Selma Jimenez TW // Prostitution - Violence ∞ “Jamais nous ne goûtons de parfaite allégresse : Nos plus heureux succès sont mêlés de tristesse.”

¤ Je suis née à la havane, sur le sol cubain, dans une famille assez peu fortunée. Deuxième enfant, pas prévue, pas indésirable non plus. Ma mère était d'ailleurs plutôt chouette. Mon père lui enquillait deux jobs sans parvenir à joindre les deux bouts.Un job légal, l'autre non. Bosser pour les mauvaises personnes, ça crée un terrain propice pour les mauvaises rencontres. ¤ Ils ont été retrouvés, morts, tous les deux, la gorge tranchée, j'avais... 8ans? Je crois que c'est ça. C'est flou dans ma tête. J'étais derrière mon frère, ça a hurlé, j'ai pas vu grand chose... Enfin je crois pas... J'en sais rien finalement, c'est comme effacé de ma mémoire. ¤ Après ça on a été confiés à ma tante Giselda et ça a commencé à être la merde. Elle était trop jeune, elle savait pas quoi faire de nous, elle a laissé mon frère suivre les traces de notre père. ¤  Il est devenu encore plus con qu'avant celui là, et pourtant c'était pas gagné d'avance. On était quand même déjà sur un crétin de compét. ¤ Il s'est mis à m'expliquer quelle était ma "place de femme", d'abord avec des mots et comme je comprenais pas assez vite avec ses poings. Compliqué de se défendre face à un connard qui fait 20 kilos de plus et qui est bien plus âgé. Je me suis endurcie, je me suis promis aussi que jamais un putain de mec ne me dicterait ma conduite, j'avais je sais pas moi 13ans. Je l'ai juré face à mon miroir la lèvre tuméfiée, l'arcade explosée. ¤ J'ai cessé d'aller en cours, tout le monde s'en foutait, je sortais, errer dans les rues, participant à des petits trafics. J'ai rencontré Yuna, une américaine, superbe, la peau douce comme de la soie, elle m'a pris ma première fois. ¤ Clairement plus attirée par les femmes que par les hommes, j'ai grandi et mon corps de chat sauvage a pris des courbes qui ont commencé à plaire à ces messieurs. Mon frère a commencé à me regarder comme une femme, et il a décidé de me prêter à ses amis, enfin de me louer... il a fait de sa petite soeur : une pute ! C'était horrible, juste monstrueux, alors je me suis enfuie.¤ J'ai réussi à gagner les USA, un an plus tard. Je me suis installée à Miami, j'ai pris un job de serveuse. C'est là que j'ai rencontré Javier. Tout pour plaire, carré, grand, un sourire à faire pâlir les photos de magazines. La petite barbe de trois jours faussement négligée... Vraiment beau, et avec un charme qui ne m'a pas laissée indifférente. ¤ Je pouvais pas vraiment prévoir qu'il soit à la tête d'un réseau de prostitution, encore moins qu'il me démonterait la gueule avant de m'obliger à bosser pour lui. Clairement ça s'est pas fait en un jour, je ne me suis pas vraiment laissée convaincre... La séquestration, ça rend fou, ça rend faible aussi... J'ai fini par craquer et accepter les conditions qu'il posait, même pas pour qu'il cesse de me frapper, seulement pour sortir... Enfermée je deviens un fauve en cage, ça me rend totalement hystérique. ¤ Échapper au réseau m'a pris 8 ans. J'ai vu ce qu'il y a de pire en l'être humain je crois. Pas que j'avais beaucoup d'illusions à perdre ceci dit... J'ai été une pute "de luxe" ceci dit ! Pas à enchainer les passes de bas étage, non, plutôt utilisée pour séduire des cibles privilégiées, engagée pour séduire et soumettre, ou faire tomber via des photos compromettantes. Jouer la comédie, mentir, séduire, sourire... c'était un boulot, c'est devenu ma nature. ¤ Je me contrefiche de l'opinion des autres, n'ayant jamais réellement connu d'autre "bienveillant". Je manque clairement d'empathie. ¤ Arrivée sur San Diego je ne savais pas quoi faire, j'ai été approchée par Tom, un mec un peu louche qui a cru rencontrer une proie facile. Je lui ai tiré son blé, et ça m'a permis de me dégoter une chambre merdique. Ensuite il a fallut bouger mon cul pour manger, trouver un job, et moi tout ce que je sais faire... Alors j'ai choisi le strip-tease. Efficace, payé cash, sans contrat de travail contraignant. Je bosse pas si mal maintenant, ayant un petit réseau et acceptant parfois de bosser dans quelques bars en fixe, quelques soirs.