducteur, les mains agrippées au volant, je sens une vague de remords m'envahir. Je regarde Eric, affaissé sur le siège passager, et une douleur sourde me broie le cœur. C'était mon idée de venir ici, sur cette plage, espérant que l'air marin et le doux murmure des vagues nous offriraient un moment de paix, loin de tout. Je pensais que ce serait un havre de sérénité pour nous retrouver, pour panser nos plaies. Vaste blague, à croire que c'est impossible nous concernant.

C’était censé être le premier pas d'une sorte de renaissance pour nous, un lieu où l’on pourrait enfin respirer sans l’ombre des douleurs passées. Illusion envolée qui me fait soupirer. Eric fixe son téléphone, comme s’il cherchait une échappatoire, un moyen de fuir la réalité. Ses doigts tremblent légèrement, et je me demande à quoi il pense, précisément. L'ire paternelle ? Le fait que son secret va être eventé ? Je le sens déçu, blessé et je réalise que je le suis aussi. Je m’en veux terriblement, mais je crois que je lui en veux à lui aussi, c'est nébuleux mais ça me torture. Chaque soupir, chaque mouvement qu’il fait, est un rappel de mon échec à lui offrir la tranquillité dont il a désespérément besoin.

-"Je suis désolée,"
dis-je à voix basse, presque pour moi-même, mes yeux fixant le tableau de bord, la clef dans la main droite. Mes paroles sont sincères, même si elles semblent creuses, sans doute simplement incapables de réparer le tort que j’ai causé. La plage, avec ses vagues tranquilles et son sable doré, s'étend devant nous, mais je ne la vois plus. Je dois faire face aux conséquences de ma décision, aux regards de reproche que je m'attend à voir dans les yeux d’Eric. Il semble ignorer ma présence, volontairement ou non, en tout cas je tends la main vers lui, espérant capter son attention, croiser son regard. Il est plongé dans son téléphone, ses doigts tremblants glissant sur l’écran. Son air fébrile et inquiet me faisant mal.

-"Hey, parle-moi," je murmure, ma voix tremblante de l’émotion contenue. Ses yeux, autrefois si vifs, rieurs et pleins de vie, que je peine à trouver ternes, hantés par les épreuves qu’il a traversées. C'est une joie immense que de le retrouver et je crois que ça a balayé une part des souffrances du passé, mais pas toutes... pas mes craintes.  -"Explique moi ce qui se passe dans ta tête et ce que je peux faire pour t'aider?" Je m'attends assez à me prendre pleine gueule que j'en ai assez fait, mais je prends le risque. Ma voix est douce, un peu tremblante peut être, même si je n'aime pas ça. C'est un super pouvoir made in Eric Arroyo, de me rendre vulnérable. Je ne laisse pas souvent d'aspérités, pour m'agripper... mais lui ? J'ai jamais su m'en préserver. J'ai un petit sourire tendre quand ma petite voix intérieure me chuchote que... je n'ai jamais voulu.
 


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MessageSujet: Re: Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas   Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas EmptyMer 3 Juil - 23:44

8 Février 2023 - Windansea Beach

Mon esprit fut la proie d’un tourment implacable qui me tira inexorablement vers l'abîme du désespoir. Chaque battement de mon cœur résonnait comme un écho de mes échecs passés, une symphonie lugubre de regrets et de souvenirs brisés. La pression constante des attentes familiales avait pesé bien trop sur mes épaules à l'instar d'un fardeau insupportable, façonnant une marionnette qui n’était désormais plus qu’un pantin désarticulé tout juste jeté dans la benne à ordures. J’avais tenté de chercher en vain un répit, une lueur d'espoir dans ce chaos qui consumait mon âme, mais la solitude de mes réflexions déchirées ne fit que renforcer mon sentiment d'impuissance.

J'eus l'impression de ne plus faire partie de ce monde, chaque inspiration me rappelant que quelque chose s'était arrêté en moi, deux ans en arrière. Les plus optimistes diraient sans doute que ce pouvait être une seconde chance, un cadeau offert par la vie pour rebondir sur ses erreurs passées, d'emprunter un chemin différent et d'explorer tout un pan d'univers qui aurait autrefois fermé ses portes, et j'aurais probablement acquiescé niaisement à cette philosophie puant l'idéologie de bas étage et la répugnante bien-pensance, comme un charognard avide du moindre os à ronger, mais c'était sans compter sur mon état lamentable et mon évidente perte de contrôle de tout ce qui m'entourait, biens et personnes mêlées. Tout me filait entre les doigts, grains de sable et poussières qu’une tempête avait balayés. Une voiture folle lancée à pleine vitesse. Une explosion, un mur. À moins que ce soit dans l’autre sens ? J'avais à certains moments du mal à remettre dans l'ordre les événements qui m'assaillaient, mais indubitablement, tout m’y ramenait.

La voix de Romy me fit bien plus de tort qu’elle n’apaisa mes tourments. Ces excuses lancées d’une intonation tremblante me donnaient la nausée. Non pas par dégoût, mais parce que ça me déchirait jusqu’aux entrailles de l’entendre s’accabler de la sorte. Je préféra ne pas prêter attention aux mouvements qui s'opérèrent à côté de moi, ma fierté en étendard pour un jeu qui n’avait plus grande valeur désormais, mais dont j’étais visiblement bien incapable de me départir, même plongé au fond de ce gouffre bien trop profond pour espérer en sortir. L’écran de mon portable ne me renvoya plus que l’éclat terne de mon visage, les joues creusées, émacié par cette longue captivité d’un corps obligé à l’immobilité, car d’une pression du pouce, j’avais fini par l’éteindre. Mais finalement, ce fut peut-être pire, maintenant que je pouvais voir cette vérité bien en face. Il ne me resterait plus que quelques heures d’accalmie, un jour ou deux, si la chance décidait de s’inviter en fin de compte dans la partie, ce dont je doutais et peinais à espérer, mais c’était néanmoins un compte à rebours qui n’aurait nulle autre alternative qu’une ire méritée et une nouvelle chute vertigineuse et sans limite.

Je laissa échapper un soupir, comme si l'air lui-même peinait à s'extraire de mes poumons alourdis par la gravité de mes pensées. Romy continua de parler, ses mots se fondant en un murmure indistinct alors que mon esprit s'égarait dans le labyrinthe de ma propre misère. Chaque syllabe semblait érodée par l'amertume, chaque pause emplie d'une tristesse contagieuse. J'avais l'impression de flotter, détachée de la réalité, tout comme si mon âme était suspendue entre deux mondes, incapable de dénicher la paix dans l'un ou l'autre.

Je l’écoutai, à côté, sa voix tremblante face à mon silence, son appréhension perceptible dans les légers trémolos qui me fendirent autant le cœur qu'ils s’acharnèrent à le blesser, me forçant à murer les paupières en une inspiration profonde. Je fermai les yeux, escomptant que l'obscurité apporterait un semblant de paix. Mais même là, les ombres de mes souvenirs continuèrent de me hanter. Et alors que le ressac de la marée me parvint dans le lointain, enveloppant le monde dans son écrin sonore, je compris que la bataille pour ma rédemption serait ardue et que je devrais puiser dans des forces que je croyais avoir perdues depuis longtemps.

Je savais qu'il me fallait agir, trouver une solution pour me sortir de ce marasme. Mais l'idée même de faire un pas, de prendre une décision me paraissait presque insurmontable. J’avais assez perdu de temps, soustrait au tableau de mes inconstances, acte manqué quand j’avais enfin compris ce que j’étais sur le point de risquer, une bataille engagée pour ne pas laisser s’échapper le seul véritable désir que je n’avais jamais éprouvé. Alors, sans vraiment me rendre compte, tant la transition m'apparut aussi délirante que naturelle, j’ouvris les yeux au spectacle, et me penchai - toujours sans un mot - pour délasser le téléphone au secret de la boîte à gants, fermant la porte hayon en un claquement léger, à peine poussée par un mouvement lent et calculé.

En replaçant mon dos au confort du siège sur lequel je me reposais, je finis par retrouver contact avec elle, renouer avec son visage, affrontant sa peine et prêt à y faire face sans supplice, plongeant mes yeux clairs un brin réanimé dans le sombre des siens. Ma tête frotta sensiblement en arrière, d’un basculement subtil sur le coussin d’appui, le temps laissé à cette contemplation et ce repère dont je prenais ancre, comme si la réflexion des paroles qui allaient suivre m’avait requis d’en peser le pour ou le contre, alors que j’étais parfaitement serein à ce qui m’avait traversé l’esprit. Je finis par faire entendre ma voix, plus basse dans sa tonalité, non sans le passage préalable d'un bout de langue sur les lèvres.

« Tu habites toujours le même appartement ? » lui demandai-je, sans rien rajouter de plus, ni répondre à ses questions, ni tenter de lui apporter le réconfort que les tiraillements de son regard semblaient réclamer, espérant sans doute qu’elle y lise les interlignes, sous-titres et annotations cachés derrière cette simple question.

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MessageSujet: Re: Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas   Straight From The Heart - ft. Romy, Eric & Ilyas EmptyDim 7 Juil - 23:26



Je suis là, assise à ses côtés, et mes pensées s'entremêlent dans un tourbillon de colère et de questionnements. Pourquoi le sort s'acharne-t-il ainsi sur nous ? Pourquoi, après toutes les épreuves endurées, ne pouvons-nous pas simplement profiter d'un peu de bonheur, de moments volés à la cruauté de la vie ? Je crois que ça me fait bouillonner d'une rage d'une intensité rare. Je le regarde, affalé dans son siège, ses traits tirés par la fatigue et la douleur. Chaque souffle qu'il prend semble être une bataille, chaque mouvement un effort immense. Mon cœur se brise un peu plus, non pas à cause de lui, mais à cause de cette impitoyable réalité qui nous empêche de savourer les instants de répit. J'essaie, d'entrer en contact, mais j'ai le sentiment d'être en train de contempler l'oeil du cyclone, sans pouvoir m'en approcher. Il est là, sans y être, perdu dans ses pensées, insaisissable. Moins il bouge, plus je m'agite, en tout cas intérieurement.

Mes pensées me ramènent encore et encore à cette question : pourquoi nous ? Nous avons affronté tant de tempêtes, survécu à tant de tourments. J'ai cru, naïvement peut-être, que nous méritions un peu de paix, un peu de bonheur simple, j'en avais à la fois besoin et envie. Mais chaque fois que je pense voir la lumière au bout du tunnel, une nouvelle épreuve surgit, plus cruelle encore que la précédente. A croire que cette idée qui m'est venue il y'a des années est d'une véracité impitoyable... des amants maudits. Est-ce, ce que nous sommes ? Mes yeux s'emplissent de larmes que je retiens difficilement, consciente que ça n'aiderait pas. J'aimerais hurler ma colère, ma frustration, contre cet univers qui semble se complaire à nous torturer, contre ce petit blaireau de journaliste avec ses grands airs et son attitude de petit merdeux. .

Je suis enragée et épuisée, épuisée de devoir lutter, épuisée de voir ses yeux éteints, de sentir sa douleur comme si c'était la mienne. Quand il bouge enfin, pour ranger son téléphone je tourne les traits vers lui. Je me remémore les instants passés, les rires partagés, les étreintes réconfortantes, les promesses murmurées dans le noir. Où sont passés ces moments de bonheur ? Pourquoi ne pouvons-nous pas les revivre, les prolonger, les transformer en une réalité durable ? Une petite voix me murmure que j'enjolive tout ça... que j'oublie la douleur, les ruptures, la tromperie, que je fantasme un passé exempt de souffrance et que c'est terriblement dangereux. Mes pensées sont un champ de bataille, et chaque souvenir heureux se heurte à la brutalité du présent, me laissant encore plus désemparée.

Je voudrais tant pouvoir lui offrir la paix, le réconfort et la sérénité, c'était le but de cette putain de sortie. Je regarde Eric, et une vague d'émotions me submerge alors qu'il se décide enfin à me regarder et à... parler. Je le contemple, assis là, dans tout ce qu'il juge comme sa ruine. Chaque trait de son visage est marqué par la souffrance, chaque mouvement trahit une fatigue immense. Mon cœur se serre à la vue de ses yeux éteints, creusant un vide glacial au creux de ma poitrine. Je tente de lui sourire, malgré mes yeux pleins de larmes. Sa question résonne en moi avec une clarté déconcertante, je fronce les sourcils un instant et mon sourire se renforce alors que je hoche tout doucement la tête. J'entends ce qu'il ne dit pas, les mots qu'il tait, j'entends finalement la question qui se cache derrière celle qu'il vient de poser. Est ce qu'il veut fuir ? Encore un peu ?Retarder l'inéluctable, loin des regards curieux, loin du chaos médiatique.

Je prends une profonde inspiration, tentant de masquer l'émotion qui me submerge, heureuse malgré tout qu'il fasse ce choix. Je conduis la voiture sans poser d'autres questions. Le silence entre nous est lourd, mais rempli de significations. Au détour du chemin je cherche doucement sa main, trouvant le courage dans ce simple geste. Mon pouce caresse le dos de sa main, un mouvement lent et tendre, une tentative d'apaiser ses tourments. Chaque battement de mon cœur résonne avec une intensité presque douloureuse, synchronisé avec le tumulte dans lequel je me retrouve plongée. La route défile sous nos yeux, le paysage rendu flou par les larmes que je retiens avec difficulté. Me voici émotive ? Non... probablement juste un peu à bout de nerfs. Les émotions se succèdent de façon plus qu'aigues depuis son réveil. Chaque virage, chaque montée, est un pas de plus vers une tranquillité fragile, une échappatoire temporaire, en tout cas c'est ainsi que je veux l'envisager. Mes pensées se bousculent, et je me concentre sur le contact de nos mains, comme si ce simple toucher pouvait nous ancrer tous les deux dans le présent, loin des fantômes du passé, loin des spectres de l'avenir.

Je vole des regards furtifs vers lui, cherchant une quelconque réponse, un signe qu'il est toujours là, quelque part, derrière cette façade de douleur et de désespoir. Mais son silence persiste, et il me semble que chaque seconde qui passe sans qu'il parle est une éternité. Je n'aime pas cette ambiance, elle me ronge et je serais très tentée de meubler en disant ce qui me passe par la tête. Sauf que... j'ai conscience de l'orage qui gronde et du fait que je n'ai pas la moindre envie de le renforcer. Arrivés chez moi, je coupe le moteur, sur la place de parking réservée à mon appartement et prends une profonde inspiration. Ma maison est mon refuge, un cocon de sérénité où le monde extérieur ne peut pas m'atteindre et je crois que j'aime l'idée que ça puisse être de même pour lui. Je tourne lentement la tête vers Eric, essayant de capter son regard. Mes yeux cherchant les siens alors que je souris. -"Tu as besoin de quoi?"

Soutien émotionnel ou solutions, c'est très différent, mais je ne suis pas sure qu'il soit en mesure de le savoir. Et même si il le savait, je doute franchement qu'il s'abaisse à me répondre. Je sors de la voiture et la contourne pour l'aider à descendre et l'accompagner ensuite jusqu'à ma porte. Nous entrons dans l'appartement, l'air frais et salé de la mer encore présent sur nos vêtements. Rien n'a changé et tout est différent. La couleur des murs a changé, un mur vert émeraude traversant désormais l'appartement, là où se trouvait un gris pâle auparavant. Sur ce mur, appuyé, mon canapé immense et derrière des photos, de moi, d'Ashley, de ma soeur évidemment, mais aussi d'Isaac.

-"Je suis là, avec toi." Est ce que ça compte ? Pour moi oui en tout cas. -"Je veux t'aider Eric, alors laisse moi... entrer." Je prends à nouveau sa main dans la mienne, pour la porter à mes lèvres et embrasser doucement sa paume. Les larmes que j’ai tant retenues coulent finalement, silencieuses, tandis que je continue de cajoler la paume de sa main. Mes sentiments pour lui sont une force douce, un baume sur mes plaies, même celles qu'il est seul à savoir m'infliger... C'est sans doute fou à comprendre, d'ailleurs j'en suis bien incapable, mais c'est ainsi. Il est à la foi le tourment et son remède. Vivre sans lui, j'ai essayé et... je ne veux plus vivre ça. Il est mon ancre dans la tempête, mon refuge. Alors nous affronterons les vagues qui nous menacent., parce que même brisés, même abîmés, on ne laissera certainement pas le dernier mot à un petit scribouillard de merde.
 


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