Ne m'aime pas !!! (Lilly)

Elle s’est tirée… Elle aura mis le temps. Elle ne pouvait pas juste se soumettre à ma connerie et me laisser faire ? Non, il faut qu’elle soit juste incroyablement parfaite et chiante. Je suis au sol alors qu’elle se tire enfin de chez moi me faisant encore des phrases qui me piquent le cœur comme des lames. Finalement, elle part et je me sens vide et un froid polaire semble naître dans mon ventre. J’ai tellement mal que j’ai l’impression que ça me sort par la peau. Toujours assis prostré contre les placards de la cuisine qui sont au niveau du sol, je tourne la tête vers cette petite boite que j’ai glissée sous mon lit. Les photos d’Alice. Mes souvenirs avec elle. Toute mon humanité et ma souffrance sont dans cette foutue boite. J’ai envie de la sortir. De la balancer et d’y foutre le feu une bonne fois pour toutes et pourtant cette idée me répugne et me tord le ventre de douleur. Je pleure. Faible et lamentable. Merdique et perdu et je m’endors comme ça. Nu, le cul sur le sol les jambes repliées contre moi les bras sur les genoux le front posé sur mes avants bras le dos appuyé sur le bois de la porte de ce placard. J’ai froid. Je m’en tape. Le soleil rentre. Je me rendors. J’ai mal au dos. Au cul. J’ai des raideurs partout. J’ai pris froid. J’ai des fourmis partout dans les membres. Je me tourne et rampe comme une merde lamentable sur le sol avant de grimper péniblement sur le lit et de m’y effondrer. Je dors. Il est 16h quand j’émerge. Le sommeil dans mon lit m’a fait du bien, j’avoue. Je vois mon téléphone et tends le bras. Un message de Lily. J’aimerais ne pas le lire, mais je le vois écrit : « Je t’aime ! », c’est pire qu’un coup de pied dans les couilles ! Je me redresse et écris « je t’emmerde, salope va te faire foutre !!! » Mais mon doigt fige au moment d’envoyer. J’efface. Je jette le téléphone et grogne. Je le reprends et lui écrit « alors pour t’as juste pas sucé ma queue putain ? » Je bloque de nouveau et efface. Je dois faire ça environ 20 ou 30 fois avec des répliques toujours aussi stupides. Toujours aussi navrantes de grossièretés. Toujours aussi fausses et jamais envoyées… Je jette mon téléphone et m’allonge en regardant le plafond. Pourquoi j’ai en permanence ce mal de vivre ? Pourquoi j’ai toute cette merde en moi et pourquoi ça prend le dessus sur tout ? Je baisse les yeux et regarde ma cicatrice. Ce mince trait blanc sur mon torse qui jamais ne bronze. La lame de mon géniteur qu’il a enfoncé dans mon ventre un jour de pétage de plomb après avoir tué ma mère sur un coup de sang. Avant de se jeter par la fenêtre me croyant mort. Je regarde le couteau qu’hier Lily a planté dans la planche en bois. J’aurais juste à le glisser dans cette marque. Le chemin est déjà fait non ? Non… J’ai promis. J’ai juré à Alice de vivre. Mais c’est trop dur.

Je prends le téléphone. Le SMS de Lilly le hante encore « je t’aime ! » Va te faire foutre Lilly !

Les jours passent. Un ou deux. Je vis sans vivre. Je dis à Mme de Leon que je suis malade et que je ne peux pas tourner cette semaine. Elle me souhaite de me remettre vite et me dit qu’elle viendra aux nouvelles… Mais à chaque fois que mon téléphone vibre ou sonne, je sursaute. La porte d’entrée. On frappe, on sonne et je sursaute. Putain, c’est quoi mon souci ? Je n'attends personne ! Je ne veux voir personne. Et soudain ça m’agace et me prends aux tripes. Pourquoi elle ne revient pas ?!!! Pourquoi Lilly ne revient pas !!? Elle m’aime non ? Ce n'est pas ce qu’elle a mis cette connasse ? qu'elle aille se faire foutre j'ai pas besoin d'elle ! Elle a dit m'aimer c'est la preuve que non je le savais ! Alors pourquoi elle… Putain de… Raaaaaaa. De rage je m’attache les cheveux pour ne pas être tenté de les arraché. Je ne l’aime pas putain ! Mais elle devrait revenir si elle dit la vérité non ? Alors pourquoi elle ne revient pas hein ? C’est le chaos dans ma tête et j’étouffe ici. Je prends mes affaires. Un t-shirt de merde, un short assez long qui me tombe sous le genou et mes chaussures en toile sans chaussettes. Je sors et me dirige vers le Bar où je l’ai rencontrée. Ce bar ou elle a ses « habitudes » de petite conne qui dit des mensonges de merde pour me faire vriller. Ouais, ça fait des jours que je ne dors pas que je tourne en rond que c’est le bordel dans ma tête et elle… Elle fait quoi ? RIEN !!!! Je boue de l’intérieur, je vais exploser, c’est quoi cette rage, je ne comprends même pas.

J’arrive dans ce bar. Deux connards en treillis de camouflage me dévisagent et je les dépasse sans un regard. Je pousse la porte et je cherche. Je trouve Lilly. Elle est à une table. Je vais m’élancer, mais elle est avec des tas de mecs autour d’elle. Elle sourit et dans sa tenue de soldat elle est… Elle est… Putain, elle est belle ! Alors c’est ça ?!! Elle me dit, je t’aime et elle est occupée avec d’autres !!! Ouais donc c’est faux, je le savais ! Je vais aller lui dire et quand elle regarde vers moi, je me planque littéralement pour pas qu’elle me voie. Putain, je fais quoi là ?!!! Je tremble de tous mes membres et j’ai chaud et froid à la fois. J’ai l’impression de tout voir trouble. De l’air. Je suffoque, il me faut de l’air. Je sors en hâte pour respirer et bouscule les deux mecs du début qui me demandent si j’ai un souci. Je leur tourne le dos et respire n’écoutant pas. Tout semble aller mieux, mais la douleur revient. J’ai mal en dedans. Le gars s’impatiente et me met la main sur l’épaule et me tourne. « Alors quoi connard ? Tu nous bouscules et tu ne dis pas pardon ? » Je le dévisage et baisse les yeux sur son treillis avant de prendre mon air de petit con arrogant avec un sourire énervant.

« Désolé beau militaire, ton camouflage foret en pleine ville était si parfait que je ne vous ai pas vu. »

Je baisse les yeux et de l’index lui désigne son entrejambe.

« Oh, regarde, on voit ta bite. »

Il baisse les yeux et je relève l’index pour lui taper le nez en faisant Ooops… Trop, c’est trop. Le bras du mec se lève. Je tourne même le visage pour bien la prendre. Son poing éclate ma joue et ma tronche résonne. Waow. Il cogne bien. Il frappe mon ventre et me coupe le souffle. Il me redresse et me lance « t’as ton compte petit merde ? »

« C’est ce que tu dis à ton papa quand tu lui fais les fesses ? »

Le mec vire au rouge et me tire dans une ruelle avec son pote. Ils me jettent au sol en m’insultant. Ils me crachent dessus et me rouent de coups de pieds. Oh putain oui ! Éclatez-moi bordel. Allez y à fond pas de retenue. Quand ça se calme, je relance en ricanant.

« C’est tout ? Vos mères frappent plus fort que vous mes salopes… »

Et c’est reparti. Ils sont furieux et se déchaînent pour me faire fermer ma gueule. Allez, je sens encore mon corps finissez moi comme il faut les mecs ! Je suis encore conscient là !!!

Dans la vie il y a ce que l’on peut dire puis il y a ce que l’on souhaite dire, mais qu’on ne dit pas. En ce que me concerne, la balance, penche plutôt du côté de non-dit par choix. J’embouteille pour ne pas blesser et j’absorbe sans savoir quoi faire de tout ce que j’accumule. Parfois ces choses je les écris avant de les partager et parfois non. Je ne regrette pas d’avoir texté Aaron, deux petits mots lourds de sens et de conséquences que je me devais de dire avant d’imploser. Deux petits mots qui n’ont pas eu droit au juste retour du balancier. Ça va, je comprends, enfin je crois comprendre. S’il acceptait de s’ouvrir à moi, s’il me disait pourquoi il souffre et ce que je peux faire ou ce que je ne dois pas faire pour lui venir en aide se serait plus facile. Ça va, tout va bien, les heures se sont écoulées depuis le moment ou mes doigts ont pesé sur le bouton, envoyer >, des heures que se sont transformées en jour. Deux jours que j’ai passés chez moi à tourner en rond et à faire du ménage et de la cuisine de façon compulsive. Je dois l’oublier, passer à autre chose, mais à chaque tentative de supprimer son nom de mes contacts quelque chose me retient. Je ne peux vivre dans l’attente éternellement et c’est avec courage que j’ai décidé de sortir ce soir. Courage ou idiotie, les deux concepts ne font qu’un malheureusement. C’est vrai quoi… sortir pour faire quoi ? Me saouler la gueule ? Si je fais, je vais réussir à l’oublier, mais pour combien de temps ? Rester chez moi me rend dingue et sortir m’angoisse. J’ai tout de même décidé de sortir et après avoir essayer plus d’une douzaine de robes différentes, mon choix c’est arrêté sur mon uniforme militaire puisque je ne sors pas pour impressionner, alors à quoi bon ? Je n’ai personne à impressionner de toute façon. Au moins, comme ça, je ne sortirai pas du lot, je vais me fondre dans la masse…

Je me rendu à ce bar que j’aime tant et je me suis assis à l’une des tables. Sofia est venue me voir rapidement avec ma consommation préférée à la main et elle a pris quelques minutes de son temps pour discuter avec moi, ce qui m’a redonné le sourire. Ensuite c’est Mario qui est venu s’asseoir avec moi, puis Julian, Henry et Rick. Les deux premiers travaillent en cuisine avec moi alors que les deux autres me sont inconnus. Les deux inconnus me sortent le grand jeu, flirtent et caressent mon égo meurtri, ce qui me fait sourire… sans plus. Tout va bien, non ? Oui, jusqu’au moment où je sens un regard se poser sur moi, un regard connu. Lorsque j’ai finalement tourné mon visage, une ombre familière a semblé traverser mon champ de vision. Aaron ? Certains des visages se trouvant près de la porte prennent un air colérique… Je continue de regarder quand j’entends l’en des gars dire qu’un connard de civil les avait bousculés… Un civil ? Je ne devrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais je vais m’en mêler quand même. La curiosité tue, je sais, mais à part quelques claques sur le popotin je ne risque rien avec ces mecs-là. Je me lève donc pour sortir à m on tour et une fois dehors j’aperçois la même ombre familière être trainée dans une ruelle. C’est au pas de course que je me rends à l’entrée de cette ruelle et ce que j’y vois est laid, très laid.

« C’est tout ? Vos mères frappent plus fort que vous mes salopes… »

Il a dit quoi ? Mais il est suicidaire ? Je dis ça parce que, ce que je vois, se sont deux soldats sur le point de passer au rouge. Deux taureaux en colère parce qu’on agite un drapeau devant leur regard. Je m’approche, encore sous le choc.

C’est fini oui ou c’est moi qui vais vous péter la gueule !!!

Oui, je sais, ce n’est pas très brillant comme tentative de faire descendre la pression et alors ? Mais le truc, ben ça marche puisque les coups ont cessé.

Tu veux mon poing sur la gueule ou pas ?

Le mec il rigole… IL RIGOLE… je déteste quand les mecs rigolent comme ça, quand ils se croient supérieurs parce que plus grand et plus costaud et je finis par lui envoyer ma droite à la figure. Je n’avais pas prévu qu’il tente de m’en coller une à son tour, réflexe idiot, j’imagine, mais je me suis retourné par terre à mon tour avant qu’une gang de soldats s’en mêle. C’est bien d’avoir des copains parce qu’ils m’ont suivi dehors et que maintenant, les deux idiots sont trainés vers le bar sous le cri des autres. Je fais signe à Mario que tout va bien, mais il ne m’écoute pas comme d’habitude. Tant pis… Je rampe jusqu’à Aaron avant de poser mes doigts dans son cou. Oui mon premier réflexe est de savoir s’il est mort ou pas. Je pleure déjà comme une nouille alors deux ou trois larmes de plus ou de moins….

Pourquoi t’es aussi con Aaron hum ? T’es suicidaire ou quoi ?

Mes fesses se posent au sol et lentement, je le retourne avant déposer sa tête sur mes cuisses.

La prochaine fois que tu auras envie de recevoir une raclée, fais-moi signe OK ? Je vais me faire un plaisir de te péter la gueule.

Les larmes coulent encore alors que mes doigts glissent dans ces cheveux.

Une réponse par texto aurait suffi, pas besoin de jouer au héros, tu sais ?

Même si dans les faits, le héros c’est moi, mais inutile de le mentionner.

Pourquoi je suis allé là ? Pourquoi j’ai besoin de faire toujours des choix à la con ? Pourquoi tout ça revêt subitement une importance capitale dans mon cerveau et me fait aller faire ce genre de conneries de l’espace ? Quel besoin j’avais de venir dans ce bar à militaires ? Pourquoi je devais aller me confronter à cette… Connasse trop parfaite avec un direct du droit de l’enfer ? Je ne comprends pas. J’aurais juste dû ignorer son message et continuer ma route. Alors pourquoi je suis là ? Pourquoi je fuis ? Pourquoi je provoque subitement ces deux cons pour les pousser à me mettre la race de ma vie ? Évidemment, en 4 secondes, je suis ramassé et traîné dans cette ruelle me débattant pour le principe, mais j’attends les coups avec envie. Aller, j’ai besoin de me faire tellement cogner que je vais ressentir la douleur dans mon corps pendant encore des jours et des semaines. Ça part bien, le plus nerveux des deux a une bonne cadence et il ne cherche pas à frapper dans le ventre ou là où ça ne fait pas mal. Il m’avoine bien là où je vais le sentir. Ses poings sont des briques. L’Amérique est sauvée avec un gars comme lui dans nos rangs ! La nation est fière de vous soldat ! Son pote semble hésiter et retient son copain. Oh ben non, on commençait juste à s’marrer… Je me mets à me moquer d’eux en insultant leurs mamans. C’est fou ce truc avec les mecs. On touche à leur maman et hop ils partent en vrille. C’est comme allumer la lumière. Et encore je n’ai pas sous-entendu que leurs mamans faisant du sex aveux eux sinon, c’était encore pire, mais on dirait que nos beaux militaires sont tout de suite hyper réactifs aux insultes et c’est reparti. Je mange des coups qui n’ont plus de retenue. J’en prends de tous les côtés et peu importe comment je me tourne, tout ce que je me ramasse fait mal. Soudain, j’entends un cri et ça s’arrête. Je me tourne et regarde et… Oh merde… Elle m’avait vu… Fais chier putain.

Elle s’en prend aux deux gars et en frappe un. Tiens, je connais la sensation que ça fait de se le manger celui-là. Mais contrairement à moi, le soldat lui, il sait comment encaisser ça et il la frappe au visage. Je vois subitement rouge, mais mon corps est trop douloureux. Je parviens juste à lever péniblement le pied pour lui taper la cheville sans grand effet. Heureusement y’a genre un troupeau de soldats qui viennent sauver la jolie blonde et s’occuper des deux qu’ils font rentrer avec eux dans le bar. Ou est Lilly ? Elle rampe vers moi et me demande pourquoi je suis aussi con et si je suis suicidaire.

« La science cherche encore et oui pour la seconde question. »

Elle se pose au sol et je me retrouve la tête sur ses cuisses et je la regarde par en dessous. Elle me demande de la prévenir la prochaine fois que je veux une raclée. Comme si elle était du genre à m’en foutre jusqu’à ce que mon visage soit une pauvre bouillie sanguinolente… Elle se met à pleurer et je roule des yeux pour cacher que je n’aime pas ça. Je regarde ailleurs alors qu’elle me dit qu’une réponse par texto aurait suffi et que je n’ai pas besoin de jouer au héros.

« C’est toi qui es venue me sauver le cul pas l’inverse. »

Je suis de toute façon incapable de me battre. Si je frappe quelqu’un, c’est moi qui aurais mal. Je suis incapable de me battre si j’écrase un moustique, il survivra et va me faire l’enfer pour ma tentative de meurtre échouée. Je regarde la jolie Lilly penchée sur moi. Elle pleure encore et me caresse les cheveux.

« C’est bon arrête de chialer… J’aurais pas dû venir… C’était très con. »

Tiens ça pourrait être le titre de ma biographie : « C’était très con, le résumé de la vie d’un paumé qui n’a rien fait de bien et ne laissera aucune trace en ce monde », c’est pas mal, je devrais commencer à l’écrire. Ou alors je fais juste une livre avec des pages blanches et au milieu écrit en petit « ahahah je vous ai bien niqué ». Je me mets à rire un peu et merde ça fait mal aux côtes et partout dans le corps tiens. Putain, j’me sens nul et inutile et j’ai juste envie d’aller me cacher sous un meuble et y mourir. Pourquoi j’ai cette tendance débile à vouloir sans cesse faire des trucs sur une impulsion et le regretter dans la minute d’après ? Je me tourne et je tente de rouler sur le flanc pour me remettre à 4 pattes et me relever et y aller. C’est un bon plan en 4 étapes.

« Je vais y aller je… »

Je me tourne et mes bras et mon corps cessent de fonctionner et je roule et me retrouve à plat ventre sur le bitume la joue contre le sol le corps si foudroyé de douleur que je n’arrive pas à me redresser ni à faire appel à mes muscles pour m’aider à me soutirer à cette position humiliante…

« … Et merde… »

Mon plan a foiré dès la phase 1. Putain, je ne vais quand même pas devoir en plus lui demander de l’aide pour me remettre debout… Bah, au pire, je reste comme ça, je fais une sieste et demain, on me relèvera bien non ? Pourquoi j’ai sommeil et j’en ai un peu marre soudainement de cette soirée pourrie ?

Si vous me demandez pourquoi je tiens tant à ce mec, je ne pourrais malheureusement pas vous donner une réponse claire et précise. Je tiens à lui, c’est tout. Vous demandez aux oiseaux pourquoi ils volent? La réponse serait parce qu’ils le peuvent, point barre. J’aime son côté petit con. Ma conscience sait qu’il agit ainsi pour cacher quelque chose, un truc énorme et même si ma curiosité me tue, je ne peux pas exiger de lui qu’il me déballe sa vie. Un peu de confiance de sa part ne serait pas de refus, de la confiance et autre chose que du dédain dans le regard. Je lui ai avoué l’aimer et pourtant mes mots ne semblent pas avoir trouvé preneur. Préservez mon cœur, je devrais. Cessez de penser à lui mieux encore se serait. L’entendre me dit que oui, oui il est suicidaire est vraiment difficile à digéré. J’ai essayé, encore et encore, en vain. Toujours ce dédain…

« C’est toi qui es venue me sauver le cul pas l’inverse. »

Raaaah !!! J’ai envie de lui en foutre une autre, c’est malin.

Oui c’était con, c’était même très très très con.

Je continue à lui caresser les cheveux, parce que passer le temps avant l’arrivée de l’ambulance est tout ce que je peux faire en ce moment même. Puis ça me permet de rester calme moi aussi, calme et moralement stable. Me faire dire d’arrêter de chialer a été un coup bas que j’aurais surement du mal à oublier.

« Je vais y aller je… »

Quoi ? Mais de quoi tu parles ? Tu ne…

Et merde ? ET MERDE ? Il veut que je lui en fasse du ET MERDE dans le front ? Je l’aime cet homme, moi, OK ? Je l’aime et le voir agir ainsi me tue à petit feu. J’ai presque honte de lui avoir avoué que je l’aime. Honte, déception et culpabilité, voilà les émotions qui m’assaillent par vague depuis tout à l’heure. C’est ma faute s’il est là, si sa vie est en danger et si sa souffrance a atteint le sommet de l’Himalaya. Si je ne lui avais rien dit, tout cela serait rester bien ancré dans les méandres de nos imaginations.

Aaron…

Ma voix est douce, trop douce. Il mériterait que je le botte le cul, mais je ne peux pas. Non, au lieu de cela, je me suis penché au-dessus de lui afin de l’aider et se tourner sur le côté.

Je ne pleure plus OK ? Je ne pleure plus alors inutile de me fuir OK ? Je suis désolé d’avoir…

D’avoir quoi au juste ? À part lui avoir dit que je l’aime ? Après avoir essayé de lui avoir cuisiné un petit truc ? Désolé d’être celle que je suis ?

Je… je vais te laisser OK Aaron ? Je vais aller à l’hôpital avec toi et ensuite je vais te laisser seul. C’est ma faute tout ça et je regrette d’avoir insisté. Je suis désolé de ne pas avoir compris plus rapidement et euuuh… je suis désolé aussi de ne pas être à la hauteur. Je… Si tu me promets de faire attention à toi, je te promets que je ne vais plus t’importuner OK ? Promet moi Aaron, j’ai besoin de savoir que tu feras attention, même loin de toi, surtout loin de toi.

Poussez-vous, mademoiselle !!

J’ai sursauté bien sûr, mais j’obtempère le plus rapidement possible sans toutefois poser le moindre geste pouvant détériorer son ça. J’ai même fait quatre pas vers l’arrière pour libérer l’espace, chose qui manque cruellement dans cette ruelle. Mon cœur bat au rythme de mon anxiété, à celui de ma peur. Je fais quoi s’il refuse les soins ? Je ne peux pas le relever seul et il refusera que je demande l’aide de mes collègues j’en suis persuadée.

Faites attention !!

J’ai presque hurlé ces mots, presque. Même ma respiration me semble trop bruyante.

Mademoiselle, vous allez bien ?

Quoi ? Je hoche de la tête pour qu’ils me laissent tranquille. Ils ne sont pas là pour moi, je ne suis rien, je ne suis pas importante. Seul Aaron est important et si je dois faire une attaque de panique, alors je vais attendre qu’il soit hors de danger. Oui, je sais, ce genre de truc ne se contrôle pas, mais moi je vous dis que je vais attendre et c’est comme ça que tout va se passer. Il est la priorité… ma priorité.

Si vous cherchez "intelligence" ou bon sens dans le dictionnaire, c’est définitif, vous ne verrez pas ma tronche… Je suis encore en train de me demander pourquoi j’ai eu cette brillante idée ce soir ? Pourquoi ? J’en sais rien du tout bordel. Je ne suis ni intelligent ni capable de faire un truc qui soit logique et censé quand il s’agit de moi ou de cette espèce de… Fille… Avec ses yeux-là… Merde pourquoi son regard me fait toujours l’effet de plonger au fond de ma tête ? Elle m’a dit m’aimer et pourtant elle… Elle ne fait rien… Ouais, normal, je passe mon temps à l’envoyer chier et quand elle arrête de me chercher, c’est moi qui y vais… C’est définitif, je suis le roi des cons. Mais l’avantage pour moi, c’est que si c’est confirmé à l’instant ce n’est pas une nouvelle qui va me faire tomber par terre de surprise… D’ailleurs, elle confirme que c’était très con de venir. Je suis noyé par sa douceur alors qu’elle me caresse les cheveux et je réalise qu’elle est encore en train d’être parfaite et qu’avec ses yeux inquiets et son joli visage et ses cheveux et même son treillis à la con alors qu’on n’est pas en foret… Elle est trop jolie. Bon, c’est bon, je me casse. Je tente une fuite et je me foire incapable de me relever du sol tellement j’ai pris des coups. Finalement, je retire ce que j’ai dit. Ces deux connards savent vraiment bien taper… Elle m’appelle par mon prénom et m’aide à retourner sur le côté et se penche sur moi. Soudain, elle me dit qu’elle ne pleure plus et qu’il est inutile de la fuir. J’écarquille les yeux sans comprendre de quoi elle parle ? Pire, elle se dit désolée. Mais de quoi ?

Je la regarde éberlué par tout ce qu’elle raconte. De quoi elle parle ? J’me trouvais gratiné à la base, mais pour le coup… Ils sont combien dans sa tête ? Elle n'a rien capté au truc en fait. Je vais sans doute régler quelques petits détails d’incompréhension quand les mecs arrivent pour me soigner ? Ça va laissez moi respirer arrêtez vos conneries, je n’ai pas pris de balle non plus.

« Okay stop vous me lâchez les baltringues tout va bien, j’ai juste pris deux trois coups et ils n'étaient même pas forts. Et puis vous faites paniquer la dame. »

Je me dégage assez vivement. Je n'ai pas envie d’aller à l’hôpital putain. Qu’ils aillent sauver des gens qui ont besoin au pire, je crève et… Je crève et on s’en branle en fait.

« Aidez-moi à me lever et ça suffira. »

Les mecs s’exécutent et je m’adosse au mur doucement. Le gars me regarde, je crois qu’il vérifie que je ne suis pas ivre. Je le regarde en soupirant.

« C’est bon déstresse, je vais souffler deux minutes et c’est bon. »

Le gars me foudroie du regard et s’approche, je me penche à son oreille.

« J’essaye d’impressionner la dame steuplé mec… »

Le gars sourit et s’en va avec son collègue. Je reste seul avant Lily qui est encore toute chamboulée. Merde, je ne sais pas quoi faire moi. Je ne sais pas consoler les gens. Je regarde autour de moi, y’a rien pour m’aider et je me sens aussi stupide qu’un poulet qui viendrait de trouver un couteau. Je regarde Lily un peu gêné de ne rien trouver à dire. Son regard est si perdu que je ne sais plus quoi dire.

« Tu veux heu… Je ne sais pas… Un câlin ? »

Un câlin sérieusement ? Mon cas est définitivement foutu, je crois. Ou alors j’ai pris trop de coup dans la tête et le cerveau a décidé de faire grève ? Allez savoir.

Je suis la plus conne des connes. Je lui ai craché un paquet de conneries à la tronche, des mots que je ne coulais pas dire et que j’ai quand même vomis. Pourquoi je lui ai dit que j’allais lui foutre la paix hum ? Pourquoi je lui ai dit que je regrettais d’avoir insisté ? Je ne le regrette PAS DU TOUT et surtout… je n’ai pas insisté tant que ça… si ? Peut-être en fait, qui sait… J’ai ce mec sous la peau et je donnerais n’importe quoi pour qu’il m’aime ne serait-ce qu’un dixième de… oubliez ça OK ? Je viens de dire que j’allais prendre mes distances et me voilà qui laisse l’espoir refaire surface. VA CHIER ESPOIR DE MERDE. Le pire c’est que sa combativité me fait sourire. Je me réjouis de ne pas être la seule à se faire chier avec son égo de merde. J’ai presque envie de plaindre les deux ambulanciers, mais secoue tout de même la tête quand je les vois tourner les talons. MERDE… PETIT CON… je devrais le laisser crever… Je devrais, mais je ne peux pas. En fait, j’ai plutôt envie de lui arracher la tête en ce moment.

Un câlin ?

Dire que je suis bouche bée ne serait pas à la hauteur des sentiments qui m’habite. Je suis figée, certes, mais de colère, de peur, de frustration, d’impatience, d’incompréhension, de tristesse et j’en passe, soit un cocktail dangereux.

Un câlin ?

Je radote et alors ? Il y a tant de mots qui se bousculent qu’aucun ne réussit à prendre le devant sur les autres. Tout ce que j’arrive à faire c’est le regarder et pleurer, oui, encore, il semble que ce soit ma marque de commerce en présence d’Aaron.

Je veux bien !

Ce sera surement le dernier et je compte bien en profiter au point de pouvoir graver ce moment de douceur dans le tiroir de mes plus beaux souvenirs. Je m’approche donc, lentement, au cas où il changerait d’avis et tout aussi lentement, je l’enlace de mes bras. Mon visage est collé sur son torse. J’essaie de ne pas trop le serrer, il a assez souffert comme cela, mais je ne peux malheureusement pas m’en empêcher. Je prends tout ce que je peux prendre, siphonne la moindre parcelle positive qu’il me permet de prendre, grave ce dernier moment et le savoure. Mes larmes coulent encore, mais pas parce que sa condition me peine, pas cette fois. Cette fois je pleure pour moi, pour le mal qui va bientôt s’emparer de moi. Je n’ai jamais laissé aller dans le passé, la ligne a toujours été tracée par un tiers. Cette fois je suis celle qui trace, qui délimite la fin, le début, une histoire qui se terminent dans la douleur afin d’avoir le droit de guérir. J’aurais accepté de me noyer avec lui, mais même ça il ne le souhaite pas. J’ai tellement besoin de lui et pourtant je desserre les bras et roule, un demi-pas à la fois. Si mes larmes n’inondent plus mes joues, elles inondent mon cœur. Même le regarder dans les yeux est difficile…

Aaron ?

Voilà… courage. Mes yeux croisent les siens et d’une voix faible je réussis à me libérer.

Au revoir !!

Il a toujours mon numéro de téléphone, non ? S’il change d’idées, il pourra toujours me rejoindre… NON, MAIS FOU MOI LA PAIX ESPOIR DE MERDE. Aaron ne veut pas de moi et bien que je le comprenne, je ne veux pas l’accepter.

Je vais t’attendre aussi longtemps que je le pourrai…

… mais pas éternellement. Hélas ces trois derniers mots n’ont pas franchi mes lèvres. Il ne me reste plus qu’à tourner les talons, ce que je fais, les larmes coulent de nouveau, mais cette fois il ne peut pas les voir. Je veux mourir…

Bordel, une fois que les ambulanciers se sont tirés et que je me tiens droit en ayant mal partout et en maudissant le truc suintant qui me sert de cerveau, je la regarde, elle a l’air mortifiée, ne sachant pas si elle doit m’achever en me boxant à mort ou si elle doit m’insulter, rire, pleurer, hurler… Et moi, je lui propose un câlin. Elle répète ma proposition tant elle doit la trouver stupide et décalée et plus, elle la répète, plus moi-même, je me dis que je suis une fois de plus le dernier des cons. Cette idée est débile, mais elle me dit alors qu’elle veut bien. Elle se jette dans mes bras et avant que je réalise elle m’enlace et son parfum m’attaque directement les narines. Je lui ai dit qu’elle était canon en tenue de militaire ? En plus elle est toute bronzée et elle sent le soleil. Sa peau dégage un parfum halé qui extasie de mes sens. Je la serre alors qu’elle pleure contre moi. Je me sens idiot et surpris de ses larmes. Bordel pourquoi je suis venu ici moi ? Je déconne à plein régime… Bon okay ça, je le savais déjà, je dois dire, mais là, c'est devenue la plus évidente des évidences. Puis, elle se détache de moi et me regardant, elle m’appelle avant de me dire au revoir et de se décaler. Je la regarde surpris alors qu’elle me lance qu’elle va attendre aussi longtemps qu’elle le pourra. Attends quoi ?!!! Mais elle me fait quoi là ? Elle me tourne le dos et s’en va ? J’ai soudain une réaction de colère, puis de peur, de terreur infinie. Pourquoi j’ai la sensation que si elle part c’est terminé ? Pourquoi c’est subitement aussi intense et violent en moi ? Pourquoi mon corps se déplace seul alors que j’ai mal partout, mais que je ne sens rien à cet instant ? Rien d’autre que la douleur de me dire qu’elle va partir pour toujours ?

Je me retrouve derrière elle en un instant et enroule mes bras autour de sa taille. Je la colle à moi et respire pour calmer la panique qui m’étreint alors que je suffoque presque d’angoisse. Je la serre le visage dans son me tenant derrière elle, la gardant avec moi dans cette ruelle encore un peu. Mais qu’est-ce que je fais là ?

« Attends… Juste un instant… Ne me laisse pas… »

Je rassemble mes idées, je veux qu’elle comprenne. Qu’elle sache que mon cerveau est un foutu bordel. Que j’ai juste connu l’enfer depuis ma naissance. Que j’aie été poignardé par mon père après qu’il a tué ma mère. Que j’avais quatre ans quand il m’a enfoncé ce couteau dans le ventre avant de se jeter par la fenêtre. Qu’on m’ait sauvé et que je suis allé en maisons d’accueil pendant des années avant de tomber dans la pire de tout et de rencontre Alice. Puis d’en tomber amoureux et finalement de tout plaquer pour partir avec elle. Puisqu'Alice est morte. Et qu’elle m’a fait jurer avant de partir de vivre pour elle. De ne pas me tuer et que chaque jour, je m’accroche pour tenir ?

« Je… Je ne veux… Pas que tu… Cesse de t’accrocher à moi… »

Je suis un horrible connard. Pourquoi je demande ça a cette femme extraordinaire que je ne mérite pas. Mais elle ressemble tellement à Alice. Elle a ses airs, ses expressions. Elle a ses cheveux et dans sa silhouette, il m’arrive de la revoir. Et ça me ravage. Parfois ça m’attire et ça me tue à la fois.

« … Je sais que je suis affreux avec toi. Tu ressembles à… La seule personne qui ait jamais compté pour moi. Et que j’ai perdu… »

Je lutte pour contenir mes larmes.

« Je déteste ta ressemblance autant qu’elle me plait. Parfois, j'ai envie de t’avoir avec moi, de te serrer fort, d’être doux, de te combler de douceur. Et la seconde d’après, tu m’horripiles avec ta douceur. Ta gentillesse et ta beauté me donnent envie de tout casser autour de moi. »

Je me mets à trembler et serre encore ma prise.

« Je suis incompréhensible et je ne sais pas si je vais arriver à changer mais… Je… J’aimerais… Ne cesse pas de… Supporter mes incohérences… Je vais être horrible et incohérent. Mais s’il te plait… J’ai envie que tu restes. »

Même moi, je n’y comprends rien. C’est le bordel. Est-ce que je viens de lui demander de continuer de ramper, de s’accrocher et de se faire malmener ? Je suis la pire des merdes. Pourtant, je viens embrasser son cou doucement. Je veux qu’elle m’adore et qu’elle continue de s’accrocher à moi de toutes ses forces même si c’est stupide et que je ne la mérite pas du tout.

« S’il te plait… »

Il n’est pas facile de me faire lâcher le morceau quand je mords dedans à pleines dents, mais je finis tôt au tard par me rendre compte que je ne suis pas la bienvenue. Il m’en aura fallu de temps avec Aaron pour comprendre qu’à ces yeux je n’ai qu’une bonne baise, et encore. Ça fait mal, un coup de poignard en plein cœur, je saigne et j’agonise, mais j’essaie de ne pas le montrer. Mettre un terme définitif à cette relation, ici et maintenant, n’est certes pas l’idée du siècle, mais si je ne le fais pas pendant que j’en ai le courage, jamais je ne le ferai. Il aura fallu d’un dernier câlin pour me décider. J’ai littéralement aspiré tout ce que je pouvais de ce câlin afin de survivre durant quelques jours. Je suffoque déjà de son absence alors qu’il est toujours là. Lui dévoiler la suite, l’idée que je me fais de notre futur ne semble pas lui plaire. Certes il a été surpris, qui ne le serait pas ? Tourner les talons est difficile, douloureux, mais je le fais quand même. Ce ne sera pas la première fois que je pleure pour un homme qui ne m’aime pas. Je les attire comme les lumières attirent les insectes.

« Attends… Juste un instant… Ne me laisse pas… »

Ces bras ont enlacé mon corps. Je ne voulais pas qu’il ressente mes frissons ni qu’il entende mes hoquets de tristesse. J’ai beau essayer de ne rien laisser paraitre, mais j’échoue lamentablement sur toute la ligne.

« Je… Je ne veux… Pas que tu… Cesse de t’accrocher à moi… »

Pendant que mes larmes coulent, j’essaie de garder le silence, espérant des mots encourageants de sa part, une raison de rester. Ces aveux devraient me plaire ou, à tout le moins, mettre un pansement sur mes plaies et pourtant non. Je ne veux pas qu’il m’avoue être affreux avec moi. Je ne veux pas non plus savoir que je ressemble à celle qu’il a aimée parce que c’est bien ce qu’il essaie de m’expliquer non ? Je ne comprends pas comment je peux lui plaire une seconde et l’horripiler la seconde suivante. Je suis peut-être simple s’esprit ? Comment la douceur d’une personne peut à ce point réveiller la bête ? N’a-t-il jamais eu droit a des mots gentils ? Des caresses ? Un regard bienveillant ? Puis je ne suis pas jolie…

J’ai envie que tu restes.

C’est difficile de comprendre ces paroles et quelque chose me dit qu’il n’en comprend pas le sens lui non plus. Incompréhensible, je veux bien le croire, mais ne pas savoir s’il arrivera à changer ?

Aaron…

Les baisers qu’il déposent au creux de mon cou me font flancher. Son < s’il te plait > me plante un poignard en plein cœur. JE ne peux pas et je ne veux pas le laisser là, seul, emmêler dans sa douleur.

Je ne te demande pas de changer Aaron, mais seulement de cesser de me repousser. Je… C’est d’accord, je reste, mais seulement si tu me dis son nom. Qui est cette femme qui a tout pris ? Je devrais la détester et pourtant je l’admire. Elle a réussi là où j’ai échoué. Je…

Je me retourne de peine et de misère, lance à mon tour avant de reprendre.

S’il te plait, ne me garde pas auprès de toi seulement parce que je lui ressemble. Je… je vais appeler un taxi et te ramener à la maison OK ? Chez toi tu pourras t’allonger et te reposer.

J’aimerais dire chez nous, mais nous n’en sommes pas là du tout hélas. C’est à peine si j’y suis la bienvenue dans ces moments de folie. Pardon, non, dans ces moments de comment il a dit déjà ? Incompréhension ? Même ce mot je n’arrive pas à lui donner un sens approprié.

On verra demain si…

Si tu me veux encore près de toi. Je manque de positivisme, je le sais, mais qui me jettera la première pierre ?

Bordel ! C’est le bordel !!! Pourquoi j’en suis là moi ? Pourquoi je la retiens encore alors qu’elle veut sans cesse aller sur le terrain que je déteste le plus ? Pourquoi elle me rappelle autant Alice ? Pourquoi elle veut la connaitre ? Pourquoi elle m’a dit qu’elle m’aimait ? Je fais tout pour qu’on me déteste, j’ai été odieux avec elle. Je l’ai charmée un soir juste pour m’assurer d’une baise torride avec une fille qui me rappelait Alice… Merde, c’est là que j’ai merdé. J’aurais dû fuir cette femme dès les premières secondes et je ne l’ai pas fait. J’ai voulu retrouver Alice un soir, une simple nuit. Un simple moment et voilà le résultat. Je ne la supporte pas et pour autant je suis complètement accroc et incapable de la dégager. Et, on dirait que je lui fais le même effet. C’est confus, c’est tellement incohérent tout ça et je m’embrouille totalement dans ce monde complètement stupide et dénué de sens. Elle me demande son nom et ma coquille se referme. Aucune chance que je lui parle d’Alice. Pas ici. Pas comme ça. Pas maintenant. Elle se retourne toujours dans mes bras. Putain même en militaire, elle est magnifique. Elle me demande alors de ne pas la garder près de moi parce qu’elle ressemble à Alice.

« Non, je n’ai… Ce n'est pas pour ça… »

Je ne veux pas le dire. Je n’ai aucun intérêt à lui dire. C’est confus et je ne peux pas lui parler de choses aussi douloureuses parce que je suis une merde lorsque je le fais. Ça me détruit totalement et pour l’heure seule Mattia a pu constater de ma déchéance quand je le fais. Mon regard la fuie tant qu’on parle des choses déplaisantes quand elle me parle de taxi et de me ramener, de m’allonger et me reposer. Je la regarde et quand elle commence à me parler de demain, je lui fais fermer sa gueule en posant ma bouche sur la sienne. Ma langue plonge sans attendre dans sa bouche. Mes mains se ferment autour de son visage et je l’embrasse tendrement durant de longues secondes.

« N’essaye pas de résoudre des trucs chez moi. Pas besoin de parler. Soit juste là. »

C’est tout ce que je demande. Je ne peux pas faire face à tout ce que j’ai pu vivre. Pas encore c’est pas possible pour moi. Je réagis dans tous les sens et avec autant de force que j’ai mal pour contrer cette douleur infâme qui me transperce l’âme de part en part. Je la regarde dans les yeux et j’espère que mon regard lui fait comprendre que j’ai besoin d’être bien plus en confiance pour pouvoir parler de tout ça.

« Tu te sens capable de pas parler ce soir et de me prendre comme je suis quitte à m' envoyer chier très fort quand je vais le mériter ? »

C’est une des clefs pour que ça tienne un moment, ensuite, on trouvera comment tenir un peu plus ou autrement si elle le veut toujours. Mais, je ne parlerais pas d’Alice pour le moment. C’est un peu trop pour moi. J’attends sa réponse pour la ramener chez moi. Ouais, je vais la ramener, je refuse de repartir sans elle maintenant. Allez comprendre mon cerveau, même moi j’y comprends rien.

J’essaie de me protéger. J’essaie, mais c’est plus difficile que tout cela en a l’air. Je n’ai jamais été douée pour penser a moi avant de penser aux autres et encore moins douée quand les autres sont des hommes qui me plaisent. Je ne suis pas < dépendante affective >, non pas du tout. Je refuse de l’être. Je sais que je m’attache au sexe opposé rapidement et solidement, mais je ne suis pas ce que tout le monde pense que je suis. Bon, oui, OK, je suis exactement ce que les gens pensent que je suis, mais moi je préfère me comparer à un bébé koala. C’est franchement plus mignon que de se coller l’étiquette de < dépendante affective >. Puis… un koala, quand on en a marre, on le prend, on le dépose plus loin et tadam, le tour est joué. C’est exactement l’opportunité que je viens de lui offrir, une chance qu’il ne semble pas vouloir prendre. Une chance qu’il est fou en l’air en m’embrassant comme si rien ne s’était passé entre nous. Sa tendresse fait regrimper le koala.

Quoi ?

Ne pas résoudre des trucs ? Ne pas parler ? Être là ? Mais il pense que je suis ou depuis tout ce temps ? Le pire c’est qu’il m’est impossible d’être fâchée contre lui comme il m’est impossible de lui refuser quoi que ce soit. Je ne comprends pas pourquoi il agit ainsi et pourtant, en ce moment même, je m’en moque. Être juste là je peux le faire et peut-être qu’ensuite il me verra avec un œil nouveau… ou pas. C’est difficile de voir les rayons de soleil quand les nuages se bousculent pour les cacher. Mon côté optimiste en a pris un coup sur la gueule aujourd’hui et pourtant je me relève, prête à lui offrir ce qu’il souhaite afin de ne pas le voir prendre le large. Je l’ai sous la peau, cet homme, je n’y peux rien moi.

« Tu te sens capable de pas parler ce soir et de me prendre comme je suis quitte à m’envoyer chier très fort quand je vais le mériter ? »

Je hoche doucement de la tête en guise de réponse. Je ne me crois pas capable de l’envoyer chier, mais me taire, ça, je peux. Me taire et le prendre dans mes bras s’il le souhaite. Me taire et le laisser m’embrasser si notre nouvelle intimité l’inspire un peu. Ce sera difficile de ne rien dire, de garder mes pensées pour moi, mais je peux le faire, non, je vais le faire si c’est le prix à payer pour pouvoir le garder près de moi encore un peu. Au pire j’aurais le cœur brisé plus tard non ? Aujourd’hui, dans deux jours ou dans 6 mois ou est la différence ?

Je te ramène chez toi Aaron et je resterai près de toi dans le plus grand des silences.

J’ai eu envie d’ajouter que j’étais prête à être et à faire tout ce qu’il voudra, mais je me suis retenue de justesse. Je sais que mon côté pot de colle ne lui plait pas et plus j’essaie de ne pas coller… plus je colle.

D’accord ?

Il m’a déjà précisé ce qu’il souhaitait, mais je ne peux me retenir de lui reposer la question. Je ne l’aurais pas le laissez là, jamais je n’aurais pu poser un geste de ce genre, mais jamais je n’aurais osé m’imposer non plus. Pas aujourd’hui dans tous les cas et probablement pas demain non plus. Il ne me reste qu’à appeler un taxi et à aider Aaron à y monter. Le reste de l’histoire devra s’écrire une minute à la fois sinon je vais le perdre… je ne veux pas le perdre.

Lily est ce genre de personne, trop douce, trop belle, trop idéaliste, trop… Parfaite ! Elle fait chier. Elle croit qu’elle peut tout résoudre… Non elle ne peut pas ! Elle m’agace avec sa perfection. Elle veut trop faire de choses pour moi. Je ne suis pas capable. Je ne suis pas prêt. Je ne peux pas plonger dans cette eau noire et y trouver ces choses qui me terrifient et qui m’accablent. Non, je ne veux pas regarder en moi et voir les choses terribles qui s’y cachent et quand elles remontent un peu, libérant quelques miasmes qui remontent à la surface je joue un rôle détestable avec elle. Avec d’autres. Je suis odieux et je passe pour un connard parce que c’est plus facile qu’on ma catalogué ainsi et qu’on me jette aux ordures plutôt que de gratter la peinture pour voir l’état de la carrosserie… Lily veut trop m’aider. Et en faisant cela elle me braque et je suis encore pire. Cependant, je lui offre un partie de la solution. Ouais j’arrive pas à la laisser filer comme je le fais avec les autres et ouais ça me fait chier d’avoir autant besoin de la voir parce qu’elle me fait du bien autant qu’elle me remue et que ça me brasse terriblement… Elle accepte de me ramener chez moi et qu’elle restera dans le plus grand silence. Je fais non de la tête.

« Je t’ai pas demandé ça, essaye juste de… Ne pas chercher à me soigner. À me comprendre. Je vais encore faire le connard c’est sur. Dans ce cas frappe-moi, insulte-moi, envoie-moi chier ou part. Y’a rien d’autre à faire avec moi. »

Ne perds pas ton temps… C’est un peu ça et pourtant je suis encore à lui courir après quand elle le fait pas. Je me sens idiot et perdu. Putain je devais demander à Mattia de créer un décodeur pour mes phrases et mes pensées débiles. Comment je dis à cette femme géniale a qui je fais vivre l’enfer que j’ai besoin qu’elle soit là quand je le veux et qu’elle dégage quand je vais mal pour que je ne lui fasse pas du mal parce qu’elle mérite pas ça ? Je suis juste con et je ne mérite même pas qu’elle me regarde. Mais bon c’est juste pas possible de rester de marbre face à cette douceur qu’elle dégage. Elle fait chier. Elle est trop parfaite. Alors qu’on attend le taxi je la regarde et je lui dis.

« T’es ultra-canon même avec cette tenue de militaire à la con, tu sais… »

Je fais une grimace, mon nez me fait mal. Ils tapaient dur finalement pour des fillettes ces deux beaux soldats en uniforme.

« … Faudra que tu enlèves un bouton pour que ton décolleté ressorte plus… »

Le taxi arrive alors que je lui fais un sourire de branleur. Quand on rentre dans la voiture, je donne l’adresse et le mec démarre. Dans le silence de la voiture et du smooth jazz qu’il passe sur son autoradio je prends la main de Lily dans la mienne et je la caresse avec mon pouce en regardant dehors nonchalamment… Le trajet se passe vite et je la laisse payer. De toute façon j’ai pas de fric. Au pire je peux aller chez moi et ramener mon portefeuille. Le taxi se tire et elle est là avec moi.

« Aller entre, j’ai besoin d’une douche. Tu peux m’attendre et te servir dans le frigo ou… Venir avec moi ? Si t’as envie… »

J’accepte, je dis oui, j’acquiesce, je suis prête à faire tout ce qu’il demande et encore là il change d’idées. C’est moi qui suis lente ou c’est lui qui explique mal ? Je suis une mauvaise élève ou c’est lui qui enseigne avec des outils datant de l’âge de pierre ? Il veut que je sois silencieuse et puis il ne le souhaite plus. Silencieuse dans le genre ne pas chercher à le soigner ? Ça, je peux, ne pas chercher à le comprendre ? Genre… Hein ? Me demander de na pas chercher à le comprendre serait l’équivalent de demander à un cuisinier de ne pas lire la recette, d’y aller au hasard. Ça va quand tu connais la recette par cœur, mais quand ce n’est pas le cas tu risques de tout massacrer non ? Puis… Je ne suis pas un bibelot… Je dois être là sans être là, parler sans parler, le côtoyer sans essayer de le connait, de le comprendre… Ou alors un bibelot qui parle de temps en temps ? Une lueur de confusion brille dans le fond de mes prunelles j’en suis persuadée, mais brille-t-elle assez fort pour être vue ? Sans parler qu’il m’avoue qu’il fera encore le connard ce qui signifie que je vais devoir encaisser et me taire, mais toujours sans essayer de le comprendre. Ça va devenir frustrant tout cela, je vous le jure. Je crois qu’il sait que je l’ai dans la peau, mais je ne peux pas vivre une journée à la fois, je dois savoir, j’ai besoin d’un mot sur ce lien qui est le nôtre. Je continue avec la suite ? Le frapper, l’insulter, l’envoyer chier ? Et si lui dire tout cela le blessait ? Jamais je ne me le pardonnerais…

« T’es ultra-canon même avec cette tenue de militaire à la con, tu sais… »

JE NE DOIS PAS ROUGIR ! Merde… Je ne dirai pas merci, peut-être que ma gêne passera inaperçue. Toutefois, avec son histoire de bouton, j’ai envie de faire exactement ce qu’il m’a demandé de faire, soit le frapper, mais je m’en abstiens. Il a de la chance, il vient d’être sauvé par le taxi. Y monter sera plus intelligent que de l’achever d’une claque mal placée. Un trajet fait en silence, sous la douceur de ces caresses. Si peu, mais assez pour me garder en vie aussi. Je paie avec grand plaisir puis le suit chez lui. Je m’attends à ce qu’il me laisse l’aider à se mettre au lit, à nettoyer ces plaies pour ensuite me demander de partir. Ça va, je comprends… Je comprends même si je ne dois pas essayer de comprendre. En fait non, je ne comprends pas pourquoi il m’invite à le rejoindre sous la douche. Je secoue la tête avec douceur avant de lui répondre qu’il est préférable que je reste juste là. Je le laisse donc aller nettoyer la saleté de la ruelle, celle collée sur sa peau pendant que je retire mes propres vêtements afin d’enfiler l’un de ces t-shirts. Je me dirige ensuite vers le frigo ou je prends quelques pommes, fruits que je coupe en tranche avant d’aller m’installer sur le canapé, les jambes repliées sur moi-même.

J’ai coupé quelques pommes, j’espère que ça te va.

Je crains de dire ce que je ne suis pas censée dire. J’ai peur d’en faire trop, encore, avant de me faire montrer la porte. Je ne veux pas de cette porte, moi ce que je veux, c’est son pouce qui me caresse avec douceur jusqu’à la fin des temps. Je veux l’homme… Je veux l’homme dans sa totalité.

Je… j’ai enfilé l’un de tes vêtements en me disant que je pouvais juste… être là. Dommage qu’il n’y ai pas de bouton sur ce t-shirt.

Ça détendra l’atmosphère ?

Tu aurais mérité une claque pour ça, tu sais ? Tu as de la chance d’être déjà amoché.

J’allais ajouter que j’avais eu pitié, mais je me suis retenu pour qu’il ne le prenne pas dans le mauvais sens.

À moins que le BDSM te branche bien sûr !

Le quoi ? Oh, bon Dien, je ne peux pas croire que j’ai dit un truc du genre. La honte !

Le pire dans cette histoire ? C’est que j’aime bien cette petite nénette mais parfois, elle m’agace profondément avec sa douceur. Elle est trop… Prévenante et douce avec moi, ça me donne des envies de lui foutre des claques dans la gueule pour voir ce qui se cache sous le vernis de perfection et de douceur qu’elle possède. Elle est parfaite en tout point et ça me fait chier. Parce qu’elle s’agrippe à moi avec cette férocité incompréhensible alors que je suis une sorte de merde immense et inutile et qu’elle me donne une valeur qui n’est pas la mienne. Je déteste ça. Elle devrait me détester. Me trouver con. Elle a été un coup d’un soir génial et elle y revient, elle s’attache et plus je la malmène plus elle en redemande… C’est énervant et excitant à la fois. J’aime ça autant que ça me fait chier. Comment je peux avoir dans le même temps besoin d’elle et envie qu’elle dégage ? Comment je peux avoir envie de la baiser et de lui faire des misères à la fois ? C’est fatiguant. Mais que je crois que si elle arrête d’essayer de me sauver à tout prix ça sera parfait… Oui voilà… Qu’elle arrête de vouloir me sauver à tout prix…

Une fois entré, je vais à la douche et lui propose de venir. Ouais bah j’ai mal partout, un peu de savonnage ça me plairait bien… Bon elle refuse en disant qu’il est préférable qu’elle reste là. Sérieusement ? Elle revient avec moi, chez moi et en pleine nuit et genre ça lui semble mieux de m’attendre ici pendant que je me douche ? J’aurais sans doute dû lui sortir un panneau de 12 par 24 « J’ai envie de te baiser !!!! » Pour qu’elle comprenne mieux ? Je hausse les épaules et me rends sous la douche. Okay j’ai la tronche un peu rougie mais rien de grave. Je retire mon t-shirt et là… Okay j’ai des bleus… J’ai pas mal ramassé en fait. Elle tapait plutôt fort la jolie petite merde avec son amoureuse… Je me lave comme je peux et reviens vers Lily avec ma serviette autour de la taille. Je la regarde alors qu’elle a enfilé un de mes t-shirts… Sérieusement elle ne pouvait pas se foutre à poil ou garder sa tenue militaire mais en ouvrant la chemise pour montrer ses seins ? Elle a coupé des pommes qu’elle mange les jambes repliées contre elle sur le canapé. Elle me demande si ça va qu’elle se soit coupé des pommes.

« Ouais bien sur tu fais comme chez toi. »

Pourquoi je me sens maladroit ? Elle me parle du vêtement et ironise qu’il n’y ait pas de bouton à dégrafer. Ouais, tu pourrais carrément le jeter et rester seins nus en fait… Elle précise alors que je mérite une claque pour ça et que j’ai la chance d’être déjà amoché avant de rajouter une réflexion sur le BDSM. Je hausse un sourcil et la regarde avant de lui répondre.

« Si j’te dis que j’aime ça tu va me fouetter le cul avec ta ceinture ou tu va te transformer en chienne soumise ? »

Bordel Aaron espèce de connard fini, ça ne se dit pas ce genre de choses ! Je me gratte la joue comme si je réalisais que je venais de dire une connerie. Pourquoi cette fille me fait à chaque fois naitre des sensations bizarres et contradictoires ? Je viens piquer un morceau de pomme avec deux doigts et le porte à ma bouche.

« J’ai une préférence pour la pastèque perso… »

Mais ce n’est pas un reproche. Je me sens idiot d’être allé la chercher et pour tout ce qui s’est passé ce soir. Je m’assois à côté d’elle sur le canapé et lui lance alors.

« Je suis… Désolé pour ce soir… J’ai déconné… Encore… »

Je ne vais pas m’étendre sur le sujet c’est déjà beaucoup trop pour moi d’avoir dit ça et je ne vais pas m’épancher. Je pose une main sur sa cuisse et la caresse doucement.

« On va au lit ? Si t’as pas envie on fera que dormir »

Si ma dernière phrase m’a mortifiée, sa réponse m’a presque achevé. TUEZ-MOI !!! Enfin non, je ne veux pas mourir, mais j’ai cette honte qui me brule les entrailles, je ne vous raconte pas. Il doit s’en être rendu compte vu mon silence, vu son changement de sujet. Peut-être est-ce la rondeur de mes yeux qui lui ont mis la puce à l’oreille, je ne sais pas, mais le mot < pastèque > est le bienvenu. Je le regarde ensuite prendre place à mes côtés, puis referme la bouche dès qu’il ouvre la sienne. Je suis d’accord avec lui. Il a déconné, mais déconné solide et pourtant je ne suis pas fâchée. Sa main se pose sur moi et ces caresses sont douces, chaudes et invitantes.

T’es un idiot, Aaron !!

Mon timbre de voix est joueur quand avec une douceur infinie, soit tout pour lui éviter la moindre douleur, je m’installe à califourchon sur ces cuisses.

Je n’ai pas envie de dormir et je n’ai pas envie d’aller au lit.

J’ai peur de lui faire mal.

Guide-moi pour ne pas te faire mal.

Cette demande frôle la connerie du siècle, mi-chuchoté, mi-gloussé, entrecoupé de baiser dans le cou et de coups de bassins maladroits qui n’ont probablement jamais touché leur cible. Pendant que je lui demande son aide, j’ai dû mal à ne pas me l’imaginer au lit, les fesses bien relevées, attendant que je les lui claque avec force. Je sais qu’il pourrait encaisser plus que la moyenne des gens avec la raclée reçue ce soir, il pourrait devenir mon souffre-douleur dans un claquement de doigts et pourtant je veux tout sauf ça. Mes oreilles seulement l’entendre crier, mais de plaisir seulement. Puis je ne connais à toutes ces conneries de BDSM, je ne sais même pas pourquoi ces quatre lettres ont franchi la barrière de mes lèvres pour commencer. Dire qu’il a rouspété est d’ailleurs au-dessous de ma capacité à le comprendre… ou pas. Il m’a déjà baisé comme une chienne non ? Je ne peux pas nier avoir aimer être baiser de cette façon et pas seulement parce que c’est lui qui offrait, mais bien parce que l’idée à elle seule m’a donné des frissons de plaisir supplémentaires. Ce n’Est pas dans la normalité, mais je veux, je peux essayer pour lui.

Si… Si je te dis que le mot chienne m’excite ?

Je me suis reculé pour faire passer ma chemise, pardon, sa chemise par-dessus ma tête. C’est donc complètement nue que j’observe ces réactions.

Je… dis quelque chose !

J’ai oublié que la patience est une vertu et aussi tôt le mot < chienne > sortie de ma bouche, me voilà qui le supplie presque pour qu’il brise le silence. Mes mains qui glissent derrière sa nuque empoignent ces cheveux afin de tirer sa tête vers l’arrière. J’ai envie de lui dire que je suis prête à tout pour lui plaire, mais je m’en abstiens sinon ça va mal se finir. Au lieu de cela je me contente de l’embrasser avec fougue, tentant ainsi de lui transmettre toute ma passion. Mes coups de bassin sont devenus plus agiles, je peux le sentir sur mon entre-jambe. Il me demanderait de m’auto baiser en me frottant sur sa cuisse comme une chatte en chaleur je le ferais. Je crois que j’irais même jusqu’à me rouler en boule ou même à miauler pour lui plaire. Je dois moins parler pour mieux agir…

J’ai besoin de toi Aaron !!

Besoin de toi en moi, besoin de savoir que tu ne me laisseras pas tomber, besoin de me réveiller à tes côtés, d’entendre ta voix, de voir ton regard glisser sur moi, besoin de tout ce que tu es et plus encore. Des mots que je ravale tel que promis.

Bon okay ma réplique sur le BDSM n’était pas la plus fine que j’ai dans mon catalogue, mais d’un autre côté aussi j’ai tendance à dire ce genre de conneries en permanence mais j’ai la sensation d’avoir été le roi des cons ce soir et j’ai l’impression que je m’enfonce à mesure que j’ouvre la bouche et c’est de pire en pire. Alors quand finalement je lui propose qu’on dorme, je crois que j’ai juste envie de l’avoir contre moi et de dormir. Demain, avec un peu de chance je serai sans doute moins con… Le pire c’est que ça peut toujours s’aggraver… Elle me traite d’idiot et c’est un doux euphémisme, je suis tellement plus que ça et à des degrés de folie… Mais si elle me traite d’idiot, elle démontre douce et vient s’installer à califourchon sur moi. Elle me déclare ne pas avoir envie de dormir ni d’aller au lit. Elle me regarde et me demande de la guider pour ne pas me faire du mal. Elle me murmure ça et m’embrasse dans le cou alors qu’elle ondule contre moi. Je reste surpris de la voir aussi pleine de désir pour moi. C’est un peu bordélique.

« J’ai juste besoin que tu me recadres quand je suis con et invivable et que tu ne te laisses pas malmener… Et ne cherche pas à résoudre mes soucis. »

C’est tout ce que je demande. Si je fais chier, qu’elle m’envoie chier, et qu’elle me laisse dans ma merde quand je m’y vautre comme un moins que rien. Mais a force de baisers, de caresses et de câlins, elle commence à me donner envie et la voilà qui me dit que le mot chienne l’excite. Putain c’est sorti de nulle part ça. Puis elle se recule et voilà qu’elle vire sa chemise et s’affiche seins nus devant moi. Je la regarde éberlué. Okay je savais qu’elle était foutrement canon mais… Putain elle était vraiment aussi canon que ça les autres fois ? Je la contemple et voilà qu’elle me demande de lui dire quelque chose. Je secoue la tête comme pour m’arracher à la contemplation de son corps nu assis sur mes hanches et cherchant quoi dire mon cerveau fait une étrange association.

« Belle… Chienne ? »

Non mais sérieux ? J’ai vraiment dit ça ? Oh et puis merde. Je viens plaquer ma bouche contre la sienne et entrouvre mes lèvres pour venir chercher sa langue de la mienne. Je vais encore dire de la merde si je l’ouvre encore. Je l’attire contre moi encore plus fort et alors que ma langue danse avec la sienne, je réalise ce qu’elle m’a dit et lui met une claque solide sur le cul. Elle résonne dans la pièce avant de m’arracher un sourire.

« Alors comme ça t’aime te faire appeler chienne ? »

Je souris et roule en l’entraînant avec moi. Ma serviette tombe et je me retrouve sur elle à l’embrasser avant de quitter sa bouche pour venir embrasser son cou et le mordiller doucement. Je descends et lentement je viens empoigner ses seins de mes mains et les massent en la regardant avant de promener ma langue sur eux avant de venir lui mordiller ses tétons pour les sucer tour à tour. Je souris en la regardant de nouveau dans les yeux.

« Et est-ce que tu aimerais être ma chienne ? »

Okay y’a pas deux minutes je voulais dormir sagement et là je commence à me chauffer à l’idée de faire une séance de domination avec elle ? J’ai fondu un plomb ou quoi ? Je la nargue avec délice parce que je sens dans son regard qu’elle aime ça et… Bah moi ça me plait… Beaucoup. Elle dégage un truc qui me plait énormément, quittant ses seins, j’embrasse son ventre et descends le long de son corps avec une lenteur savoureuse et trouve son sexe que j’embrasse délicatement avant de venir la lécher doucement remontant ma langue en la foudroyant de mon regard pénétrant alors que ma langue s’attarde avec délice sur son clitoris avant de recommencer à glisser le long de son intimité avec douceur.

Une minute j’ai envie de lui foutre mon poing sur la gueule, l’autre je me dis qu’il n’en vaut pas la peine, que je devrais le laisser tomber, puis il me sort des mots doux, des yeux pleins d’émotions contradictoires et je ne sais plus. Je reste, lui donne une autre chance, accepte que j’aie besoin de lui plus que je suis en mesure de le comprendre. Puis je lui demande, lui offre de m’appeler < chienne >, de faire de moi sa chose et j’ai l’impression qu’il se moque. Est-ce que j’aime me faire appeler ainsi ? Je ne sais plus… oui ? Est-ce que j’aimerais être sa chienne ? Oui, non, oui, non, oui… Il fait quoi ensuite ? Ces baisers et ces caresses m’enivrent, ils obscurcissent mon jugement déjà affaibli par mes sentiments pour lui. Je dois refuser, je ne dois pas céder et pourtant je cède et hoche de la tête puisqu’au départ c’est moi qui ait demandé. Un élan de spontanéité que je ne regrette pas. Dormir ? À quoi cela sert-il ? On peut dormir après non ? Se retrouver, s’aimer puis dormir en petite cuillère.

Mhmmm !

Je perds la tête. Si mon corps respirait la luxure quand sa bouche s’attardait sur mes seins, il est maintenant complètement à sa merci. Ce serait bien s’il pouvait avoir plus d’une langue non ? Une pour chaque sein, une pour mon ventre, une pour mon intimité et une dernière pour danser avec la mienne. Franchement ? J’ai du mal à imaginer les sensations que pourraient me procurer toutes ces langues quand j’ondule avec seulement une. JE suis peut-être une vraie chienne finalement non ? Femme avide de caresses et de frissons. Femme empressée de plaire pour un regard amoureux. C’est nul, mais vrai et je n’ai pas honte de le penser, mais honte de le lui avouer. De toute façon, il veut que je le recadre quand ça n’ira pas, que je ne le laisse pas me malmener, que je ne tente pas de régler ces soucis. Je ne le laisserai plus malmener mon cœur, mais je n’ai pas accepté pour ce qui est du corps.

Déconne encore Aaron, déconne avec moi, pour moi.

En gros ça veut dire quoi ? Aucune idée, mais je sais que je veux juste le voir oublier ces conneries de début de soirée pour les remplacer par des conneries plus enivrantes, voire même inoubliables. Si sa souffrance mentale est plus à facile à gérer quand le corps souffre tout autant, alors je veux moi aussi crier de douleur pour oublier. Nous avons tous une douleur qui nous poignarder de temps en temps et la mienne a un prénom.

Essaie avec moi…

L’homme portant ce prénom sera celui qui me fera oublier, mais j’aurais pu être plus précise dans ma demande. Pourquoi parler avec précision quand on ne peut rien dire de bien précis ? Hum ? Il ne peut lire dans mes pensées, hélas.

Essaie ces trucs sur moi, ce BDSM, je veux, je peux essayer et… et si ça ne va pas je te promets que ce sera moi qui te donnerai la fessée.

J’ai parlé de BDSM sans réfléchir et lui, comme moi, semble ne plus savoir quoi en faire. En discute, pique, discute, pique et discute de nouveau. C’est-ce qu’on appelle tâter le terrain, je pense non ? On avance un peu et on attend la réaction de l’autre et ainsi de suite. Pour des adultes majeurs et vaccinés, on est ridicules. Il m’a déjà baisé rudement de toute façon, ça ne pourra pas être dix fois pire n’est-ce pas ?

Aaron… S’il te plait…

Je veux plus que sa langue, plus, plus, plus. Après toutes ces émotions je veux qu’il me prouve qu’il est à moi, enfin, disons plutôt que je souhaite le voir me prouver qu’il essaiera. Je veux toute sa passion, pour moi, maintenant. J’en viens même jusqu’à empoigner ces cheveux avec force, comme si je voulais que sa douleur devienne la mienne. Le plaisir qui me parcourt me rend pathétique.

Cette fille… Putain cette fille a un pouvoir démentiel sur moi. Elle me rappelle trop de chose. Sa douceur, sa façon d’être… Tout en elle me rappelle ce que j’ai perdu et combien je suis seul et malheureux sur cette planète de merde. J’ai plus gout à rien parfois et je fais des choses pour les faire, mais elle, elle est toujours là. Elle est sans cesse à verser une larme sur le con que je suis et que je continue d’être. Je suis odieux avec elle et elle accepte là où d’autres m’auraient déjà broyé les couilles avec un morgenstern… Mais alors que je ne sais pas si on doit se faire la bise et dormir chacun de notre côté du lit, j’ai subitement envie de la baiser comme une salope mais elle me semble avoir envie d’un truc mignon en missionnaire, plein de douceur et tout en tendresse et… Soudain, elle est sur moi à califourchon se frottant en me parlant de faire d’elle ma chienne et retire son putain de t-shirt pour finir à poil devant moi. Sérieusement, mon cerveau bug totalement à cet instant précis. Elle me fait des demandes étranges, elle parle beaucoup, mais nu elle est torride et son visage d’ange est magnifique et son regard de déesse… Je crois que j’ai envie et besoin d’elle. Je l’allonge et joue avec elle de mes doigts et de ma langue, je la nargue et je veux jouer mais rapidement elle m’en demande plus. Je crois que ce soir elle ne veut pas un truc doux, elle veut que je la malmène… Je la regarde quand elle me supplie. Mon regard change et je lui pose un baiser sur son sexe avant de dire.

« Si ça va trop loin, crie tequila… »

Ça sera mon signal pour me calmer. Je saisis ses hanches et la tourne pour la mettre à plat ventre sur mon lit. Je regarde son cul et cale une violente claque dessus qui résonne dans l’appartement. Elle se cambre et relève la tête. Je saisis ses cheveux de ma main libre et tire dessus avant de lui foutre encore deux trois claques sauvages sur son cul.

« Mauvais point pour toi chienne, tu veux baiser et tu n’as pas de capote… »

Je me penche sur elle et mords son oreille, fourrant deux doigts en elle pour la doigter avant de coller ma joue à la sienne pour qu’elle regarde dans la même direction que moi.

« Le tiroir de la table de nuit… Dépêche-toi salope… »

Je me redresse mais bien loin de la laisser ramper, je claque son cul et tire ses cheveux. Quand elle parvient à avancer assez malgré la douleur, sa main ouvre le tiroir et plonge dans ma réserve de capote et j’ai la main sur sa nuque. Je me suis placé entre ses cuisses ouvertes et à moitié couché sur elle pour la bloquer, mon sexe nu frotte contre le sien sans ménagement, poussant parfois mon gland sans le faire pénétrer entièrement…

« Tu attends quoi chienne ? Ton maitre veut baiser… Agrippe une capote putain… »

Soudain mon sexe nu plonge d’un coup en elle et je la martèle sans attendre, me dressant pour venir la plaquer au matelas mes deux bras tendus sur ses épaules pour la clouer au lit alors que je la baise sans protection pour la première fois avant de lui dire d’une voix ardente.

« Enfile-moi une capote ou j’arrête ce que je fais… »

Si parfois je ne me reconnais pas, si parfois j’ai l’impression de regarder une autre moi à travers une fenêtre, un miroir vers une autre dimension, il faut avouer qu’Aaron est pire, bien pire. Il est le feu et la glace, il peut changer d’un état d’âme à une autre dans un claquement de doigts. Enfin, je ne sais pas s’il est de cette façon avec tout le monde ou juste avec moi, qu’importe, cela m’est bien égal. Je peux même dire que j’ai l’habitude, mais ça se serait idiot de me l’avouer et de l’accepter. Déjà que j’étais sur le point de la quitter définitivement et pourtant, je suis encore à. Il est ma lumière dans le noir, le phare de mon bateau perdu en mer, le seul rayon de soleil qui pousse mes pétales à s’ouvrir tout grand afin d’en absorber le maximum. Plus j’y pense et plus je me trouve conne. J’étais prête à le laisser là, seule, dans la ruelle. Pourquoi je l’aime autant hum ? Pourquoi je ne peux simplement lui faire le plus beau des doigts d’honneur avant de tourner le dos ?

J’ai besoin de lui et peu importe ce qu’il me donne, je prends. Je prends et offre comme maintenant. Je ne me souviens plus comment la discussion à déraper vers ce jeu ou tous nos sens sont mis a contribution, mais je veux jouer. Je veux m’abandonner, essayer, tenter de ne plus être celle qu’il tente d’essayer de fuir pour être celle avec qui il veut être. Ce n’Est pas clair et pourtant tout est si limpide. Je ne veux pas changer qui je suis, je veux seulement lui démontrer que je peux être plus que ce qu’il connait. Je peux apprendre et me transformer au fil du temps. Rien n’est écrit à l’avance. Rien de vaut la peine d’être vécu si on ne le vit pas dans les moindres détails. Je le veux et je suis prête à essayer. Mes demandes semblent l’avoir un peu déboussolé et pourtant il accepter de jouer.

Si ça va trop loin, crie tequila… »

Ok !

OK ???? J’ai acquiescé au mieux vu les sensations qui me menacent déjà de me faire perdre pied. Serait-ce cette nouveauté qui allume mes sens ? Et quelle nouveauté ! Il vient de me retourner avec une telle vigueur que mes yeux ont eu du mal à suivre, sans parler des claques qui tombent je couine, me cambre et grogne quand il me remet sur le nez qu’aucun de nous n’a pensé aux capotes.

Oh ouiiii !

Oui pour les doigts en moi et oui pour la table de nuit. Sa bouche contre ma joue, douceur après la douleur de sa morsure, me donne envie de souffrir davantage. Je crois que ce jeu où le feu devient mon allié me plait. J’essaie d’obéir à son ordre, ramper, atteindre le tiroir, mais il m’en empêche, me force à désobéir. Chaque claque résonne telle une promesse. Chaque mot d’où coule la perversité me donne l’envie d’essayer de lui plaire davantage.

Oui pardon !

Je fais ce que je peux ! Je sais qu’il veut baiser, que mon maitre veut baiser et la chienne en moi, celle qui voit le jour cherche à atteindre le même but.

Fuuuuuck oui !!

J’ai presque avalé ma salive de travers quand il a poussé sa bite en moi, sans capote, à nu. Il faut une première fois à tout, mais je dois avouer que celle-là, je ne m’y attendais pas du tout. Je ne m’attendais pas non plus à ce qu’il me menace de mettre fin à cette baise torride si je n’arrivais pas à prendre un condom dans le tiroir.

« Enfile-moi une capote ou j’arrête ce que je fais… »

T’oserais pas…

Il oserait, je le sais, je le sens, je tente de me faufiler vers le tiroir le plus rapidement possible et une fois-là, l’ouvre, prend trois capotes et grogne quand je devine que me tourner sera plus difficile que prévu.

Aaron s’il te plait, j’ai besoin que tu me baises. Laisse-moi me tourner ou continue tes coups de reins à sec.

Peut-être pas la chose la plus intelligente à dire, mais je ne vais quand même pas me débattre et risquer de la blesser davantage quand même. À quoi j’ai pensé ?

Si je dois me débattre, je vais le faire, je te le jure, je ne te permets pas de me laisser en plan. Je vais finir le boulot de mes collègues Aaron… c’est une promesse.

AI-je été assez claire ?

Merde de merde !!! Cette femme est dangereuse. Quand je l’ai rencontrée, impossible de passer à côté, c'était elle, je la voulais absolument et j’aurai tué ce soir-là pour qu’elle me regarde et couche avec moi. Puis au matin après une nuit de dingue, elle était là et me regardait avec ces yeux qui fendillent en un instant, cette armure de petit con que je porte pour oublier que j’ai envie de crever à chaque respiration. Elle me rappelle que mon cœur souffre à chaque battement et sa douceur et cette manière pleine d’amour et de vénération qu’elle a de me regarder me rappelle trop Alice et ça me retourne en deux. Le pire, c'est que malgré ma tentative de la faire fuir, elle est encore là et cherche à me plaire et moi pauvre con je sais que je ne vais lui apporter qu’un océan de merde et pourtant je suis incapable de m’arrêter parce que je suis cette vieille ferraille et elle cet aimant qui m’attire encore et toujours. Enfin, elle est nue et elle est en train de me rendre fou tant la douceur de son visage contraste avec l’indécente perfection de son corps. J’ai rarement vu une femme aussi parfaite. Ouais je n'ai pas peur des mots. Elle est parfaite et c’est clair que je ne la mérite pas. Pas une seconde. Mais pour une raison qui m’échappe, elle semble s’attacher à moi presque malgré elle. Et le pire, c'est que j’ai envie de la tourmenter et je viens de comprendre qu’elle en avait envie aussi ? Elle est cinglée… remarque-moi aussi. Du coup, on fait la paire…

Je suis en train de m’attaquer chaudement à son corps que je caresse et doigte pour la rendre folle. Elle veut jouer les soumises et elle veut un vilain maître ? Bordel, je fais comment pour garder de la retenue ? Elle accepte de mot de sûreté et finalement, je lui ordonne de prendre une capote, mais à peine tournée, je m’agrippe à ses hanches et la pénètre sans protection. Je jubile alors qu’elle semble adorer ça et moi, je réalise que j’aime sans doute encore plus qu’elle… je tremble et ondule contre elle continuant mon délire de lui faire prendre une capote tout en continuant de la baiser sans et la menaçant sans retenue… je jubile et elle, elle est en train de paniquer à l’idée que ça s’arrête comme ça. Je souris amusé alors qu’elle me menace à son tour et je me redresse et agrippe sa nuque m’appuyant avec la main bras tendu pour la clouer au matelas, la joue écrasée contre alors que je continue de la marteler en soupirant quand ma main s’abat avec puissance sur son cul couvrant un instant ses soupirs de délice. Je gronde de plaisir et prends les capotes qu’elle a ramassé et les lui fait tomber sur le visage en souriant.

« À quel moment la chienne menace le maître ? »

Je souris et tire ses cheveux là forçant à tourner la tête en se contorsionnant et l’embrasse en la baisant, je prends alors ses poignets et habilement je les rassemble derrière son dos. Je prends la serviette que j’ai laissé sur le lit et l’attache. C’est pas hyper solide, mais on s’en tape, c'est pour l’image… je saisis alors une capote et collant ma joue à la sienne en venant me coucher sur elle sans cesser d’onduler mon bassin, je déchire avec les dents l’emballage et retirant la capote je viens embrasser Lilly avant de lui fourrer la capote dans la bouche et lui lèche la joue avant de me retirer et de venir frapper vivement sa joue avec ma queue avant de lui dire en tirant ses cheveux.

« Bien… alors comme tu es vilaine, je vais te punir. Tu as deux minutes pour m’enfiler cette capote avec ta bouche. Si tu échoues, je vais te frapper le cul jusqu’à ce que tu t’effondres. Si tu le l’enfile… on recommencera à baiser… compris sale chienne ? »

Je pousse le jeu et elle va probablement échouer non ? Au pire elle réussit et j’ai une autre idée pour l’embêter mais déjà je m’écarte d’elle et me tient à genoux sur le lit la queue raide et luisante de sa mouille qui nargue mon amante qui va devoir se redresse et venir sans ses bras me glisser la capote qu’elle a dans la bouche sur la queue… j’ai hâte de la voir échouer… et je crois que je vais passer une nuit magistrale… mes yeux brillent de bonheur à cet instant alors que j’attends de voir si elle va échouer ou se surpasser ?

Je perds les pédales. Mes amies me disent que cette relation pue, qu’elle empeste la douleur et le rejet. Elles pensent que son odeur devrait me faire fuir et pourtant je suis encore là. J’ai essayé, je lui ai offert de ne plus jamais le revoir et il a refusé. Je devrais être plus forte et le quitter, mais je ne le suis pas et j’ai accepté de lui offrir mon cœur une autre fois. Une dernière fois ? À chaque fois que je lui donne une autre chance, notre relation avance, ce qui me donne envie de redonner à l’infini. Cet homme n’est pas pour moi, il ne mérite pas mes pleurs, mes rires et mes soupirs. Il ne mérite pas de connaitre quels rêves sont les miens, qu’elles sont mes ambitions. Pourtant je suis encore là et je m’accroche comme un koala. Comment ne pas le faire dit le moi ? Chacun de ces regards me rend dingue. Je suis l’accro en manque de sa drogue, une substance en chair et en os qui entre et sort de ma vie sans s’essuyer les pieds à l’entrée.

Entre et sort… ironique puisque c’est exactement ce qu’il fait avec ma chatte. Je suis un peu déboussolé d’être ainsi baisé par Aaron. Oui, il m’a déjà baisé rudement, le problème n’est pas là, mais le faire sans capote et avec une autorité que je ne lui connaissais pas est étrange et enivrant. J’ai changé de fournisseurs et ma drogue, au lieu d’être coupée avec une autre substance pour en atténuer la pureté et les effets, est maintenant pure. J’ai un joyau entre les mains et pendant ce temps-là, au lieu « en profiter, je me pose mille et une questions. Je pousse même l’audace jusqu’à le menacer de finir le boulot… Qui est le plus con des deux ?

“À quel moment la chienne menace le maître ?”

Ces simples mots m’ont pratiquement fait passer le cap de l’orgasme. Je dois devenir sénile si me faire malmener décuple mon plaisir non ? Les parois de mon intimité étouffent sa queue quand il me tire par les cheveux, quand il m’embrasse tel un affamé et finalement quand il m’attache les mains derrière le dos. La douceur de sa peau, la chaleur de son corps, son souffle sur ma joue, ces lèvres… JE DEVIENS FOLLE. Il me demanderait de sauter en bas d’un pont et je lui demanderai de compter à rebours. Heureusement se qu’il me demande de faire semble moins dangereux que de tester la gravité. Semble… il veut que je fasse quoi ? Deux minutes pour lui enfiler une capote avec… la bouche ? Avec les doigts oui, mais avec la bouche ? Je ne savais même pas qu’on pouvait faire un truc du genre et je ne peux pas empêcher une lueur de panique de se glisser dans mon regard. Je peux commencer par le tourner dans ma bouche avec ma langue. Je dois oublier les dents pour une raison évidente. Parler est impossible si je ne veux pas bafouiller du n’importe quoi… Me faire frapper le cul jusqu’à ce que je m’effondre où baiser ? Il se fout de ma gueule ? C’est possible de passer d’une émotion de surprise et d’une de terreur avant de laisser une lourde colère s’insinuer dans le mélange ? Colère ou envie de provocation ? Moi qui ne ferai pas de mal à une mouche ? Moi qui n’ose dire ce qu’elle pense qu’une fois seule dans sa chambre à la nuit tomber ? Sa rudesse est aphrodisiaque…

Tu oserais ?

Après avoir craché le condom et après avoir levé un sourcil curieux, je lui demande s’il oserait. Avec un brin de folie, j’ai choisi la provocation.

Si tu veux baiser ma bouche, tu n’as qu’à demander.

Sur ce j’ouvre la bouche toute grande avant de sortir la langue, mortifier d’avoir prononcé des mots aussi vulgaires. Mon visage au grand complet doit maintenant être rougi par la honte qui me consume. J’espère que toute cette énergie perdue a dépassé mes limites en vaudront la peine. Ramper un peu plus jusqu’à lui afin de pouvoir lécher son gland de ma langue, tentation de céder à cet instinct plus animal. Je suis prête à tout pour qu’il soit enfin à moi, même essayée ce qui m’a toujours attirée, mais intimidé.

Je joue avec elle et j’adore ça. Mais le souci de cette femme c’est qu’elle absorbe toute volonté que j’ai d’être moi-même… Enfin non, elle absorbe toute cette capacité que j’ai à faire le gros con et le débile et qui me fait sans cesse devenir encore plus idiot et insupportable. Elle absorbe tout ça de moi et au final, il ne reste que moi. Moi, Aaron le pauvre gars merdique et mal dans sa peau qui se retrouve à crever de douleur… Alors je pousse le trait avec elle. Je viens de la pénétrer sans protection et finalement je m’arrête pour lui attacher les mains dans le dos et lui glisser une capote dans la bouche pour qu’elle me l’enfile… Mais rapidement, alors que je la menace de représailles, elle casse mon jeu en se montrant trop… Adorable… Putain… L’idée qu’elle me laisse volontairement… Putain… J’ai envie de la gifler tellement elle m’énerve et j’ai envie de l’embrasser tellement elle est adorable !!! Elle ouvre la bouche et tire la langue rougissant de son attitude autant que de sa proposition et moi je… Rougis de délice et d’envie… Elle rampe et se met à lécher mon gland et je me recule jusqu’à finir debout hors du lit. Elle rampe encore et je glisse mes doigts derrière sa tête. Je prends mon sexe alors que son visage dépasse du lit. À plat ventre devant moi, je frotte mon sexe raide sur ses joues, esquivant sa langue et la regardant dans les yeux.

« Je ne vais rien te demander salope… Je vais prendre. »

Je ne dois pas aller sur son terrain, je ne dois pas être doux. Elle veut me soulager, me satisfaire, me vider les couilles ? C’est parfait. Je vais l’utiliser comme un mouchoir dans lequel on se branle et qu’on balance… Putain non, je vais la réutiliser encore et encore… Je guide mon sexe et le plante dans sa bouche que je commence à baiser sans vraiment faire preuve de douceur. Je pousse sans attendre la forçant à prendre toute cette belle queue de 28 cm toute raide et gonflée d’envie au fond de sa gorge. Je tiens sa tête en place et coincée dans le lit, et attachée, elle subit. Je déforme sa gorge avec délice avant de m’arracher à sa bouche la laissant respirer alors qu’un filet de salive relie ses lèvres à mon sexe.

« Sur le dos vite. »

J’ai le regard qui brille. Elle se retrouve sur le dos et je dévore des yeux ce corps de déesse qu’elle affiche à mon regard. Je viens me placer au-dessus de son visage lui déposant mes couilles sur la bouche en venant lui pincer les tétons.

« T’as vraiment un corps de déesse… »

Je me recule massant encore son sein d’une main et de l’autre je fourre de nouveau mon sexe au fond de sa gorge mais cette fois je le laisse sans bouger quelques secondes la laissant suffoquer avant de sortir et de frotter mon sexe plein de salive sur son visage avant de recommencer en soupirant de plaisir…

Je deviens folle, je crois. Folle de lui ? Ce fait n’est un secret pour personne sauf pour lui. Je ne peux pas dire s’il le fait exprès ou s’il ne voit pas du tout l’effet qu’il a sur moi. Je lui pardonne tout, me jette à ces pieds sur demande et pourtant parfois j’ai l’impression d’être invisible. Parfois, mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. En ce moment non seulement il me voit, mais je suis le centre de son univers. Oui, le mot < univers > est énorme, mais il me fait du bien à moi, alors je le garde. Si on m’avait dit qu’il pouvait frôler la perversité divine, je lui aurais proposé de briser les barrières bien avant. Ce côté bad boy m’a charmé au premier coup d’œil et plus les jours se suivent, plus cette attraction primaire c’est transformé en passion affamée. Si hier je ne possédais plus de carte dans mon jeu pour le convaincre que je suis celle qu’il lui faut, j’en ai au moins une au moment présent. Une que je vais jouer quand plus aucun espoir ne brillera sur nous.

« Je ne vais rien te demander salope… Je vais prendre. »

Je disais ? N’est pas une passion torride que voilà ? J’ai accepté sa queue à froid sans rechigner et maintenant je veux le gouter avec la même passion. Inutile de quémander puisqu’après m’avoir fait languir en reculant, il a complètement bloqué mes voies respiratoires en poussant son pieu jusque dans le fond de ma gorge. La peur devrait prendre possession de mon esprit… ce n’est pas le cas. Je lui fais confiance, je sais qu’il n’est pas là pour m’étrangler avec sa queue, mais bien pour me soumettre à sa volonté.

*grande respiration bruyante*

Je m’attendais à ce qu’il replonge, me baise la bouche avec assez de rudesse pour me laisser avec une voix enrouée pour les deux prochaines semaines. Non, au lieu de laisser son instant animal prendre le contrôle, j’ai le droit de suçoter ces couilles avant de sursauter lorsqu’il pince l’un de mes seins.

Mhmmm

Je dois le dévorer avec une certaine délicatesse pour ne pas le blesser, alors que ma seule envie est de lui renvoyer autant de passion à la figure. Que dire de ce compliment qui me va droit au cœur ? Là où certaines demanderaient si ce compliment est lancé pour pouvoir mieux les baiser, moi je le prends tel quel, soit un compliment dans toute sa splendeur et rien de plus. Pourquoi tenter de m’amadouer alors que j’accepte tout ce qu’il me donne sans coup d’État ? Je grogne quand il est dans ma gorge pour y ajouter un petit plus et prendre de grandes expirations quand il me le permet, puis recommence le processus. Une fois, deux fois, six fois… Inutile de les compter puisque le but n’est pas de battre un record, mais de lui laisser prendre son pied ce qu’il semble faire pour le peu que je peux voir de son visage. Il est tellement dur que même les yeux fermés, je pourrais lire l’extase sur son visage, un brin de folie que j’aimerais bien le voir m’offrir en retour. Je ne peux pas utiliser ma bouche pour quémander, supplier, mais je ne peux retenir mon bassin d’onduler. Être encore sur le ventre je pourrais au moins essayer de me frotter contre le lit, mais dans cette position il n’y a que de l’air. Il ne suffirait que d’un doigt pour que je puisse me frotter comme une chatte en chaleur. Un doigt, une main, une langue… oh putain oui. Juste imaginer quelques coups de langue sur mon clitoris me fait couler comme un torrent. Mes grognements et mes gémissements s’enchainent jusqu’au moment où il se retire assez longtemps pour me laisser le temps de prononcer quelques mots…

Touche-moi…

Ma voix est suppliante, enfiévrée. Il n’est pas égoïste, il ne l’a jamais été et je me doute bien qu’après avoir craché son plaisir au fond de ma gorge son attention se tournera vers moi, mais c’est là, tout de suite, maintenant que je veux être touchée. Et si je serrais les lèvres un peu plus ? Tenté de lui infliger cette impatience qui me ronge ou lui en transférant un peu ? Si je serre assez fort, la douleur devrait le convaincre de ne pas me laisser en plan non ? Oui, serrer les lèvres, l’emprisonner pour qu’il ne baise plus jamais une autre femme sans penser à moi.

Merde ! Putain de bordel de merde. !!! C’est possible de me faire autant de bien, d’être à la fois aussi docile et parfaitement insupportable ? C’est qui cette meuf ? C’est intenable de délice de jouer avec elle. Elle est toujours là alors que je comporte comme le dernier des cons et elle me donne l’impression qu’elle adore ça. Que je peux déverser toute la merde que j’ai dans le cœur et dans la tête et qu’elle sera toujours là quoi que je dise ou fasse. Je tiens sa tête et décidé à la dominer, je la brutalise baisant sans gorge sans ménagement la privant d’air et la forçant à recevoir mon sexe aussi fortement que si j’étais entre ses cuisses. Et vu le morceau, on va dire qu’elle a intérêt à ne pas louper une respiration quand je lui offre une chance de le faire car sinon j’en connais une qui va tourner de l’œil. Le pire ? C’est que si au début son corps tressautait quand la pression devenait trop intense ou la douleur la piquait, elle est maintenant totalement détendue et abandonnée. Durant de longues minutes la pièce se remplie des bruits de sucions et de respirations bruyantes, de gémissements et grognements de plaisir. Je tremble et je la regarde faire. Je lui ordonne de se mettre sur le dos et me place sur sa bouche lui offrant mes couilles qu’elle dévore de sa langue alors que je lui pince un téton dévorant son corps du regard avant de venir lui enfoncer mon sexe dans la gorge dans cette position qui ne va lui laisser aucune chance. Je lui impose de se faire baiser la gorge dans cette posture brutale et violente. Et elle encaisse encore. Elle profite d’un temps de respiration pour me faire une demande. Je souris alors qu’elle ne peut pas me voir. Je me laisse tomber en avant mes jambes toujours au sol devant le lit. Je prends appuie sur mon bras gauche et lèche les trois doigts de ma main droite. Je me tiens en avant et tape de ces trois doigts sur son intimité comme pour donner une petite claque rapide.

Elle se crispe et se tend de plaisir. Merde, en plus d’encaisser ma queue comme une reine elle est déjà au supplice ? Je souris et recommence à donner des petites claques sur son intimité et son clitoris avec plaisir avant de sortir de sa bouche et de la tirer par les jambes dans le lit que sa tête cesse de reposer dans le vide. Je viens placer mes genoux de part et d’autre de sa tête et lui offre toujours mon sexe alors que je me place au dessus d’elle comme pour un 69, mais où l’homme est au-dessus. Je lui ouvre les cuisses de force et plonge sur elle avec ma langue la forçant à remonter le bassin pour m’offrir toute sa chatte sans que je n’ai à me démancher le cou. Je passe et repasse sur son clitoris que j’accable sans relâche avant de forcer la descente entre ses lèvres intimes venant fourrer ma langue dans sa chatte débordante de désir. Je profite de la pénétration de ma langue pour venir écraser son clitoris de mon menton avant d’agiter le visage pour que ma bouche, mon menton et ma langue lui caresse tout le sexe de manière désordonné pendant que je la laisse libre de venir baiser mon sexe avec sa bouche si elle le veut. Je joue contre sa chatte de ma langue avant de me redresser et de saisir ses cheveux pour qu’elle relève comme elle peut son visage et son buste. Je me rapproche et la biffle en me noyant dans ses yeux.

« Toujours amoureuse ? »

Je la biffle une nouvelle fois parce que je ne veux pas de réponse. Je ne veux pas entendre ça. Je veux lui prouver que je ne suis pas aimable ! Que je n’ai rien qu’on peut aimer. Je la repousse sur le lit la forçant à presque se tourner et agrippe ses hanches pour qu’elle se mette en place à 4 pattes. Je frappe son cul de ma queue avant de foutre mes doigts dans sa chatte pour la doigter comme un sauvage directement avec trois doigts avant de lui dire d’une voix forte.

« Écarte tes fesses… Et ferme ta gueule… Salope… »

Putain j’abuse. Mais il faut qu’elle sache ce que c’est que les ténèbres. Il faut qu’elle réalise qui je suis. Qu’elle découvre cette merde que je suis et qu’elle cesse de croire qu’elle m’aime. Que je vais la maltraiter et que ça n’a rien d’agréable…

Je ne sais pas si c’est Aaron qui me domine ou cette fièvre passionnelle qui me brûle les entrailles. Mon cerveau est prisonnier d’une brume dense et lourde, impossible de la couper au couteau et pourtant je n’étouffe pas. Cette prison ressemble à une chaude couverture qui aurait été déposée sur mon corps congelé par le froid d’un matin d’hivers. Je suis cinglée ? La force prise pour me baiser devrait pourtant me faire prendre mes jambes à mon cou, alors que c’est tout le contraire qui se produit. J’ai l’impression de contrôler ces gestes, jusqu’au dernier. Chaque coup de bassin pousse sa queue trop loin dans ma gorge, mais la douleur me fait grogner de plaisir.

Touche-moi…

Aucune idée d’où me vient le courage de demander. Surement cette fièvre, qui sait, mais je suis heureuse de constater qu’il acquiesce à ma demande. Le premier coup me fait sursauter puis, telle une affamée, j’attends le deuxième avec impatience. Il aurait pu me faire jouir ainsi, facilement qui plus est et pourtant il ne le fait as. Frustrant ? J’ai besoin de répondre à ça ? Bien sûr que c’est frustrant de rester sur sa faim encore et encore. C’est à se demander à quoi il joue, un jeu dangereux pour moi, amusant pour lui. C’est ce que j’en conclus quand il finit par me tirer plus loin sur le lit afin de plonger entre mes jambes. Si je n’étais déjà perdu dans les méandres de la folie, tout cela m’y aurait propulsé sans possibilité de retour. C’est difficile de lui rendre elle-même service quand tout ce qui hante mes pensées est sa langue en moi, mais je me permets tout de même de le lécher et de sucer ces couilles avec gourmandise.

Il me manipule comme une marionnette. Tantôt la tête dans le vide, tantôt assise. Je ne fais rien pour l’en empêcher, j’aime être sa poupée, sa chose. Ce que je n’aime pas c’est cette manie qui semble avoir pris possession de son esprit, celle de me refuser toute délivrance. Le fait-il exprès ? Quand je suis sur le point de tomber dans le vide du plaisir, il me fait asseoir et me biffe.

« Toujours amoureuse ? »

Pourquoi m’empêche-t-il de répondre ? La peur ? Putain oui, voilà, Aaron a peur, mais peur de quoi ? Peur d’être aimé ?

« Écarte tes fesses… Et ferme ta gueule… Salope… »

J’obéis, encore, mais bien parce que je le veux et non parce que je m’y sens obligée. Le visage collé sur le matelas, mes mains viennent écarter mes fesses sans broncher. Je pousse même l’audace jusqu’à tendre les fesses, désireuse de lui prouver que je ne le crains pas, au contraire. Quand va-t-il comprendre que je suis là pour rester hum ? Il ne veut pas que je parte, mais il fait tout pour que ce fait devienne réalité. J’attends patiemment qui me sodomise, m’attends à de la brutalité. Un coup, deux coups, trois et quatre coups. J’attends qu’il me besogne à fond avant de lâcher la bombe, oui une autre bombe. Il a déjà droit à des larmes, petites gouttelettes qui coulent sur mes joues depuis peu. Je ne suis pas triste, je ne suis pas en colère non plus. Déçue ? Dépasser par les événements ? Aucune idée, tout ce que je sais c’est qu’elles coulent et que je ne peux pas les retenir.

Oui je t’aime Aaron, je t’aime comme la conne que je suis. Tu peux tenter de m’en dissuader en me défonçant le cul plus fort encore, mais laisse-moi te dire que tu ne réussiras pas. Je ne crains pas d’aimer contrairement à toi.

J’attends de voir si ces coups vont être plus féroces ou s’il choisira plutôt de ralentir.

Je t’aime et tu dois vivre avec ça parce que je ne veux pas ne plus t’aimer. Toutefois, un mot de ta part et je quittes ta vie pour toujours. Demande-moi de te foutre la paix et je pars… tout le reste n’a pas d’importance. Baise-moi, prive-moi de jouir, fais ce que tu veux, mais je suis là pour rester.

Moi, Lilly, j’ai dit tout cela sans broncher. Qui est cette Lilly, je me le demande ? La même qui a le cerveau emprisonner par la passion ? Ou une autre que je ne connais pas encore ? Aucune idée, mais si la douceur ne fonctionne pas, provoquer lui fera peut-être sortir la tête du cul.

Pourquoi je fais ça ? Pourquoi je suis chaud et froid avec elle ? Pourquoi cette nana qui est la perfection incarnée je me sens obligé de me comporter comme ça avec elle ? Elle ressemble trop à Alice. C’est mon souci. Elle a des airs, mais elle possède… Cette même douceur. Cette même manière d’aller me toucher pile au fond du cœur. J’avoue ce soir-là, j’aurai tout fait pour qu’on fasse l’amour parce que je voulais retrouver Alice. Un instant. Mais ma prophétie s’est réalisée, j’ai effectivement retrouvé Alice. Lilly était aussi douce et merveilleuse avec moi. Et malgré mes saloperies elle est encore là. Elle est toujours là. Elle se donne avec amour. Elle m’aime et me le démontre malgré les coups que je lui enfile en permanence. Je n’arrive pas à totalement ouvrir l’armure avec elle, je me sens obligé de faire comme avec les autres et de me montrer plus piquant qu’un oursin et pourtant je veux le faire. Je suis comme un animal sauvage terrifié par les humains qui pourtant approche et mord et revient pour des caresses et griffe et repart avant de revenir… Je suis un vrai bordel et je me traite presque de connard quand je lui demande comme une provocation si elle est toujours amoureuse ? Putain et si elle me dit non ? Et si elle me repousse en me traitant de sale con et me quitte pour toujours. Pour un autre ? Pourquoi ça m’angoisse ? Et pourquoi au lieu de le lui dire ou d’être gentil je lui dis d’écarter son cul et de fermer sa gueule en la traitant de salope ? Putain pourquoi je fais ça ?!!!

Mais le pire c’est qu’elle s’éxécute. Dans un geste d’une impudeur absolue, elle reste dans sa position la joue sur le matelas et elle agrippe son cul à deux mains et m’offre une vue décadente sur son anus. Elle se tient immobile et me lance alors des mots féroces et violents de douceur. Elle assume, elle revendique et me balance à la gueule mes provocations avec une douceur qui la caractérise. J’oublie de bouger mon bassin et restant en elle je l’écoutes m’asséner un ultime coup en me mettant face à un choix. J’hésite un moment alors que j’ai très envie de continuer mon rôle de connard tout en hésitant à tomber le masque. Je ne sais pas. Je n’en sais rien… Je me retire d’elle et redresse mon corps. Je présente mon gland contre son anus. J’empoigne mon sexe très fort pour gonfler le bout. Je veux lui faire mal dès la première pénétration. Je vais l’enculer violemment et la faire boiter !

Mon corps se fige. Je n’en ai pas envie. Je me recule et prends son bassin pour la tourner et la faire asseoir. Puis je l’allonge et plonge le visage entre ses cuisses. Je lèche son sexe avec douceur et tendresse comme pour me faire pardonner de ces horribles pensées que j’avais dans la tête. Je lèche son intimité, je la déguste et je veux lui donner de la douceur. Je remonte sur elle et retrouve ma place dans son corps en poussant un soupir langoureux, le corps parsemé de frissons et me noyant dans son regard. Je ne sais pas quoi lui dire. Que je vais être un bordel absolu à apprivoiser ? Qu’elle va en voir de toute les couleurs avec moi ? Que ça va être un tourbillon de n’importe quoi parce que je vais un jour la défoncer comme un bout de viande, être doux la minute après et qu’on va aussi avoir des moments de rire ? J’en sais rien moi-même. Comme toujours c’est le bordel dans ma tête. Mais alors que je me plonge dans son regard j’ai subitement une phrase qui me vient. « Lâche prise ». Et si c’était ça ? Juste ça ? Je caresse son visage du revers de mes doigts et recule mon bassin doucement pour faire coulisser de nouveau mon sexe au fond d’elle comme si je la découvrais pour la première fois.

« Merci… »

Je me penche et pose ma bouche contre la sienne avant de passer mes bras sous les siens pour l’emprisonner sous moi et ma langue vient masser la sienne alors que mon bassin s’anime tout en douceur pendant que mon pubis se colle à elle pour venir masser délicatement son clitoris à chaque pénétration que je lui inflige délicatement cette fois…

» Lilly Wilson

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