Alrod 1 // Putain de pigeon !

Les animaux ne sont pas spécialement des êtres qui te passionne. Tu ne leur causerais clairement jamais de tord ou ne leur ferait jamais de mal mais tu n’as jamais été de ces personnes qui veulent des animaux qu’ils laisseront crever d’envie dans leur domicile ou qui s’en occuperont que lorsque le temps le leur permettra. Tu as même un peu mal au cœur à observer ces chimpanzés dans leur enclos. Des bêtes de foire qui sont restreint à un petit périmètre alors que leur origine remonte aux grandes jungles d’Afrique ou d’Asie. Mais soit, si tu es là ce n’est pas pour mener une révolution contre les associations animales ou les zoo, tu es là pour étudier et mettre à profit tes recherches en neurologies. Pas mal d’études sur le comportement animal révèlent des anomalies que tu aimerais éclaircir et valider ou invalider. Tu as donc pris quelques notes dès l’ouverture du parc et observait pendant que la population était peu abondante et respectueuse du silence. Ça n’aura pas duré longtemps. Ton visage se décompose en voyant un individu humain de 5 ou 6 ans commençait à faire des gestes obscènes sur la vitre en direction des animaux sans que ces parents ne lui dise quoi que ce soit.


- Encore un bel exemple de la médiocrité humaine.


Tu as précisé que tu n’aimais pas spécialement les gosses ? Le monde devient trop dense et il est temps pour toi de retourner à l’hôpital pour comparer tes recherches. Tu tentes de te frayer un chemin entre les visiteurs adulés et crétins du parc, observant pour la plupart un couple de babouin en plein moment intime. Tu soulèves les iris et tente de franchir l’épaisse masse de population sans te soucier d’un espèce de fou furieux qui fonce au travers lui aussi et qui semble aux abois. Il te percute de toute sa carrure, te faisant trébucher avec fracas, alors que des larges bras s’enroule autour de toi et t’amortisse dans ta chute sur un corps large et musclé. Bordel de merde, tu vas te relever et mettre une bonne droite à ce connard qui vient de te faire tomber, et foutre toutes tes notes en frac au sol. Le corps sur lequel tu es étalé gigotte dans tous les sens, comme s’il se débattait, gueulant comme un taré qu’il doit se magner. Tu te soulèves, tes iris rageuses planantes juste au déçu de son visage. Tes cheveux sont en bataille et ta mine colérique, tu vas lui faire regretter sa vie intra utérine. Ton regard furieux le détail, lui et sa… dé-li-scieuse bouche. Tu déglutis doucement en remontant sur une mâchoire carrée, un nez droit et finalement un regard… juste… étourdissant. Tes traits se détendent d’un cran lorsque tu vois dans sa globalité la face de l’homme qui t’a jeté au sol. Tu mets à temps à réaliser que tu es toujours au sol, et soudainement tu te reprends alors que l’homme s’excuse et te demande de te relever.


- Oh… oui Désolée.


Tu bats des cils et te relève alors, observant tes notes au sol, tu commences à les ramasser avec un énervement toujours palpable. Tu vas être en retard, tes notes sont en bordel, et en plus tu te laisses distraires par des yeux. Tu lui demanderais bien qui été Eol mais en réalité qu’est ce que ça a comme importance ? Tu jettes un discret coup d’œil en direction de l’homme qui doit être debout à présent et effectivement, il scrute les airs semble-t-il, alors ta curiosité devient trop présente pour faire comme si elle n’existait pas.


- C’est qui Eol ?

Tu avais pourtant l’intention de lui foutre ta main dans la gueule, tu allais réellement lui faire bouffer ses façons maladroites ou son attitude de singe s’agitant comme les gamins qui t’ont fait fuir il y a à peine quelques minutes. Puis il y a eu sa bouche, ces yeux. Le macaque est finalement un visage et un corps assez torride pour que tu en oublis ce que tu comptais lui faire il y a quelques instants. Tu obéis et lui donne la possibilité de se relever alors que tu restes agenouiller à tenter de remettre en ordre tes notes. Il va te falloir plusieurs minutes pour remettre tout ton argumentaire en place et la seule chose qui te fait oublier cette corvée c’est le fait que le jeune homme soit bien gaulé. Les années passent et tu es lamentablement une femme qui est incapable de résister aux charmes des hommes. En temps normal tu assumerais totalement ce trait de caractère, tu adores le corps d’un mâle, surtout lorsqu’il t’est soumis. Mais ton addiction devient problématique, la preuve tu n’es même plus foutu de te foutre en rogne contre un type qui t’a foutu au sol.


Il dit devoir se dépêcher et parle d’un dénommé « Eol », drôle de nom, c’est quoi un chien ? Quand tu demandes qui c’est, l’homme à la bouche appétissante se met à siffler. Tu fronces les sourcils alors qu’il renouvelle son geste en levant un gants de cuir en l’air. Tu comprends à l’instant où le gant se matérialise que celui dont on parle est non loin de toi, un petit cri typique des oiseaux de proies retentit. Certains badauds sortent leur téléphone alors que tu cherches l’oiseau de ton regard bleu vers l’atmosphère dégagé de cette belle journée ensoleillé. L’homme te regarde avec un sourire de gosse alors que tu arques l’un de tes sourcils comme pour apercevoir le faucon. Tu penses l’apercevoir lorsque soudainement le corps du jeune homme revient contre toi, ton dos réchauffé par la proximité de son torse. Le gant glisse contre ta taille pour se pointer devant toi. Il va vraiment faire ça ? Il t’indique qu’Eol arrive, son souffle contre ton oreille alors que tu entrouvres les lèvres à la fois par le contact charnel que cette situation propose et l’appréhension de cet oiseau aux griffes acérées qui approchent. Tu sens le parfum du jeune homme qui envahit tes narines et la sensualité qu’il fait volontairement naître. Il abandonne le vouvoiement pour te susurre de ne pas bouger. Le rapace gagne de la vitesse en amorçant sa descente, pourquoi tu fais confiance à ce mec tu n’en sais diable rien, mais pourtant tu ne bouges pas d’un millimètre alors que le faucon ouvre ces serres et se saisit du gant en refermant ces ailes de part et d’autre de ton visage. Tu te retrouves face à l’animal, des yeux affutés, un plumage fait de nuances à peine perceptible, et un bec capable de broyer un doigt sans nul doute. Tu déglutis un instant alors que le jeune homme se détache de toi en éloignant par la même occasion l’oiseau. Tu inspires reprenant ton état émotionnel habituel, à savoir l’indifférence, alors que tu viens de vivre une situation des plus inhabituelle. Il s’excuse pour son attitude et tu désapprouves.


- C’est oublié.


Tu parais probablement froide mais tu te trouves tellement idiote à cet instant, dans ce milieu qui n’est clairement pas le tien, à avoir ressenti des sensations trépidantes avec un mec totalement inconnue. Il est grand temps que tu retournes dans la routine hospitalière plutôt que de te mettre à fantasmer face à un espèce de pigeon plus gros que d’ordinaire. Tu ramasses finalement tes notes sans les trier ça a peu d’importance. L’inconnu te demande s’il peut se faire pardonner et tu déposes de nouveau un regard interrogateur sur lui. Tu restes silencieuse alors qu’il propose de boire un verre et semble soudainement bien moins assuré qu’il y a quelques minutes. Tu t’humectes les lèvres en baissant les yeux un instant, avant de reposer un regard sur lui par-dessous.


- Et tu penses avoir du temps à me consacrer en étant loin de cet oiseau qui ta presque provoqué une crise de panique ?


Gentille moquerie, tu ne serais pas toi si tu n’étais pas quelqu’un de taquin. Tu inspires et marque une pause, le temps de savoir si tu as envie réellement de revoir ce type ou si clairement tu en as assez vu. Tu le trouve clairement mignon avec ces airs maladroits.


- Je dois passer au Scripps Mercy Hospital avant mais si tu m’y rejoins, je devrais pouvoir te donner une chance de te faire pardonner.


Tu lui souris et commence déjà à reculer. Tu n’attendras pas sa réponse, s’il est là d’ici une petite heure tu lui offriras un peu de ton temps, et tu apprécieras découvrir cet homme peu importe sous quelle forme.

C’est une rencontre des plus insolite qui vient de se dérouler. Rencontrer des hommes n’est pas nouveau pour toi mais que cela se fasse en te jetant presque au sol et en amenant un faucon à quelques centimètres de ton visage, c’était une première. Tu ne sais quoi penser de cet homme. Il est à la fois drôle, sociable et ayant un physique des plus séduisants, et en même temps qui court après un pigeon en plein vol en sifflant comme un dératé ? Si la logique t’échappe, une envie pourtant réelle de passer un peu de temps avec lui est présente. Tu dois regagner l’hôpital, ton référent attend avec impatience que tu déposes la suite de ta thèse afin d’y jeter un coup d’œil et tu ne peux clairement pas te permettre de dire qu’un fou furieux t’a bousculé au zoo pour foutre totalement le bazar dans tes recherches. Qui te croirait ? Il te promet qu’il a d’autres talents que siffler les oiseaux et tu demandes intérieurement à voir, même si tu ne formules pas ta réponse ouvertement, te contentant de lui sourire avec un air entendu. Tu t’éloignes de lui, prête à quitter le parc pour rejoindre l’hôpital l’entendant au loin demander comment il te retrouve et un sourire en coin se dessine sur tes lèvres alors que tu pivotes pour hausser les épaules. Un peu comme si tu lui disais d’être inventif.


Tu ignores si l’inconnu du parc arrivera à te retrouver, mais quoi qu’il en soit tu arrives au Scripps Mercy avec 15min de retard. Tu détestes être en retard même si ce défaut te suit depuis toujours. Tu renfiles ta blouse et va retrouver ton tuteur de stage pour remettre ton dossier contenant ta thèse et la suite de ton raisonnement. Tu as eu tout juste le temps de remettre en ordre celui-ci avant qu’il ne soit plus en ta possession. Tu respires enfin, finalement tu auras malgré les péripéties de la journée réussit à ne pas te mettre dans la merde. Tu regagnes le bureau des infirmières, interpellé par l’une d’entre elles pour une signature sur une autorisation de sortie, lorsque les hauts parleurs se déclenche. Tu n’y fais pas vraiment attention, en règle générale l’établissement signale surtout des véhicules mal garés. Sauf que cette fois cela n’a rien à voir, tu écoutes le message malgré toi et soudainement redresse ton visage en le comprenant. Tu t’humectes les lèvres en étirant un sourire qui vient finalement finir en éclat de rire. Tu termineras de remplir le papier de sortie, avant de remettre ta blouse au placard et rejoindre l’accueil de l’hôpital. Tu souris en voyant le blondinet du parc t’attendre mains dans les poches dans le grand hall.


- Une sirène… Mi-Femme, Mi-thon ? Je suis désolée monsieur mais elle n’existe pas. On a forcément du vous le dire.


Tu lui offre un joli sourire avant d’approcher, et le détailler de ton regard bleu qui en général, et tu ne sais pas pourquoi, impressionne les gens.


- En fait, je m’appelle Albane. Et je ne suis pas une sirène, je vous l’assure.


Tu lui fais un petit signe de tête, indiquant que tu es prête à le suivre. Tu le suis à ces côtés jusqu’à la sortie et reprends une fois à l’air libre en murmurant.


- Étonnant vous ne sifflez plus ? Vous êtes sur ? Vous connaissez peut-être ce pigeon là ?


Ok, tu es une chieuse, tu le sais mais pas lui. Tu te moques gentiment mais peut être le monsieur n’appréciera pas trop que tu lui rappelles son obsession pour l’oiseau tout à l’heure.


- Vous avez l’air de beaucoup tenir à cet oiseau. Vous étiez affolé tout à l’heure.

Il a du culot, c’est le moins qu’on puisse dire, au vu de cette entrée fracassante dans l’hôpital pour te retrouver parmi une floppée de personnes soignées et soignantes. Est-ce parce qu’il t’a fait rire que tu acceptes de prendre un verre avec lui ? Ou juste parce que l’avoir contre toi au sol après une chute à pu éveiller tes instincts ? Peut être même que ce ne sont que ces yeux, c’est vrai que c’est incroyable cette nuance de bleu qu’il possède, tu as souvent entendu qu’on puisse trouver les tiens renversants mais les siens, sont tous simplement hypnotiques. Il te flatte, clairement il est mignon à plonger avec toi dans ces chimères que ce sont les sirènes, clairement tu n’en ai pas une. La seule similitudes que tu possèdes cependant avec elle, c’est que toi aussi tu aimes faire des hommes des proies.


- Jolie technique celle des sirènes, elle a déjà fonctionné sur une femme vivante ?


Tu le taquines, te retenant d’éclater de rire face à ta vanne. D’ailleurs tu te sens même pousser des ailes, en le taquinant sur son oiseau et l’éventualité qu’il puisse connaître l’un de ces pigeons qui jonchent le sol dans toute grande ville se respectant. Cependant même si tu plaisantes énormément tu n’as pu que comprendre que ce rapace qu’il pourchassait avait de la valeur pour lui, plutôt lorsqu’il t’a renversé. Son regard été totalement apeurée avant qu’il ne se retrouve comme surpris d’être tombé sur toi. L’échange avait beau être court, il était intense et assez sexy faut le reconnaitre. L’inconnu -oui parce que à part t’avoir jeté au sol, tu ne sais même pas son nom- t’explique alors qu’effectivement Eol est important, il le connait depuis la naissance et surtout l’a visiblement sorti d’une mauvaise passe. Difficile pour toi de concevoir qu’un être tel qu’un faucon puisse éprouver un quelconque sentiment pour un homme et encore mieux, le sortir d’une mauvaise passe. Tu respectes les animaux, tu comprends qu’un homme ou une femme puisse être attaché follement à un chat ou un chien, ce sont des animaux expressifs et terriblement pot de colle pour certains, mais un aigle qui donne de l’affection ça consiste en quoi exactement ?


Tu écoutes ton interlocuteur parler de sa carrière bousillée par une blessure et tu pinces tes lèvres en te rappelant quelqu’un victime du même sort. Quelqu’un qui t’étais cher à l’époque, tu désapprouves en avançant à ces côtés et en prononçant sincèrement.


- Je suis vraiment navrée pour votre blessure.


C’est le moins que tu puisses dire quand tu rencontres clairement pour qui l’un de ces rêves ne peut plus se réaliser. Tu as été une battante accomplie toi aussi pour arriver là où tu en es aujourd’hui et pourtant tu n’es toujours pas au sommet de ta montagne. Tu l’observes lorsqu’il s’arrête son air le plus mignon sur le visage, et le regard enfoui dans le tien. Tu te retiens de sourire en l’écoutant te demander de nouveau s’il t’offre un verre. Tu fais gentiment mine d’y réfléchir avant de murmurer.


- Hum… Je n’ai pas répondu à l’appel des sirènes pour rien. Alors oui… A condition que je sois capable d’au moins dire le prénom de celui qui me paye ce verre… ?


Oui parce que mine de rien, tu ne sais toujours strictement rien de l’identité de ce gars qui t’a jeté au sol, fait atterrir un pigeon sous le nez et fait une annonce publicitaire pour tout un hôpital. Tu le suis vers le Madison, situé juste au coin de la rue de l’hôpital. Il te demande si tu bosses au Scripps, et ton regard reste évocateur sur le fait que ton interlocuteur est sans doute l’un des membres les plus efficaces des détectives privés de la ville. Il faut que tu cesses de le taquiner. Tu le laisses raconter son job et attends que ce soit ton tour pour simplement enchaîné.


- Je suis résidente en neurochirurgie.


Tu as toujours détesté ce genre de médecin qui se la pète parce qu’ils ont choisis des spécialités complexes. Toi tu es du genre à simplement dire les choses sans vouloir qu’on soit impressionnés. Tu fais ce métier parce que tu l’aimes et parce qu’il te fait vibrer. Tu inspires et reprends.


- Et si j’étais si en rogne en voyant mes papiers au sol, c’est parce que ma thèse venait de s’éparpiller dans les allées d’un zoo et qu’il me restait moins de 30 min pour la rendre.


Tu lui offre un regard amusé après coup et franchis la porte du Madison, tu sens des lors la main innocente de ton interlocuteur se posait au creux de tes reins, laissant une douce mais intense décharge se faire ressentir le long de ta colonne vertébrale. Vous rejoigniez l’une des tables un peu en retrait et tu déposes alors ton regard de nouveau sur le fauconnier installé face à toi.


- Comment ça vous ai venu la passion des oiseaux ? Ce n’est pas quelque chose de très commun ?

Le fauconnier se prénomme donc Nimrod. Pas commun comme prénom, mais ça va aussi avec le style du jeune homme un peu décalé, qui t’a littéralement poussé au sol en courant les yeux rivés au ciel pour attirer l’attention de son pigeon. Bien que la suite de cette cascade ai été plutôt agréable, tu ne peux que dire que cette rencontre avec cet homme est insolite. Tout en marchant au côté de ce mec à l’allure du parfait surfeur qui se respecte, tu écoutes son histoire de vie et le fait qu’il ai du renoncé à son rêve de devenir pro à cause d’une blessure. Etonnement son histoire raisonne avec celle de quelqu’un qui a eu énormément d’importance pour toi. Mais heureusement, le sujet passe à ton boulot et en règle générale ça te permet d’oublier tout le reste. Tu observes la moue appréciatrice de ton interlocuteur qui semble impressionné par ton parcours. Et tu désapprouves en affichant un petit sourire en coin. Ça va, inutile de se vanter. Tu n’es pas non plus présidente d’une multinationale ou dirigeante d’un pays. Tu as juste eu la chance d’avoir un cerveau dont tu sais te servir, et un passé à fuir autant que possible. Tu écoutes les excuses de Nim concernant le fait qu’il serait plein de remords s’il avait foutu en l’air ta thèse. Tu approuves en aventurant un regard taquin vers lui.


- J’aurais fait en sorte de te le faire payer sévèrement si ça avait été le cas ! Et j’aurais peut-être fait cramer ton stagiaire avec ! Je plaisante détends toi.


La remarque est dite sur le ton de l’humour mais il est sûr que tu aurais été capable de brûler toute la volière s’il t’avait mise en échec. Heureusement que cette histoire s’est terminée sur une note bien plus douce. Nimrod réitère sa passion pour les oiseaux, le fait que c’est un cadeau de sa famille lorsqu’il avait perdu de sa mobilité, et tu lis sans mal dans son regard comme cette passion lui fait briller les iris. Comme ce pigeon a de l’importance à tes yeux. Un peu comme toi quand tu décortiques un cerveau humain… Probablement que la blague est encore précoce pour être dite à haute voix. Guidée par la chaleur de sa main délicieuse dans ton dos, tu te diriges vers l’une des tables un peu à l’écart pour t’installer face à ton fauconnier. Tu comprends de son histoire de vie, qu’il a remonté la pente et le deuil de sa carrière sportive en s’orientant vers une autre passion et c’est assez admirable à entendre. Tu es bien placée pour savoir que certaines personnes ne récupèrent jamais totalement de leurs capacités et parfois la véritable montagne à gravir n’est pas l’accident mais l’après. Ça prouve une force de caractère et d’avancement assez remarquable.


- Il faut une grande volonté d’avancement pour réussir une reconversion aussi différente. Tu peux être fier de ce que tu as accomplie.


Tu es sincère dans tes dires, faire des compliments pour dire d’en faire, n’est pas réellement dans ta nature. Et ceux même si le monsieur à tes côtés est très plaisant à regarder. Tu détailles ces iris presque aussi océaniques que les tiennes et, pince tes lèvres quand le sujet revient à toi et sur ce qui a motivé ta carrière. Tu inspires en déposant tes avant-bras sur le rebord de la table et en cherchant d’où cela avait pu te venir.


- Je crois que j’ai toujours su que j’étais faite pour ça. Pas spécialement la neurochirurgie mais je savais que j’avais envie de sauver des vies, de réparer, de braver le sort.


Ton orientation professionnelle pourrait poser question quand on y pense. Tu n’aimes pas spécialement les gens, en tout cas pas plus d’une nuit après leurs avoir arracher des gémissements. Tu n’es pas une femme qui recherche des remerciements ou de la gratitude. Ce qui t’intéresse dans ton boulot c’est la complexité d’un diagnostic, la recherche d’une complication que personne ne verrait, la véracité d’une maladie qui malgré son issue fatale et dramatique, mérite à ce qu’elle soit reconnue.


- Je ne peux pas vraiment dire que j’aime les gens. Non, en règle générale je trouve l’humain assez pitoyable. Il n’y a qu’à regarder les personnes nous entourant…


Tu aventures ton regard dans le bar, et il ne te faut que quelques minutes pour repérer que le barman ne fait que regarder une nana assise avec son ordinateur en gigottant comme un gosse devant un manège, à une autre table un couple tente de dissimuler la dispute qu’ils motivent à coup de demi-mots murmuré dans leurs dents. Et dans le fond de la pièce, un homme commence à chantonner des paroles de chanson inhibées par l’alcool, en ayant à peine conscience qu’il n’est plus capable de se redresser de sa banquette. Tu reviens à Nim et lui lance un regard appréciateur, un peu comme un « qu’est-ce que je disais ? ».


- Non je n’aime pas les gens. Mais j’aime repousser mes limites, j’aime défier la complexité du corps humain et me dire que je peux être plus forte dans certains cas que le destin. C’est peut-être un peu narcissique mais… quand j’opère, j’oublie tout. Tout ce qui compte c’est l’hémorragie ou la tumeur là devant mes yeux, et de quelle manière je vais procéder pour anéantir le sort. Il y a quelque chose de terriblement excitant à faire ce genre de procédure.


Tu observes les réactions de ton interlocuteur en souriant en coin. En général, c’est à ce moment là que les gens disent que c’est horrible de trouver sexy un cerveau humain. Pourtant toi, tu trouves cette spécialité d’une attirance folle. Le serveur se pointe et tu lui commande un cocktail. Tu ne reprendras pas ton service avant le lendemain alors tu peux probablement commencer à fêter la fin de cette thèse. Tu remercies le serveur une fois votre commande passée et ton regard retombe dans celui du fauconnier. Tu le soutiens, alors que tu soulèves doucement un sourcil en t’avançant doucement vers l’avant, en direction du jeune homme.  


- Et donc le fauconnier à une sœur et une mère… Mais pas de femme ou d’homme dans sa vie ?


Qu’est ce qui te fait dire qu’il peut être attiré par les deux sexes ? Absolument rien, mais ce qui est certain c’est que tu lui plais, son regard est légèrement séducteur sur toi, tu pourrais lire ceci dans n’importe quel regard. Tu sais d’avance quand tu plais ou quand on te trouve un peu moins à son goût. C’est une question de gestuelle, d’habitude peut être aussi.

Tu pourrais parler de ton parcours professionnel durant des heures. Tu adores ce que tu fais, tu adores la médecine de manière générale mais la neurochirurgie est tout simplement l’échappatoire qui te permet d’avoir l’esprit assez occupé pour faire abstraction de tout le reste. Oh bien sur quand tu n’es pas cette brillante femme, bientôt diplômée, tu sais être bien d’autre chose. Notamment quand tes aventures te mènent dans le temple du grand maître et que tu te retrouves à n’être que désir et passion pour les partenaires que tu rencontres. Les templiers sont pour toi une famille qui te couvre, te protège et t’éloigne de tout tracas te tourmentant. Et tu avoues que pour rien au monde tu ne les quitterais. Qui a dit que la jeune femme indépendante que tu souhaites être été seule ?


Tu as l’impression que tes dires captivent ton interlocuteur. Vraiment t’entendre parler de ton boulot le passionne ? De manière générale, ça répugne le commun des mortels lorsqu’une femme se montre excitée en triturant des crânes. Toi, tu trouve cela véritablement très attirant. Tout ce système nerveux, capable de faire ressentir tellement d’émotions, de sensations. Sans doute est-ce pour cela aussi que tu t’appliques également autant à perfectionner tes techniques de torture charnelle au sein des BT. Mais la question n’est pas à tes perversions, tu as un fauconnier là juste devant toi, loin d’être repoussant au passage. Nim semble parfaitement attentif à tes propos, son regard clair t’examine avec une certaine étincelle dans le regard et ça t’appelle à pousser un peu plus loin la conversation. Il annonce avoir un frère et tu penches doucement ton visage, clairement qu’il a un frère ou douze sœurs tu t’en moques. Tu es déjà en train de jouer avec le fauconnier et tu sais que ce n’est pas toujours de bon augure de te lancer là-dedans. A croire que c’est plus fort que toi. Il cerne ta question, y répond, et te demande si tu voulais mettre une option sur lui. Tu soulèves un de tes sourcils sans répondre à la question immédiatement. Il y a des réponses qu’il vaut mieux taire pour laisser le mystère faire son job. Cependant tu finis par susurrer.


- Une option ? En ai-je besoin ?


Tu élargis un petit sourire. Les verres arrivent et tu t’humectes les lèvres alors que le fauconnier décide de trinquer à ta thèse, ainsi qu’à votre rencontre. Il précise avoir un penchant plutôt pour les dames dont celles qui possèdent un regard similaire au tien. Tu approches ton verre qui vient d’être déposé contre tes lèvres, un petit sourire en coin venant rendre à ton visage un petit côté amusé pendant que tes yeux eux ne quitte pas une potentielle proie. Il relance la conversation en te retournant cette même question et prend alors un air des plus simpliste.


- Fille unique d’un couple très amoureux, et bien trop riche.


Tu adores tes parents, tu adores tes privilèges évidement. Tu n’as jamais manqué de rien et certainement pas d’amour cependant tout n’a jamais été rose. Surtout quand il s’agissait de tes sentiments que ton père désirait plus que tout contrôler.


- J’ai une mère architecte, et un père gouverneur d’état… Disons que c’est un peu… privilégier comme départ. Mais je suis, pour ce que j’en sais, la seule enfant existante.


Tu sais que tu ne réponds pas à la dernière partie de la question et ton sourire sur le visage montre que tu sais pertinemment ce que tu fais. Tu n’as personne dans ta vie actuellement, tu as eu un homme un jour et au fond c’est encore gravé en toi, même si cela s’est arrêté il y a bien longtemps.


- Je ne suis pas vraiment le genre de femme appartenant à une seule personne... pour ce qui est de la deuxième partie de la question


Tu mordilles doucement ta lèvre inférieure en le regardant. En général cet argument fait mouche ou alors fait fuir les plus prétendants.

Tu n’as jamais abordé les gens en fonction de qui était tes parents ou le statut social que cela te donné. Ton père est gouverneur ouais… Et son statut t’a plus souvent attiré des ennuis plus que de l’aide en réalité quand tu y repenses. S’il a toujours énormément compté pour toi, il n’en reste pas moins qu’une partie de toi a été réduite au silence et est quasi éteinte depuis le jour où il t’a obligé à faire un choix dans ta vie, au risque de perdre tout ce que tu avais de plus cher. Quant à ta mère, elle s’est toujours cachée derrière le fait que son mari, l’être qu’elle aime et désire encore comme au premier jour, ne pourrait pas se tromper sur ces décisions. Ouais clairement tout n’est pas tout rose dans ta famille.


Tu ignores à quoi il songe mais l’espace d’un instant, tu as l’impression que ton fauconnier s’éloigne très loin. Et pourtant il reste attentif à tes dires car, des l’instant où tu expliques que tu n’es jamais véritablement la femme d’un seul homme, il précise sa question. Tu marques un silence, le temps en tout cas de froncer les sourcils en l’examinant. C’est une question très précise, pour une réponse qui se résumait à dire que tu couches avec qui tu désires. « Même amoureuse… » Tu ne seras plus jamais amoureuse de personne. Cette conclusion s’est imposée à toi, il y a longtemps et ça hante encore tes nuits très souvent. Ton fantôme existe toujours, il est sans doute marié, a des enfants, là où toi tu n’as jamais cicatrisé de ton histoire. Les hommes, femmes dans ta vie se succèdent mais sans jamais avoir de l’importance. C’est la triste réalité, ton cœur n’est plus en capacité de s’ouvrir à présent. Tu l’écoutes se reprendre, disant que c’est une question conne. Il précise, argumente et un sourire en coin se matérialise sur ton visage. Monsieur est donc dans cette situation. Tu inspires et prends une gorgée de ton verre avant de reprendre.


- Navrée de te décevoir mais non je ne suis pas polyamoureuse. J’ai été amoureuse il y a longtemps et… Je suis forcée de reconnaître que j’ai la certitude que ça ne m’arrivera plus.


Il dit ne pas être à l’aise avec cette conception des choses. De pouvoir aimer plusieurs personnes à la fois, de partager. Tu approuves, ton sourire toujours au coin de tes lèvres. Tu n’es pas en train de te moquer, tu souris simplement au problème qu’est simplement l’amour en général. Tu l’examines et il s’inquiète de ce que tu pourrais en penser. Oh… s’il savait ce que tu étais prête à faire pour… Tu soupires non ! Tu ne laisseras pas ce mec revenir dans ta tête, encore moins en pleine conscience. Tu pousses un petit rire malgré toi et lorsqu’il replonge les yeux dans les tiens tu susurres.


- J’ai utilisé des ciseaux dans une tignasse par amour, j’y ai collé des chewing gum aussi… Puéril hein ? Je me suis battue par amour, au sens littéral du terme. J’ai également détruit des réputations juste par jalousie. Alors crois moi Homme de Néandertal… Moi comprendre ton raisonnement.


Petite touche de moquerie juste pour spécifier que tu ne le trouves absolument pas ridicule. Waouh en tombant sur ce merdeux de fauconnier qui t’a laissé au sol, tu étais loin de t’imaginer que vous en serez à échanger sur vos sentiments amoureux. Il dit que lorsqu’il aime il est incapable d’aller voir ailleurs et qu’il a besoin de croire qu’il suffit et tu réfléchis à ces dires.


- Pourtant, tu es amoureux et tu m’as envisagé… Je me trompe ?


Tu soulèves ton sourcil et mordille doucement ta lèvre inférieure. Tu n’es pas là pour porter un jugement sur sa manière d’être ou de penser. Nim est un très beau garçon, et tu aimes à penser que sa vision de l’amour pourrait être la tienne. Sauf que tu n’es pas dupe, ces regards un peu plus tôt était du charme, il t’a invité à prendre un verre, t’a regardé d’une manière explicite. Tu n’es pas née de la dernière pluie et les hommes sont une discipline que tu pratiques depuis maintenant longtemps.


- Détends toi ce n'est qu'une constatation pas une critique.

Aimer à été pour toi à la fois un rêve doux et délicat, déchaînant des sentiments en toi que tu ne comprenais même pas à l’époque. Tu es tombée amoureuse à l’âge de 16 ans. Que peut-on bien savoir de ces choses-là à cet âge ? Pourtant toi tu l’as su immédiatement. Que ça serait lui et pas un autre. Qu’après ton histoire rien ne serait plus jamais aussi intense, plus jamais aussi torride ou fusionnel. Mais aimer t’a aussi provoqué une descente aux enfers d’une souffrance indescriptible. Des semaines, des mois entiers à le pleurer même si tu étais l’origine de votre désunion. Des semaines à sentir la douleur dans chaque impulsion cardiaque, dans chaque moment de la vie quotidienne où tu avais une pensée pour lui. Des années à crier son nom dans tes cauchemars parce que tu ne pourrais décemment pas un jour supporter qu’on lui fasse du mal. Par amour tu as renoncé à ce qui été le plus important au monde à tes yeux. Alors non… on ne pas aimer deux fois de cette manière-là.


Tu pénètres le regard de ton interlocuteur, lisant son incrédulité ? Sa surprise ? Tu ne sais pas bien ce qu’il peut penser de toi en réalité mais qu’importe. Si tu as eu de l’affection pour bien des personnes depuis, rien, strictement rien n’était possiblement égale au fantôme de ton passé. Tu fixes ton fauconnier, qui semble étonnement pensif en sondant tes iris. Tu lui plais, tu le sais ça fait partie des choses que tu arrives à identifier assez rapidement chez quelqu’un. Il te plait également, il faudrait être très stupide pour prétendre le contraire. Tu échanges avec lui ton point de vue, et tu ne mets pas longtemps à afficher ta franchise au grand jour en lui spécifiant qu’il t’a envisagé. Et un petit sourire en coin s’accompagne de tes dires. Il reste là, à jouer de son regard dans le sien et tu croises les bras en t’accoudant un peu plus sur la table, t’approchant. Il dit se foutre que ça soit une critique ou une constatation. Bizarrement tu n’en ai pas certaine. Tu perces plus profondément ces iris océaniques alors qu’il expose la balance émotionnelle qui le tiraille. Le pour et le contre qui fait qu’il ne sait plus bien semble-t-il, ce qu’il désire. Il te confirme être célibataire et dit ne pas être amoureux, qu’il est traditionnel et qu’il ne chercherait pas à séduire même face à toi qu’il décrit comme une sirène, si ce n’était pas le cas. Un sourire s’élargit sur ton visage angélique alors que tu penches doucement la tête et que tu reprends.


- Alors c’est ce que tu fais là ? Tu tentes de me séduire ?


Tu t’humectes les lèvres de ta langue que tu fais pourlécher ta lèvre supérieure avant de prendre une gorgée de ta boisson. Il enchaine en donnant son point de vue sur les histoires d’amour et tu baisses les yeux. Tu penses surtout que chaque personne vit la vie à sa propre façon. Tout comme chacun est unique, l’amour l’est aussi. Et tu le rejoins assez à ce sujet. Il développe sa manière de pensée et tout en plantant ton regard de nouveau dans le sien tu susurres.


- Et toi à quelle catégorie appartiens-tu ?


Tu sais que la tienne est évidemment la deuxième, celle qui n’autorise aucune simplicité. Peut être est ce pour cela qu’en dehors tu es aussi légère. En dehors du sentiment amoureux, tu aimes à céder à tes envies sans y réfléchir, profiter de ce que la vie, le monde te propose sans y réfléchir. Il confie avoir rencontré une fille, qui est polyamoureuse, et tu l’écoutes avec attention. Il précise sa vision des choses et tu l’examines avec grande attention. Tu trouves sa manière de présenter les choses poétiques.


- Une mélodie… ?


Ton regard s’accentue sur lui. Quelle mélodie voit-il dans tes yeux quand il parle de quelqu’un de spécial ? Tu ne détaches pas tes yeux de lui et au fond tu cherches de plus en plus à en savoir plus sur l’âme qui compose ce type. Tu ignores comment va se continuer ce verre amical mais quoi qu’il en soit tu aimes l’atmosphère de confidences qui se crée entre vous. Tu aimes la manière dont les yeux de cet homme se trouble quand il parle de cette fille, tu aimes sa sensibilité et son charme. Délicatement ta main s’avance sur la table et ta main effleure doucement le dos de sa main alors que tu susurres.


- Je ne suis pas une spécialiste des histoires d’amour… Mais je suis sans doute celle qui cultive le plus d’histoire sans lendemain depuis la mienne. Si tu veux cette femme… alors tu devrais sans doute apprendre à te donner les moyens de l’obtenir au lieu de courir après des sirènes.

Son sourire te séduit d’une manière assez inattendue. Un peu comme sa façon d’air, ou de concevoir les choses. Qui aurait pu croire que ce type qui t’avait simplement renversé dans ce zoo en courant après son foutu oiseau était en mesure de te faire passer un si agréable moment ? Il dit appartenir à la catégorie de la résilience et un large sourire s’étend sur ton visage en entendant qu’il ne désire aucunement tomber amoureux toutes les cinq minutes, qu’il profite tout simplement de la vie. Tu pinces tes lèvres baissant un instant les yeux avant de ne les renfoncer d’une manière plus sensuelle dans les siens. Tu as parfaitement compris que tu lui plaisais et qu’il aimerait passer un peu de temps avec toi dans un cercle moins public.


Il t’explique sa manière de voir les choses lorsqu’il est amoureux et il est donc évident que lui aussi l’a été un jour, peut-être l’est-il encore ? En réalité tu t’en moques… L’amour de ta vie, tu l’as chassé de la tienne il y a maintenant dix années et tu ne comptes absolument pas renouveler l’expérience qui t’a fait agoniser durant des mois entiers. Si Nimrod est amoureux et qu’il souhaite tout de même se lancer dans une danse sensuelle, c’est son problème, pas le tien. Toi, tu as tout simplement appris à oublier que ton monde avait un jour été régit par un autre. Il parle d’une mélodie dans ta tête que tu ne peux chasser et tu sens soudainement le poids de son absence. Tu observes Nimrod et détourne ton regard. Non… L’espace d’une seconde, d’une micro seconde comme, même après dix ans, la simple pensée que son souvenir éveille en toi est en mesure de te faire faire n’importe quoi, et ton interlocuteur te le reprouve avec un certain brio. Ta main vient délicatement s’apposait contre la sienne. Ton regard capte la profondeur du sien et tu l’écoutes dire qu’il n’est pas un collectionneur et que ça ne l’intéresse pas d’afficher ces trophées.


- Peu importe que tu en sois un ou non… Je ne suis pas vraiment genre de femmes à juger. Je peux aimer de façon très passionnée, très… intensément. Mais pourtant il y a bien longtemps que j’ai appris à ne plus céder à l’appel de cette mélodie.


Le pouce de ton partenaire se glisse sur ta main, ton regard s’y attache quelques instants, il sourit avant de se confier sur cette fille qui rogne ces pensées. Elle sortirait avec son frère et tu soulèves doucement ton sourcil droit à cette annonce. Waouh, tu n’as pas de frères ou de sœur mais cette situation est sans nul doute effectivement délicate. Il te redemande s’il doit vraiment se donner les moyens de se faire la fille qui sort avec son frère.


- Moi je crois surtout que tu ne réfléchis pas de la bonne façon. Je crois surtout que ce n’est pas à toi de choisir, mais à elle.


Il noie son drame dans son verre et soudainement tu te demandes si tu es du meilleur conseil pour une histoire pareille. Tu ne t’attaches pas au gens, tu n’as spécialement d’état d’âme à te faire férocement un homme marié en sachant pertinemment que des gamins l’attendent à la maison pendant que tu le baises. Tu n’as pas spécialement de scrupules non plus à ruiner une famille, après tout… tu n’obliges personne à rien. Tu es une femme libre qui s’amuse, prend du bon temps et tu ne vois pas pourquoi ça serait à toi d’être blâmer pour les envies et attitudes d’un autre. Tu n’es pas responsable de ce que les gens décident de foutre en l’air ou non. Au pire des cas, tu es simplement responsable de la puissance de leurs orgasmes, et du fait qu’ils en redemandent. Il décide d’arrêter de parler d’elle et tu le détailles reprendre sa bonne humeur en te demandant si tu es sucrée ou épicé et tu pouffes doucement de rire.


- Je crois que je suis un peu des deux mais il est évident que j’ai un très gros penchant pour l’épicer.


Il pouffe à son tour et passe instantanément à une question plus intime. Est-ce que tu préfères faire l’amour dans un lit ou dans des endroits plus exotiques. Ta main s’arrête soudainement de caresser la sienne et tu penches doucement ton regard. Comme si par sa question il avait jeté un froid, ce qui n’est clairement pas le cas en réalité. Tu examines ces traits, la tension naturelle dans sa mâchoire, le pétillement dans ces yeux. Tu amènes doucement ta lèvre inférieure contre tes dents et doucement tes caresses sur ces mains se font plus charmeuses, remontant le long de son poignet, de son avant-bras.


- Je crois que je préfère par-dessus tout être surprise, peu importe l’endroit où sur quelle surface… je crois que tout ce que je veux lorsque je me laisse aller c’est vivre l’instant sans penser aux conséquences.


Le fait qu’il ai vécu ce que tu sembles avoir vécu rapproche inévitablement. Ces confidences te provoquent des doux échos d’un passé qui n’a pas toujours été facile à embrasser. Quoi qu’il en soit, tu passes un moment succulent en sa compagnie et tes iris ont bien du mal à le lâcher du regard bien longtemps. Tu observes vos doigts qui se caressent et joue de leurs pouvoirs, alors que délicatement tu susurres.


- Et toi Nimrod, est ce que ton truc c’est l’intimité ou la saveur du risque ?


Ton pieds vient doucement se placer contre l’intérieur du tibia de ton partenaire, remontant avec une lenteur étudiée tu scrutes son regard en ne cachant pas ton envie de jouer avec lui.  

Tu es bien incapable de savoir réellement à quoi vous jouez toi comme lui. Ce mec était sur la liste des personnes à emplafonner à l’instant où il t’a bousculé pour récupérer un espèce de pigeon qui semblait décider à parcourir le ciel. Puis il t’a regardé, vous avez discuté et pour une raison que tu n’expliques pas forcément tu te retrouves à présent à l’envisager, à trouver sa manière d’articuler sensuellement, le battement de ces cils séduisant et le grain de sa peau attirant. Assez en tout cas pour te demander comment elle rougirait sous tes griffes. Mais est ce réellement ce qu’il désire, il semble épris d’une femme déjà dans sa vie, si tu te moques totalement de faire d’une femme de plus un cœur brisé, tu n’es pas totalement certaine que ce soit ce que lui désire. D’autant que même si tu sembles lui plaire, le jeune homme semble craqué pour une proie inaccessible qui fréquente son frère… Tu n’es pas vraiment une As en ce qui concerne les relations amoureuses, la tienne tu l’as brisé il y a longtemps.


Pour autant, tes caresses ne restent pas sans réaction et un petit sourire s’extirpe au creux de tes lèvres alors que Nimrod plonge dans tes iris plus intensément, déviant par court instant sur ta bouche à plusieurs reprises laissant planer peu de doutes sur ce qu’il aimerait en faire. Tu détailles cette manière sensuelle qu’il a de te détailler. Cette finesse dans ces mots à tenter de savoir ce que tu aimes, ce qui te fait vibrer à quelque chose d’amusant et tu n’as pas froid aux yeux en répondant de la plus sincère façon possible. Tes doigts courant sur la peau de son poignet se fraye un peu plus de terrain sur son avant-bras alors que c’est à lui de te dire ce qui pourrait lui plaire. Sa main vient se saisir de ta nuque et ton sourire prend une teinte plus suave en le regardant faire. Loin de tenter de t’en dégager, tu es désireuse de connaître ses préférences. Et la manière dont ces lèvres s’emparent des tiennes est un indice assez explicite. Sa langue est exigeante, sa bouche autoritaire et sa manière d’accorder ces mouvements entraine instantanément en toi un courant électrique qui dévale chaque fibre de ton abdomen. Qui aurait cru que le dresseur de pigeon soit aussi surprenant ? Il abandonne un soupire rauque en délaissant tes lèvres et tu souffles délicatement, reprenant ton souffle en observant sa bouche rougie par cet instant. Il explique aimer la sauvagerie et son sourire s’élargit à mesure que le tient grandit à sa réponse. Il te relâche, te permettant de te renfoncer dans l’assise de la banquette alors que tu ne quittes pas le dresseur de faucon des yeux. Il décrit ton gout comme sucrée et épicée et tu viens doucement pincer tes lèvres en murmurant.


- Là où les tiennes sont à la fois brulantes et appétissantes… ?


Tu le vois s’enfoncer de nouveau dans la banquette, et ton pied revient contre sa cheville, effleurant avec une intention certaine sa jambe. Disons que les sous-entendus ne sont pas spécialement ton genre, lorsque tu veux quelque chose tu l’obtiens. Tu penches doucement la tête, écoutant Nimrod dire qu’il aimerait aller ailleurs, et ton sourcil s’étire doucement d’interrogation silencieuse. Il n’y répondra pas et c’est probablement cette non réponse qui te rendra encore plus affamé de ce qu’il semble représenter. Tu désapprouves en riant alors qu’il se relève.


- Et tu comptes m’emmener ou exactement ?


Ton regard revient dans ces iris et le laisse se substituer à tes caresses. Pour réponse, il te tend la main, un sourire des plus sensuel sur le visage et un regard taquin. Tu sens ton abdomen se contractait plus fort et ta main venir se nicher dans le creux de la sienne. Avec délicatesse tu te lèves, et une fois contre lui, attrape sa bouche pour venir toi lui offrir cette fois un baiser. Tu n’as rien de douce lorsque tu désires, ta bouche se fait tout aussi exigeante, ta langue audacieuse lorsqu’elle se glisse contre sa jumelle dans un laps de temps court. Ton baiser se fait court mais intense, tes dents mordants sa lèvre inférieure, laissant un dernier contact plus piquant. Tes iris bleutées reviennent dans ces yeux avant que tu n’abandonnes un rire et chuchote.


- Descendre ton pantalon ici et m'occuper de toi... serait amusant, mais je doute que les autres clients ne soient très adeptes. Tu devrais te dépêcher de m’éloigner d’ici…

Pourquoi depuis qu’il a déposé ses lèvres sur toi, il t’est bien difficile d’en oublier la sensation qu’il t’a procuré ? Tu n’as aucun mal à reconnaitre lorsqu’un homme ou une femme te fait de l’effet, parfois tu es même capable de le ressentir avant même le premier contact physique. Nimrod était prometteur mais il ne l’était clairement pas autant que ce qu’il te fait finalement ressentir. Tu ne parles pas de sentiments, d’émotions sentimentales, non… Tu parles d’adrénaline dévalant dans tes veines, d’effusions de désir dans l’ensemble de ton être, de frissons courant ton épiderme, d’éclairs se chargeant dans vos yeux lorsqu’ils en observent l’autre, du brasier qui s’éveille dans le creux de ton dos à l’idée de le séduire. Tu aimes à lire dans son regard ce que tu fais naître en lui, la manière dont il semble encore lutter contre ce qu’il voit. Tu n’es pas du genre, prétentieuse, c’est même tout le contraire, cependant tu es assez sûre de toi lorsque tu analyses un comportement face à toi. Et tu lui plains… Tu l’écoutes te dire qu’il suggère de partir et tu es assez d’accord pour le suivre et voir jusqu’à quel degré cet homme peur brûler.


Tu lui prends la main et te relève, collant ton corps au sien, le temps de gouter à nouveau à la douceur de sa bouche que tu croques d’une certaine manière lorsque tes dents s’enfoncent dans sa lèvre inférieure. Tu l’entends rire de tes mises en garde alors que ces phalanges se referment sur ton fessier qu’il dépose sur la table. Il te dit que tu n’as pas précisé que le risque t’excitait et tu souris. Tes iris lui comptent le chant des sirènes, alors que tu presses ton front contre le sien en enroulant ta main contre sa nuque et en effleurant tes lèvres des siennes. Tu entends le barman vous interpeller et discrètement alors même que l’attention de Nimrod se porte sur lui, tu glisses avec la plus grande des discrétion ta main contre la sienne que tu amènes avec la plus lente des mesures jusqu’à ton entrejambe qui s’humidifie cruellement pour lui. Histoire de lui faire découvrir par lui-même l’effet qu’il te fait. Tu l’écoutes de ton air le plus innocent lorsqu’il dit au barman comment ferait il pour résister à une femme pareille. Tu approches de son cou alors qu’il négocie la privatisation de ce bar et son attitude a le don de provoquer une certaine admiration pour toi. Tu viens délicatement faire remonter ton nez contre sa mâchoire puis son oreille avant d’aller murmurer délicatement.


- Je ne te promets pas d’être aussi sage que tu le lui laisses présager.


Le barman accepte son offre et tu abandonnes un petit rire en revenant face à Nimrod. Il approche te murmure qu’en revanche toi tu n’iras nulle part et tu réponds par un sourire à ces flatteurs projets pour toi. Les derniers membres du personnel ne sont pas encore entièrement dehors qu’il se jette sur toi et te retire ton haut, alors que toi tu l’imites, désireuse de le voir sans plus aucun artifice. Il est habile, en capacité de totalement te dévêtir alors que tes lèvres se jettent sur les siennes envieuse de s’abreuver à la passion qui l’anime. Tu lui ouvres son jean et glisse rapidement ta main contre le tissu de son boxer. Tu gémis en sentant sa bouche déviée de sa trajectoire pour rejoindre ta poitrine que tu bombes afin de la présenter plus sensuellement à lui. Tu sens comme l’effervescence de ces gestes affole tes sens et rapidement tu le pousses à descendre le long de ton corps. Tu croises un instant son regard et susurre alors.


- Tu devrais mesurer à quel point le risque m’incendie…