Emeo #1 || An unknown shoulder can relieve all ailments

Début avril 2022 – Cette semaine a vraiment été des plus intenses pour moi. Mes émotions ont fait totalement l’ascenseur. Je savais que tôt ou tard mon père allait partir, son cancer avait scellé son destin dans les mois suivants après la révélation de sa maladie et quand ma mère m’a téléphoné cette semaine-là, me disant de venir rapidement à Chicago car mon père avait rechuté, je n’avais pas hésité, ni même attendu pour prendre un billet d’avion pour la ville de mon enfance. C’est à son chevet après avoir passé la journée avec lui à ses côtés qu’il s’est éteint, que son cœur a arrêté de battre, que son âme a quitté son corps. Le premier homme de ma vie, celui qui m’a élevé comme sa propre fille, sa fille de sang venait de nous quitter. Je sens les larmes coulés le long de mes joues, ma vision se floutent par le fluide que mes yeux libèrent. Ma mère dans mes bras, éclate en sanglots, je ressens encore cette douleur que j’ai ressenti dans mon cœur déchiré, meurtri. Il y a un an auparavant, je perdais l’amour de ma vie, le père de ma fille et je revis la même chose aujourd’hui. Je me demande pourquoi j’ai toujours subi ces pertes depuis ma naissance. La première personne que j’ai perdue lorsque j’ai vu le jour fut ma mère biologique, Jiaying Li Jun, l’année dernière fut l’amour de ma vie, l’homme qui m’a fait battre mon petit cœur de photographe et qui m’a donné la plus belle des petites filles et aujourd’hui, celui qui a fait de moi la femme que je suis aujourd’hui. Tellement de questions me traversent l’esprit à cet instant mais pour le moment, je dois rester forte pour soutenir ma maman.

Me voilà de retour à San Diego après l’enterrement de mon père qui a eu lieu hier, cela fait du bien de retrouver son domicile, son nid douillet. Mettant Lenaya dans son parc, la laissant jouer tranquillement tout en allant préparer le diner, je prends mon téléphone et envoie un sms à Kiara, ma cousine et nounou de Lenaya afin de savoir si elle peut garder ma fille ce soir. J’ai besoin d’aller me changer les idées et d’aller boire un verre pour évacuer tout ce que je ressens. Kiara me répond dans les cinq minutes qui suivent qu’elle peut la garder ce soir. Je le remercie et continue de préparer le repas. Les heures passent et me voilà prête quand j’entends sonner à la porte. Ma cousine vient d’arriver, je vais lui ouvrir et la remercie une nouvelle fois. Faisant un bisou à ma puce et un gros câlin, je quitte la maison et prend la direction du centre-ville afin de trouver un bar sympathique et tranquille. Je tombe sur le Bloody Night qui m’a l’air pas mal. Je me gare pas très loin et marche jusqu’à celui-ci avant d’en pousser la porte. Une fois à l’intérieur, je m’avance vers le bar et m’y installe et commande une bière quand le barman me demande ce que je désire. – Bonsoir, une bière s’il vous plait. – Bonsoir mademoiselle, je vous sers ça tout de suite, me dit-il tout en me la servant. Et voici pour vous. Si vous avez besoin de quelque chose n’hésitez pas à me demander. Je m’appelle Liam. – Merci beaucoup Liam, moi c’est Emily et je n’hésiterai pas. Le laissant repartir à ses occupations avec les autres clients, je scrute la salle et regarde la déco de ce bar et jette un œil aux clients. Des clients sortent, des nouveaux entrent et après une quinzaine de minutes, mon regard croise celui d’un jeune homme qui vient de pousser lui aussi la porte du bar.
 

Je ne sais pas trop comment occuper mes journées depuis mon retour. C'est fou comme quelques semaines en Australie ont pu bouleverser mon quotidien. J'ai perdu mes repères et je peine un peu à les retrouver, alors je retombe dans mes travers et mes mauvaises habitudes. Je sors, je fais la fête, j'enchaine les conquêtes... Peut être parce que j'ai laissé un peu de moi là-bas? Je n'en sais trop rien au fond ! De toute manière je n'ai jamais été du style à réfléchir beaucoup avant d'agir, et je ne suis pas un grand adepte de la remise en question.

J'aurais pu changer après tout ça... Que ce soit la tuerie, la perte de mes amis, ou les incendies dévorant l'Australie... Toutes ces épreuves auraient du me faire grandir, mais ce n'est pas une grande réussite. Je crois que je suis atteint d'une sorte de syndrome de Peter Pan et que je suis une sorte de cas désespéré. Sans doute d'ailleurs parce que je n'ai aucune intention de grandir au fond. Je suis parfaitement satisfait de mon style de vie, alors à quoi bon changer ? Pour rentrer dans le moule? Dans le modèle patriarchal à la con? Avec madame derrière les fourneaux, le labrador et la ribambelle de gosses? Pas ma came.

Ce soir j'ai envie de voir du monde, alors après une bonne douche je me sappe. J'ai un petit côté fashion victime que j'assume plutôt bien. J'aime les fringues, et pour sortir je prends toujours soin de mon apparence. C'est ma manière d'affronter l'inconnu avec toute mon assurance. A moto je file à travers la ville pour me garer non loin d'un bar dont le nom m'a tapé dans l'œil, le Bloody Night. Peut être parce que ça vient faire écho à tout ce que j'ai vécu récemment? Sans doute d'ailleurs qu'inconsciemment ça a joué. Je pousse la porte en souriant et m'avance vers le bar. -"Salut, une mousse siouplait." Le barman est souriant, le bar pas plein mais il y'a du monde, ça commence bien.

Je récupère ma bière et la porte à mes lèvres tout en me tournant sur le tabouret découvrant une jeune femme deux crans plus loin, qui n'a vraiment pas l'air dans son assiette. Je pourrais juste m'en foutre et passer outre mais, je sais pas... Elle dégage une tristesse qui me touche vraiment. Alors je fais glisser ma bière sur le bar et décale d'un cran, puis d'un autre, pour me retrouver le cul posé sur celui voisin du sien. -"Bonsoir mademoiselle, je ne voudrais pas avoir l'air lourd ou quoi ! Mais... enfin... t'as vraiment l'air d'avoir besoin de compagnie, alors je propose mon humour de merde et mon sourire de petit con." Humour et auto dérision, bonne façon de rompre la glace, et avec un peu de chance je lui arracherais un sourire. Sinon bah, je me prendrais un vent, j'en mourrais pas.

On pourrait croire que mon approche est préméditée... Que c'est une énième manœuvre de drague mais, même pas. Elle a vraiment l'air triste et je la trouve plutôt touchante, alors j'agis sans réfléchir en m'approchant. Je me présente à ma manière, entre l'humour et l'assurance d'un blaireau amuseur de galerie. M'enfin l'image du petit con n'est pas forcément représentative de ce que je suis au fond.

Même si c'est ce que la majorité des gens voit de moi, au fond j'ai bon coeur. Je suis plutôt un tendre qui s'ignore, enfin tant qu'on me casse pas les couilles, faut quand même pas déconner. Le délire vas y man tend l'autre joue ? Pas ma came. -"Mmm donc un petit con charmant? Intéressant." Je saisis sa main alors qu'elle se présente et j'y pose les lèvres avant de lui sourire de plus belle. -"Moi c'est Leo." Je caresse un instant sa main, avec mon pouce, avant de la relâcher.

-"Qu'est ce qui met tant de larmes dans tes jolis yeux?" Je fais tinter ma bière contre la sienne avant de prendre une gorgée. -"Tu as le droit de me dire que ça me regarde pas. Ou préférer parler d'autre chose ceci dit." Un sourire et j'enchaine. -"Tiens, je commence, comme ça tu as le temps de voir si tu as envie de raconter tes malheurs au petit con que je suis." Une autre gorgée et je me met à parler. -"Donc moi c'est Leo, ne le dis à personne mais en vrai c'est même Leopold. T'imagines un peu comment ça craint?" Un rire et je poursuis sur ma lancée. -"Je suis pompier en ville, et sinon j'aime écumer les bars pour boire des bières en bonne compagnie." Bon le résumé est un peu court, mais ça on s'en fiche non ? L'idée c'est avant tout de la faire sourire un peu. Parce que clairement, elle est jolie quand elle sourit. Enfin, en vrai, elle est jolie tout court. Charmante même... Bon ok là je divague... Mais en même temps mes vieux réflexes de cavaleurs vont pas disparaître comme par enchantement, juste parce que je n'ai pas décidé de la serrer. D'ailleurs est ce que j'ai décidé ça? Non ! Ce n'était juste pas l'objectif premier en m'approchant... Putain mais je suis en train de me perdre tout seul là en fait?

Elle est vraiment charmante, avec ses grands yeux tristes qui lui mangent le visage. C'est sans doute un peu de ce qui me pousse à l'approcher et à lui débiter mon petit laïus visant à la faire sourire. Ce qui fonctionne d'ailleurs plutôt pas mal, avouons le. A défaut de pouvoir réparer ce qui lui fait mal, je peux peut être lui offrir un dérivatif à ses pensées sombres. Je répète après elle -"Jiao Li Jun" Avec un accent déplorable tout en savourant la façon dont ce nom roule dans ma bouche.

-"Hey oui pompier." Un sourire et je lui adresse même un petit clin d'oeil -"Pire ! Je suis irrésistible ! C'est pour ça que je sors seulement en civil, pour ne pas créer d'émeute." Jouer le petit con arrogant est une seconde nature, donc je n'ai aucune raison de m'en priver. Et puis j'ose espérer qu'elle notera toute l'autodérision contenue dans mes propos. -"Photographe? C'est génial ça !" La suite en revanche l'est beaucoup moins et j'affiche une tête franchement navrée avant d'avaler une gorgée. -"Je suis désolé pour toi, toutes mes condoléances. Je sais comme c'est difficile de perdre des gens qu'on aime." La vie me l'a bien rappelé dernièrement. La vie est une pute, mais qu'on ne peut pas payer pour la tirer à volonté. Non ! C'est le genre de pute qui te regarde te débattre alors que t'as aucune chance. Alors sachant ça, j'ai pris le parti de m'en foutre et de foncer dans le tas.

La mort est au bout du chemin, même si on ne peut pas prévoir combien de temps va durer la balade. Je ne me suis jamais projeté de toute manière. Comme si c'était impossible pour moi de m'imaginer vieux. Sans doute à cause de mon immaturité? Ou bien du fait que je ne sais pas trop quoi faire de ma vie? J'en sais rien ! Je m'en balance ! Me contenter de profiter de chaque instant comme s'il était le dernier, c'est mon way of life, que ça plaise ou non, ce n'est pas tellement mon problème. -"En effet, et ce soir elle est parfaite." Un sourire doux et je fais de nouveau tinter ma bière contre la sienne. -"Tu es d'origine asiatique donc?" Façon de faire connaissance comme une autre. Habituellement je suis plus sur un mode de communication ultra frontal, cheminant uniquement sur un registre de séduction, alors je dois me réinventer pour discuter posément. Pas que je sois un crétin incapable d'aligner trois mots, c'est juste que la plupart du temps je n'en vois pas trop l'intérêt.

Même si je ne saurais pas expliqué ce qui m'a poussé à la rejoindre, j'en suis content. Parce que lui arracher quelques sourires alors qu'elle a toutes les raisons d'être triste me fait du bien. Je sais ce que c'est que d'aller mal, d'être dévasté par la perte d'êtres chers. Je l'ai vécu récemment, et j'en souffre encore. Perdre un père, je ne sais pas ce que ça peut faire. J'en ai pas. Enfin si, évidemment comme tout le monde, j'ai un putain de fils de pute des enfers de géniteur, mais je suis pas sure* que ça me ferait quelque chose si on m'annonçait qu'il a enfin crevé dans son alcool. Je ne sais pas ce qu'est un lien normal avec un parent.

Parce que mon père était violent, et que ma mère était débordée par tout ça. Elle était incapable de nous protéger, incapable de le quitter... Elle ne mesurait même pas les impacts que ça pouvait avoir sur nous. -"Tu ne gâches rien du tout." Un sourire et ma main qui se pose doucement sur la sienne, apaisante. -"J'ai perdu mon meilleur ami, mon frère je devrais dire, même si on avait pas la même mère." Ma gorge se serre mais je poursuis pourtant, presque heureux de parler de lui au fond. -"Il me manque, cruellement." Clairement ! Je le pensais immortel ce con... mais la réalité m'a rattrapé, avec tout son âpreté.

Le sujet est délicat et douloureux, sans doute pour nous deux, alors je fais un choix, et j'oriente la conversation sur son prénom originel, que je peine à prononcer. Parler de ses origines semble lui plaire, si j'en juge par son minois qui s'illumine. Elle est jolie, même avec des larmes plein les yeux, mais quand elle sourit, c'est ... wow. Je l'observe, sourire en coin sur les lèvres. Son histoire est dure, triste même, mais elle ne verse pas dans le pathos, comme si ce n'était que des détails. Je suppose que sa famille adoptive a su guérir un peu des blessures qu'elle doit à son histoire. -"Et tu as devant toi un pur produit californien. Bon avec des zestes d'ici et d'ailleurs mais ce sont des détails." Je souris de plus belle avant de dire -"Tu viens souvent ici? Le barman a l'air cool !" Pour le peu que je l'ai vu ! C'est toujours agréable d'être servi par quelqu'un qui à l'air d'aimer son boulot. Plutôt que par quelqu'un qui fait la gueule, et te reproche limite de venir t'éclater sous son nez. -"Tu as quoi de prévu pour le reste de la soirée?" Je sais même pas pourquoi je demande au fond... Parce que je n'ai même pas d'idée à proposer sur le moment, mais foi de Leo, je trouverais !

Début avril 2022 – C’est étrange qu’un parfait inconnu il y a encore dix minutes arrive à me redonner le sourire. Mais cela fait vraiment du bien au moral. En plus d’être drôle, il est craquant et a un sourire à faire tomber. Lui donnant la raison de mon chagrin, j’espère ne pas gâcher ce moment. Il me confirme que non, que je ne gâche rien et cela me rassure d’un coup. Je sens sa main se poser doucement sur la mien et m’avoue qu’il a perdu son meilleur ami, son frère même s’il n’avait pas la même mère. Je comprends qu’il parle d’un frère de cœur et pas de sang mais est ce que la fraternité s’arrête vraiment au sang et aux gênes ? Non je ne pense pas, je suis la preuve même qu’une famille ce n’est pas que le sang. Je sens dans sa voix que sa perte est récente également et il ajoute qu’il lui manque, cruellement. Je ne peux que comprendre ce qu’il ressent, mon père me manque tellement déjà. Je sais qu’il n’est plus là, et ça me fait mal. Encore plus mal que le jour où j’ai perdu Gabriel, le père de ma fille. Lui aussi me manque tellement.

Leo change vite de sujet de conversation avant qu’on soit triste encore plus tout les deux et que notre moral soit plombé. Il essaie de prononcer mon véritable prénom et je ne peux m’empêcher de rire avec l’accent qu’il prend. Je commence à lui parler de mes origines, de mes parents biologiques, de mes parents adoptifs. J’ai eu pas mal de drames dans ma vie quand on y repense depuis que j’ai poussé mon premier cri. A son tour, il me dit qu’il est un pur produit californien bien qu’il y est des zestes d’ici et d’ailleurs mais que ce ne sont que des détails. Je me mets à rire à ses mots, cela fait tellement du bien de rire et il y arrive très bien. Il me demande si je viens souvent ici en ajoutant que le barman a l’air cool. Je le regarde en souriant puis jette un œil au barman. – Et bien sache que ce soir c’est la première fois que je viens ici et je trouve ce bar sympa. Tout comme le barman, il a l’air vraiment cool puis … Regardant son postérieur … Il a un beau petit cul… Je me rends compte que ma dernière phrase je l’ai dite à haute voix et je sens mes joues chauffer et passer au rouge. Il me demande ce que j’ai prévu pour le reste de la soirée. – Hummm... Pour le moment rien … Ma fille est avec sa nounou, ma cousine dont j’ai au moins la permission de minuit. Et toi, as-tu prévu quelque chose ? Je bois une gorgée de ma bière tout en le regardant dans les yeux.

Je ne suis pas vraiment habitué à me confier sur mes états d'âme ou sur ce qui peut me mettre à mal. Pourtant je lui confie à quel point ça a été difficile de perdre mes amis. Nellan était un pilier dans ma vie et son absence laisse un vide immense, du genre que rien ne peut combler. Mais j'ai décidé d'avancer, de ne pas me laisser abattre. J'ai envie de vivre, de rire et de danser. Je sais que c'est ce qu'il aurait voulu. Tout comme c'était capital pour lui que je m'occupe de son fils...

Là dessus aussi j'ai été pire que nul... Je me suis enfui à l'autre bout du monde et mon filleul n'avait plus aucun rempart. C'est sa mère qui a du tout assumer et quand j'ai pris des nouvelles elle m'a confié ne pas pouvoir supporter de vivre à San Diego sans son grand amour. Elle est parti, emportant le petit bonhomme au mexique, retrouvant ses racines. J'ai honte quand j'y pense mais c'est trop tard... Je me suis lamentablement planté.

C'est douloureux d'y penser et je n'ai pas envie de me torturer, pas encore, pas ce soir. Alors je change de sujet et la relance sur ses origines mon accent déplorable l'amusant. Ensuite je lui demande si elle vient souvent ici et sa réponse me fait tourner les yeux vers le barman. -"J'avoue pas mal le p'tit cul. Même si il n'est pas au niveau du tien." Compliment assorti d'un petit clin d'oeil alors que je lui demande ce qu'elle a au programme de sa soirée. -"Seulement de minuit? Rassure moi, tu te transformes pas en citrouille après quand même?"

Je ris doucement à ma blague pourrie avant de relever les yeux pour les plonger dans les siens. -"Rien de prévu, enfin rien de spécial. J'ai juste envie de m'amuser, de me sentir vivant." Clairement j'en ai bien besoin. -"Tu aimes danser? Je connais un bar pas loin qui fait des soirées Salsa et Kizomba. Si ça te dis on pourrait aller y faire un tour?" Je crois qu'elle aussi elle a besoin de s'amuser, de lâcher prise. Je ne connais rien de mieux que la danse pour ça... Enfin si, le sexe evidemment... Mais je ne suis pas du tout certain qu'elle soit prête à s'envoyer en l'air alors qu'elle est toute tristounette. Tout le monde ne peut pas gérer le deuil à ma façon. Enfin gérer, bien grand mot ! Ce que je fais s'apparente bien plus à une fuite en avant perpétuelle qu'à une quelconque gestion. Les émotions et moi ça fait mille ! C'est comme ça depuis toujours. Sans doute le résultat logique quand on grandit dans un milieu familial instable et délétère. La peur n'est pas le meilleur moyen de s'ouvrir aux autres ou d'analyser ce qu'on ressent. On passe en mode survie et on avance, l'ennui c'est que je n'ai jamais vraiment su comment on désactive ce mode !

C'est une soirée qui s'annonce bien finalement ! Une rencontre intéressante même si elle a débuté sous des auspices étranges. C'est la tristesse qui nous a rapproché, la douleur de la perte d'êtres chers. Peut être que c'est logique au fond? Qu'on avait besoin l'un comme l'autre de quelqu'un pouvant comprendre ce vide qu'on peut ressentir? Je ne sais pas, mais je pense que rien n'arrive au hasard dans la vie, que si on rencontre une personne c'est qu'on le devait. Parce que les gens nous font avancer, ou bien nous arrête avant que ça aille trop loin. C'est ce que Nellan a été pour moi, un garde fou. Lui et puis Ramsay evidemment. Devenir pompier m'a sauvé la vie, j'en suis conscient. Sans ça je me serais sans doute retrouvé en taule ou mort...

Je faisais n'importe quoi, et arrivé à l'étape des cambriolages j'aurais sans doute encore poussé le curseur. Depuis je me suis posé, presque rangé, même si j'ai toujours autant de mal avec toute espèce d'autorité. J'ai fait des trucs pas nets, même gravissime mais c'est différent. Je n'ai plus le sentiment d'être lancé à toute vitesse sur la mauvaise pente. Et puis... ce mec que j'ai tué... j'avais pas le choix ! C'était une pourriture ! Pire que ça même ! Un violeur. Ces types là ne sont pas des humains, ce ne sont que des bêtes... Et puis surtout je l'ai pris sur le fait, agrippé à Tara... Je pouvais pas faire autrement que d'intervenir. Il a disparu maintenant, les hounds se sont chargés du corps.

Elle vide son verre et je fais de même en riant à la façon dont elle présente les choses. -"Gros avantage, en compagnie d'un pompier, tu peux enflammer ce que tu veux." Ceci dit avant de m'enligner sur la sortie, je lui désigne la direction de la main. -"C'est à deux rues d'ici. On peut marcher pour continuer à faire connaissance si tu veux ?" Mon sourire est sympathique sans être franchement séducteur, ce qui est rare. -"Sinon j'ai ma moto si tu es trop pressée de bouger ce petit cul !" Je ris tout seul, amusé par ma propre connerie, comme souvent. Les désirs de la demoiselle seront des ordres, qu'elle en profite, j'ai décidé d'être serviable, ce qui n'arrive pas si souvent. Enfin c'est surtout un genre que je me donne, parce qu'au fond je suis plutôt bonne pâte. Un vrai gentil sous des airs de petit con. Quoique, je sais aussi être un véritable enfoiré, entre les deux la limite est parfois très fine, et l'ennui c'est que je ne gère pas toujours ça de façon hyper consciente.

Elle est d'accord ! Mazeltov ! -"T'inquiète beautée je suis ignifugé ! La force de l'habitude." Je sors donc un billet de 20 dollars que j'abandonne sur le bar avec un clin d'oeil pour le barman avant de la guider vers la sortie. Mon sourire de petit con arrogant aux lèvres, comme à mon habitude. Quand on gagne la sortie j'offre deux options, marche romantique au clair de lune, ou petite virée à moto. Bon peut être pas exactement en ces termes là... mais... vous voyez l'idée?

Je propose et la jolie demoiselle dispose, ainsi va le monde. On marche tranquillement quand elle me pose la question qui tue... enfin... qui impose salement un certain Australien à mon esprit. J'ai presque l'impression de me prendre un shoot de son parfum dans les narines et putain ça fait mal... je déteste son absence, je déteste qu'il me manque, je déteste ce putain d'océan pacifique. Je pousse un petit soupir et puis je fais deux pas en avant pour me retourner et lui faire face, marchant à reculons, au risque évident de me casser la gueule mais amusé de pouvoir croiser son regard. -"J'ai un petit frère adorable, mais surtout la soeur la plus géniale de l'univers. Je ne sais pas si tu as déjà entendu parler de l'eccelente, le resto, c'est le sien. Elle est la plus grande cheffe cuisinière de ... la terre !" Bah oui... pourquoi s'arrêter à la ville. -"Alors quand j'ai rencontré, ce mec, torride, de l'autre côté de l'océan... bah j'ai laissé passer ma chance !" Nouveau soupir et je m'arrête pour livrer -"Parce que je peux pas vivre sans ma soeur... c'est... impossible." Mes yeux brillent d'une sincérité peu habituelle, comme si c'était plus facile de me livrer à une inconnue qu'à mes proches. -"Alors il me manque à en crever... mais j'essaie de faire avec?" Je n'y arrive pas du tout en fait... Je m'envoie en l'air, bien sur... ça je crois que j'arrêterais jamais... même à l'article de la mort. Mais ! C'est plus pareil, je veux plus... et ça me fout en l'air ! Je veux plus ? Non... enfin Oui... mais surtout, je le veux LUI !

Début avril 2022 – Nouveau rire à ses mots. Il sort un billet de 20 dollars qu’il pose sur le bar et je remarque bien son clin d’œil au barman. Il faut dire il est craquant et je le mangerai bien aussi. Leo me guide vers la sortie et je souris, répondant à son petit sourire. Alors qu’on gagne la sortie, il me propose deux options pour s’y rendre : à pied tranquillement pour continuer de discuter afin d’apprendre à se connaitre ou la moto pour y être plus rapidement. Je choisis la première option et on commence à marcher tout en discutant. Je lui pose la question fatidique s’il a quelqu’un dans sa vie, s’il a des frères et sœurs. J’entends son petit soupir et faisant deux pas en avant par rapport à moi, il se retourne pour me faire face, marchant à reculons.

Il m’avoue avoir un petit frère adorable mais surtout la sœur la plus géniale de l’univers. J’entends dans le son de sa voix que parler de sa sœur est différent de quand il a parlé de son frère. Il semble plus proche de sa frangine et il semble l’idolâtrer. Bon peut être que le mot est fort mais il semble avoir un lien fort entre eux. Il me demande si j’ai déjà entendu parler du restaurant l’Eccelente. Il ajoute que c’est le sien et qu’elle est la plus grande cheffe cuisinière de la terre. Je souris en le regardant dans les yeux avant de répondre. – J’ai entendu parler de ce restaurant mais je n’ai pas encore eu l’occasion d’y aller mais je ne sais pas pourquoi mais en m’avouant qu’elle est la meilleure cheffe, tu m’as donné très envie d’aller gouter sa cuisine. Donc il va falloir que j’aille manger très vite. C’est alors qu’il me parle de sa rencontre avec ce mec torride de l’autre coté de l’océan. Je souris à moitié quand je comprends qu’il est en crush sur un mec. Est-il bi ? Est-il gay ? Humm si c’est la deuxième option, il y a peu de chance qu’on s’envoie en l’air ce soir.

« Euh pourquoi je pense à ça maintenant moi ? Emi sérieusement ! » Je me secoue la tête en chassant mes pensées et je l’écoute à nouveau. Il a laissé passer sa chance, me dit-il. Et qu’il lui manque à en crever mais qu’il essaie de faire avec. – Humm tu es gay alors ? Je ne juge pas hein, je suis bi moi-même donc on est dans la même barque. De l’autre côté de l’océan, hein ? Va falloir que tu m’en dises plus là, tu as attisé ma curiosité. J’entends dans sa voix une nouvelle fois qu’il est amoureux de ce gars et je le connais à peine mais j’ai comme la sensation profonde qu’il n’est pas le genre de mec à se confier, à dévoiler ses sentiments. C’est peut-être pour cela qu’il aime faire le pitre comme il le fait alors que je suis sûre que c’est un mec génial bourré de qualités.


 

-"Tu dois ! Ce sera le meilleur repas de ta vie." Réplique assortie d'un clin d'oeil. -"Appelle en disant que tu viens de ma part ! Ma sœur te trouvera une table. Elle est adorable." Et habituée à ce que je me comporte comme un petit con insupportable, sans m'en tenir rigueur. La conversation dévie sur les amours et clairement c'est un sujet plus qu'épineux. Parce qu'un océan me sépare du mec avec qui je voudrais être, mais que je ne peux pas le rejoindre. Alors je sais pas... j'en souffre, mais en même temps c'est facile de me laisser aller à ma vie de célibatard. Je maitrise clairement mieux que les sentiments et la vie de couple, faut avouer. -"Nan pas gay, enfin bi aussi." Clairement j'assume ma sexualité sans souci, depuis... toujours en fait je crois? Je ne me suis jamais posé la question de sortir ou non du placard. -"Je suis parti en février, pour aider sur les incendies monstrueux en Australie." Je ne sais pas trop pourquoi je me décide à parler de moi, mais elle a demandé, alors... -"Il est pompier aussi. Il m'a invité chez lui, parce que les quartiers qu'on avait étaient vraiment pourris du cul genre !" Je fronce le nez pour renforcer mes propos. -"Je ne sais pas trop comment ça a matché ou pourquoi... mais on s'est plus quittés pendant 1 mois et demi." Je ferme une seconde les yeux, appréciant le souvenir de sa peau contre la mienne. -"Il me rend barge ! Mais c'est fini... enfin... je suis ici... lui là-bas ! Et je repartirais pas." Je hausse une épaule, l'air de dire que c'est réglé, alors que je crève d'envie de voir s'il m'a envoyé un message. -"Mais trêve de confidences mademoiselle, nous sommes arrivés." J'attrape sa main pour la faire tournoyer, la récupérant dos contre mon torse mon bassin ondulant au rythme d'une musique imaginaire. Je me penche et murmure à son oreille. -"J'espère que tu es prête à m'éblouir?" Ceci dit avant de la relâcher pour lui ouvrir la porte, m'effaçant pour la laisser entrer. -"J'ai clairement envie de danser jusqu'au bout de la nuit, cendrillon."

Début avril 2022 – Il ne tarit pas d’éloges sur le talent de sa sœur et de son resto. J’entends dans le son de sa voix qu’il y a un lien très fort entre eux. J’aurais tellement aimé avoir un frère ou une sœur pour avoir un lien fort comme celui-ci. – Le meilleur repas, hein ? Et bien tu m’as convaincue, j’irais découvrir le restaurant de ta sœur et d’accord j’appellerai en disant que je viens de ta part. « Et qui sait, je pourrais devenir amie avec elle ou encore elle pourrait avoir besoin de mes services de photographe. » Alors qu’on parle de sa vie sentimentale, je souris quand il me dit qu’il n’est pas gay mais bi. – Et bien, nous sommes dans la même barque, je suis également bi. Je lui lance un petit clin d’œil. Il m’explique qu’il est parti en février pour aider sur les incendies monstrueux en Australie. Je l’écoute, lui souriant. – Hummm … Beau gosse, sexy et héros … très intéressant. « Bon oui, je le taquine un peu mais c’est agréable de ne penser à rien d’autres. »
 
L’homme qui le fait sourire est un pompier aussi, il m’explique qu’il l’a invité chez lui, vu que les quartiers étaient vraiment pourris. Il m’avoue qu’il ne sait pas comment ça a pu matcher mais ça l’a fait et ils ne se sont plus quittés pendant le temps où il est resté là-bas. Je ris quand il me dit qu’il le rend barge mais que c’est fini, lui étant ici et lui là-bas. Il finit par dire qu’il ne repartira pas. – Humm … Je vois, une très belle histoire d’amour. Comme quoi, il n’y a pas que dans les films ou séries que ça se passe… J’avoue c’est dommage quand même mais si tu étais bien avec lui, pourquoi es-tu revenu à San Diego ? Enfin si ce n’est pas indiscret, tu n’es pas obligé d’y répondre. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai l’impression que leur histoire est loin d’être terminée comme il le prétend. Je souris quand il me dit que trêve de plaisanteries, nous sommes arrivés.
 
Il attrape ma main et me fait tournoyer, me récupérant dos contre son torse, je le sens onduler en rythme comme s’il y avait un air musical. Un frisson parcourt mon dos quand il me murmure au creux de l’oreille qu’il espère que je suis prête à l’éblouir. Instinctivement, je viens lui déposer je ne sais pas pourquoi, un baiser sur sa joue avant de lui répondre. – Je suis prête à enflammer la piste de danse en très bonne compagnie d’un beau gosse. Il me relâche avant de pousser la porte, me laissant passer. « Beau, sexy et galant ». Je ris quand il me dit qu’il a clairement envie de danser jusqu’au bout de la nuit. Nous sommes deux alors, je veux me déchainer jusqu’au bout de la nuit et voir comment elle va se terminer, lui annonçais-je en lui lançant un clin d’œil. « Euh ok … Pourquoi je viens de lui sortir ça moi ? » Je rougis en captant ce que je viens de lui dire.


 

Parfois parler à quelqu'un qu'on vient de rencontrer s'avère plus facile que parler à un ami. Sans doute parce qu'on a pas à faire attention aux affects de l'autre? A ce que ça peut générer chez lui? Je ne sais pas trop ! Parce que je ne suis pas un habitué des confidences. C'est rare que j'ai a en faire en même temps. Ma vie est bien remplie mais relativement sans surprise en dehors de cette parenthèse australienne.

Enfin si... il y a les mauvaises surprises ! Comme le conseil abattu, comme la mort de Nellan, mais ça... je n'ai pas su gérer. Peut être qu'en parler m'aurait aidé? Peut être que j'aurais du ! De toute façon j'aurais du être là pour mes frères d'armes, pour Rowan... Je les ai tous laissé tomber, pour sauver ma peau. C'est pas simple de vivre avec cette fuite en avant, je m'en veux au fond. Je culpabilise et c'est nouveau pour moi. En général je ne prends rien au sérieux, ça évite de donner du pouvoir aux choses et aux gens. Si personne n'a de pouvoir sur moi, personne ne peut m'atteindre, non ?

Je ne sais pas, la vie semble avoir décidé que je dois grandir, qu'il est temps... Pas simple et ça ne se fait clairement pas tout seul. -"Je n'ai rien d'un héros." Même si c'est une étiquette qu'on accole souvent aux soldats du feu, même si j'ai risqué ma vie là bas. Un héros serait resté, il se serait battu avec et pour ses amis, il n'aurait pas fuit la queue entre les jambes. Mais... si je n'avais pas cavalé de l'autre côté d'un océan, jamais j'aurais rencontré Lach... C'est le bordel sous mon crâne mais on arrive au bar, et commencer à danser est un parfait dérivatif à mes pensées. Je l'invite à entrer et mon sourire se teinte de séduction en réponse à sa petite déclaration. A croire que je ne la laisse pas indifférente, la jolie photographe. Je ne peux pas dire que ça ne me fait pas plaisir, ce serait mentir. M'abrutir dans le plaisir des sens c'est après tout ma méthode de survie depuis bien des années, pourquoi j'arrêterais? La musique résonne et je prends sa main dès qu'elle a déposé ses affaires pour l'attirer contre moi. La musique est forte, l'ambiance clairement à son maximum et je me met à danser, suivant sans peine le rythme de la musique. Savoir danser c'est sans doute mon talent caché le plus efficace quand il s'agit de séduire une femme. Parce qu'elles adorent ça, et que trop souvent les machos restent assis. Pas qu'ils n'aimeraient pas, non, juste qu'ils ont trop peur de passer pour des cons à se dandiner. Je n'ai pas peur, je ne crains pas la honte, elle ne tue pas, alors j'ai appris, pas à pas, et maintenant je me défends plutôt bien. Mon front se pose sur le sien et je souris en coin alors que je l'entraine dans une bachata endiablée et sensuelle. -"Lâche toi ! Jusqu'au bout de la nuit." Promesse? Qui sait... On verra bien où ça nous mènera. Pour le moment danser me fait un bien fou, véritable exutoire au trop plein d'émotions que cette conversation a généré.

Début avril 2022 – Ma rencontre avec Léo fait un bien fou et me donne le sourire. Je le connais que depuis peu, vraiment très peu et pourtant je ne saurai l’expliquer mais je sais qu’on peut avoir confiance en lui. Aller danser est un très bon exutoire pour tout mal que l’on peut ressentir alors quand il me la proposait, je n’ai pas hésité longtemps. Sur le chemin pour s’y rendre, on discute et je sens dans le son de sa voix quand il me parle de l’homme qu’il a rencontré lors de son séjour en Australie, il en est vraiment amoureux. Cela fait longtemps que je n’ai pas ressentie une telle chose, pas depuis Gabriel en fait. Pourtant l’année dernière, mon premier amour Solène est revenue un temps dans ma vie et après avoir découvert la vérité sur ce qui s’était passé il y a dix ans après notre douloureuse rupture, je lui avais pardonné. Elle est restée un temps avec moi mais je ne sais pas si ce n'était pas le bon moment après la mort du père de ma fille ou bien si c’est que j’avais muri, si j’avais trop changé, mais ce n’était plus la même chose.

Je sors de mes pensées quand on arrive devant le bar. M’incitant à entrer avec un sourire des plus charmants et charmeurs et dont aucune personne ne pourrait résister, je le suis et après avoir déposé mes affaires, il me prend la main pour m’attirer contre lui. La musique est forte et résonne dans tout le lieu et je souris quand il commence à danser. Très vite, il s’aligne sur le rythme de la musique et très vite, je fais de même. Danser, j’adore ça. Je passais souvent mes weekends dans des bars, dans des boites pour me défouler sur les pistes de danse en compagnie de mes amis quand j’étais à Chicago, idem quand j’étais à Santa Monica. Alors que l’on danse, Leo vient poser son front contre le mien et m’entraine dans une bachata endiablée et sensuelle. « Me lâcher jusqu’au bout de la nuit ? J’y compte bien » - J’y compte bien, lui rétorquais-je alors qu’il me fait tournoyer sur moi-même avant que je me retrouve dos contre son torse, mes fesses contre son intimité, on bouge ensemble sur le même rythme. C’est vraiment agréable de danser avec un bon danseur et j’avoue qu’il m’épate totalement. – Tu es un merveilleux danseur, tu le sais ça, Leo ?

Je ne saurais pas trop expliquer pourquoi je l'ai approchée ? Elle avait l'air triste, dégageait quelque chose de touchant. Et puis... je me faisais chier ? Oui surement ! Clairement je ne suis pas un roi de la grandeur d'âme. On a discuté et j'en ai même raconté un sacré paquet sur moi et mes péripéties australiennes. Fou ça... Moi qui n'aime pas parler de ce qui me chiffonne...

Parfois ça ne se commande pas, c'est juste naturel. Alors je me prends pas le chou, je laisse venir et quand on arrive dans ce bar que je lui ai recommandé je la fais tourner pour la plaquer dos à moi. J'ondule contre elle, mes pieds suivants le rythme sans peine. Elle suit et ça me rend plus aventureux sur le choix des pas. -"Merci miss !" Je souris et la fait tourner de nouveau, face à moi, la main posée au creux de ses reins.

Mon front trouve le sien, mon regard rieur se voilant d'un clin d'oeil amusé. Jusqu'au bout de la nuit... c'est ce que je lui ai proposé et me connaissant ce n'est pas un vain mot. Je suis l'archétype du fêtard que rien n'arrête. Et puis... c'est pas comme si j'avais une raison de rentrer après tout hein? Personne ne m'attend chez moi qu'un grand lit vide et je déteste dormir seul. Plus encore depuis que j'ai visité le pays des kangourous... Effet secondaire du plaisir de dormir contre lui? Oui clairement ! Ce mec est une putain de drogue en fait? Et quand on connait ma tendance à l'addiction... tout s'explique non ? Je sais pas... c'est nébuleux et complexe, mais je l'ai dans la peau, ça au moins c'est une certitude. Je danse toujours, ne m'arrêtant que quelques secondes quand le morceau change pour retrouver mes sensations. J'ai toujours aimé danser et j'ai eu quelques ex dont c'était le métier. Une prof de danse... et son danseur fétiche. Ce souvenir m'arrache un sourire plutôt satisfait alors que je replonge dans les yeux de ma cavalière. -"Tu te défends pas mal toi aussi." C'est agréable d'avoir quelqu'un qui me suit ainsi, instinctivement.

On danse, on discute, on danse encore. Cocktail parfait pour une soirée réussie, en tout cas dans mon univers. -"Appris? Non, enfin pas en suivant des cours." Je souris et échappe même un petit rire. -"En revanche je me suis frotté à des danseuses dans des positions clairement acrobatiques." Humour de beauf bonsoir... mais je suis pas loin de la réalité. J'ai appris en pratiquant, en osant surtout, parce que j'ai remarqué que bon nombre de mecs préfèrent rester assis, plutôt que de demander à essayer.

J'ai jamais gardé mon cul vissé sur une chaise, pas alors que l'ambiance brulait sur le dance floor en tout cas. J'aime bien trop m'amuser pour ça. Je la fais tournoyer et la musique change de rythme alors je suis. Plus rapide et intense, ça me va aussi. On enchaine les pas et je la libère de l'emprise de mes bras quand la musique se termine. -"Viens, il nous faut un verre." Sourire et je glisse la main dans son dos pour l'entrainer avec moi, jusqu'au bar. J'avise un tabouret libre et le lui désigne, alors que je m'appuie à côté contre le bar. -"Un mètre d'orgasme siouplait." Je la regarde et lui adresse ma plus belle moue de petit con. -"Quoi de mieux qu'un orgasme contre la morosité, franchement?" Je me marre, comme un couillon, fier de ma connerie en plus.

Je sais qu'elle a besoin de rire, j'ai bien compris pourquoi en plus, donc si je peux faire le couillon et aider un peu, ça me va. Et puis c'est un excellent dérivatif à mes propres tourments après tout. Parce que plus rien n'a tout à fait la même saveur, depuis que j'ai quitté l'Australie. Je crois que le pire, en fait, c'est de me dire que j'y retournerais pas. On peut trouver ça complètement con, vu comment je kiffe ce mec... Mais je suis pas sur que j'aurais la force de le laisser une nouvelle fois... Sauf que ma vie est ici, ma mère, mon job, ça je pourrais faire sans. C'est horrible, mais même mon petit frère, si je le vois deux fois par an, ça me va. Mais Rowan ? Et Cassy ! Impossible ! Je peux pas ne pas respirer le même air que les femmes de ma vie. J'ai besoin d'être là, pas loin, si besoin... Comme j'ai besoin de les voir... D'autant que Row' putain, je l'ai plantée, au moment où elle avait surement le plus besoin de voir ma face de petit con.

Je soupire et esquisse une petite moue triste, que je viens effacer en trempant les lèvres dans le premier shooter. -"Alors miss, jeu à boire ou simple dégustation ?" Je repose la mixture en ayant juste gouté et me lèche tranquillement la lèvre inférieure en attendant le verdict.

Début avril 2022 – Ma rencontre avec Léo est vraiment tombée à point nommée. Cela me fait un bien fou de penser à autre chose, de m’occuper l’esprit. Je sens que je peux parler facilement avec lui et c’est très agréable. Danser, discuter, se désaltérer avec un bon cocktail, c’est vraiment une soirée parfaite. Et je ne pourrais jamais assez le remercier pour cela. Alors que je lui demande s’il sait danser naturellement ou s’il a pris des cours, il me dit qu’il a apprit mais pas en suivant des cours, mais il s’est frotté à des danseuses dans des positions clairement acrobatique. J’aime comme la nette impression qu’on ne parle plus vraiment de danse là, et je me mets à rougir d’un coup comprenant où il veut en venir. Il me fait tournoyer alors que la musique change de rythme pour du plus intense, du plus rapide. Les pas s’enchainent et il finit par me libérer de l’emprise de ses bras tandis que les dernières notes de la musique retentissent. Il m’invite à le suivre pour boire un nouveau verre tout en glissant sa main dans le bas de mon dos, ce qui me fait frissonner un cours instant. On se pose au bar, je m’installe sur le tabouret vide qu’il m’avise alors qu’il s’appuie contre le bar. Il commande un mètre d’orgasme, je le regarde amusé par sa demande. Il me regarde faisant sa moue de petit con qui est craquante en vérité. Il n’a pas tort, un orgasme contre la morosité c’est le top. « En parlant d’orgasme, j’en aurais bien besoin car cela fait un petit moment qu’on ne m’a pas envoyé au huitième ciel. »
 
Je me mets à rougir à mes propres pensées et je ne me dis qu’heureusement personne ne peut les entendre. Il se marre comme un couillon et je vois dans son regard qu’il est fier de sa connerie mais j’adore. Je le rejoins dans son fou rire. – Je ne peux que confirmer tes dires. Je regarde le serveur mettre plusieurs verres de shooter sur le bar et les remplir. Je le regarde prendre le premier shooter, y tremper ses lèvres avant qu’il me demande : jeu à boire ou simple dégustation. – Et bien mon cher Léo, tu ne me connais pas encore assez bien mais je suis toujours partante pour m’éclater, pour m’amuser même si je suis aujourd’hui une maman super canon… ça sera bien évidemment jeu à boire. Sinon ça ne serait pas drôle, tu ne crois pas ? Je ne sais pourquoi je me mordille la lèvre en le regardant dans les yeux quand je le vois se lécher sa lèvre inférieure. « Emi, à quoi tu penses là ? » On joue alors ? lui demandais-je le sourire aux lèvres.
 



 

Danser donne soif... boire de l'alcool donne envie de danser... Putain les enculés ! Ils ont trouvé un moyen de folie de nous faire consommer toujours plus. Je me marre en y pensant et hoche la tête quand elle me demande si on joue. -"Y'avait la course. Classique. Chacun à un bout du mètre et on voit qui en chope le plus. Mais c'est pas très marrant. Enfin pour se mettre la tête à l'envers si bien sur... mais tu vois l'idée?" Un sourire et mes lèvres qui viennent se poser sur sa main avant de la relâcher. -"Alors je me dis qu'on peut se faire un je n'ai jamais?" Mon sourire se fait clairement séducteur. -"Une chouette façon de faire connaissance non ?" De finir complètement beurré aussi mais ça... c'est une autre histoire. -"Je n'ai jamais couché avec une fille dans un bar." Je souris et plonge dans son regard attendant de voir si elle va boire ou non. Après tout mademoiselle pratique aussi les demoiselles non ? Et si j'ai déjà couché dans un bar, c'était avec un mec... donc je ne bois pas.

Ce jeu m'a toujours amusé. Comme tous les jeux à boire en fait... comme tous les jeux tout court d'ailleurs. J'aime jouer, faire le con, ne me soucier de rien. J'ai passé l'âge? Oui sans doute mais on ne se refait pas. Je pense que je suis atteint d'un bon syndrome de peter pan. Je ne veux pas grandir. Sans doute parce que j'ai toujours considéré les adultes comme hostiles. Je le dois à mon père, y'a pas besoin d'aller chercher très loin, ni de voir un psy. Alors bien sur je pourrais faire le choix d'avancer, de faire une putain de psychothérapie et de m'y faire, mais j'ai pas envie. Si ça convient pas à quelqu'un, c'est lui que ça gène. Moi je suis très bien dans ma vie, telle qu'elle est  ! Avec mes travers et mes comportements immatures. -"A ton tour jolie dame." Je suis curieux de savoir ce qu'elle va choisir, sachant que j'ai bien axé les choses sur le cul... mais là encore, on ne se refait pas.

Début avril 2022 – Cette rencontre s’annonce vraiment tombée au bon moment. J’avais vraiment ce besoin de me vider la tête et Léo me la permit. Il est vrai que danser donne soif et alors qu’on quitte la piste de danse pour aller se réhydrater. Installé sur mon tabouret haut, Leo commande un mètre d’orgasme et me demande si je suis joueuse, si on part sur un jeu à boire ou simple dégustation. Je souris, le regarde droit dans les yeux et lui dis qu’il ne me connait pas encore assez bien pour savoir que je suis toujours partante pour m’éclater. Je lui confirme que ça sera jeu à boire. Je peux voir un large sourire s’afficher sur sa gueule d’ange. Je l’écoute quand il reprend la parole. J’avoue qu’une course classique chacun à un bout pour voir qui chope le plus n’a rien d’intéressant. – J’avoue, pas très intéressant, ce n’est je crois pas le but qu’on recherche. Mais pourquoi je sens que tu as une bonne idée derrière la tête, je me trompe monsieur Leopold ?

Je ne tarde pas trop à le savoir quand il me propose son idée, tout en posant ses lèvres sur ma main avant qu’il ne la relâche. Il me propose un « je n’ai jamais. Je souris à son idée et confirme ses dernières paroles. – Et bien, je confirme tes dires et bien entendu je suis partante pour ton idée. Il commence le jeu dans du direct. -"Je n'ai jamais couché avec une fille dans un bar." Il me regarde, le sourire aux lèvres attendant certainement de voir si je bois ou non mon verre. Je fais durer le suspense pendant plusieurs secondes, avant de boire mon verre et le reposer. – Oops, dis-je en rougissant. Je le vois sourire à nouveau et me dit que c’est à mon tour. Je réfléchis quelques secondes avant de le regarder dans les yeux. – Je n’ai jamais été dans un orgie. Je le regarde, je ne sais pas pourquoi mais je sens que son verre va vite finir dans son gosier. C’est vrai que ce jeu va être très drôle et je sens qu’on va apprendre l’un de l’autre beaucoup de secret.